Actuellement, plus de 40 des 54 pays d’Afrique impriment leurs monnaies à l’étranger, a déclaré le site du journal français Le Monde, citant une analyse publiée récemment par DW.com. Les imprimeurs les plus sollicités seraient basés au Royaume-Uni, en Suède, en France et en Allemagne.
Issa SIKITI DA SILVA
Parfois, en temps de crise ou de pénurie de cash, l’externalisation de cette opération a la tendance de provoquer des remous chez l’homme de la rue, qui se demande de temps à temps s’il n’est pas prudent d’imprimer la monnaie localement, afin d’éviter « ce genre de choses ». Quant à d’autres éternels mécontents, ils veulent tout simplement que leur monnaie soit imprimée localement et en grande quantité pour que le pays puisse satisfaire tous ses besoins et éviter d’emprunter de l’argent par-ci par-là.
Pourquoi ?
Dans une interview accordée à DW, Amara Ekeruche de l’African Center for Economics Research a déclaré que lorsque la monnaie d’un pays n’est pas très demandée – et n’est pas utilisée à l’échelle mondiale comme le dollar américain ou la livre sterling – il n’est pas financièrement judicieux de l’imprimer à domicile en raison des coûts très élevés qui accompagnent cette opération.
Donc en quelque sorte, ça coûte moins d’imprimer sa monnaie à l’étranger que de l’imprimer localement, surtout dans le cas des pays à faible revenu et des pays moins peuplés, comme la Gambie (2,5 millions) et la Namibie (2,6 millions).
« Si un pays imprime un billet de banque pour 10 € chez lui et constate qu’il peut l’imprimer pour environ 8 € à l’étranger, alors pourquoi encourraient-ils plus de frais pour le faire ? Cela n’aurait aucun sens », a expliqué Ekeruche.
Bien que ces mécanismes de fabrication coûtent cher à mettre en place et nécessitent des capacités techniques particulières, le Nigéria, le Maroc, le Kenya, l’Algérie, l’Afrique du Sud, la RDC, l’Égypte, le Soudan et le Zimbabwe ont décidé de ne pas s’en soucier, et seraient donc les seuls pays à imprimer leur monnaie.
Que ceux qui souhaitent que leurs pays impriment leur propre monnaie et en grande quantité pour subvenir à leurs besoins se détrompent, car les experts rejettent cette pensée macabre et contre-productive.
A en croire la Federal Reserve Bank of New York, à moins qu’il n’y ait une augmentation de l’activité économique proportionnelle à la quantité de monnaie créée, imprimer de la monnaie pour rembourser la dette aggraverait l’inflation. Ce serait, comme le dit le proverbe, « trop d’argent pour trop peu de biens ».
Joydeep Bhattacharya, professeur d’économie à l’université de l’Iowa State renchérit : « Aucun gouvernement ne peut imprimer de l’argent pour sortir d’une récession ou d’un ralentissement économique. La raison fondamentale est que l’argent est vraiment un facilitateur d’échange entre les gens, un intermédiaire dans un commerce ».
« Si les échanges pouvaient commercer directement avec les marchandises, sans intermédiaire, nous n’aurions pas besoin d’argent. Si vous imprimez plus d’argent, vous affectez simplement les termes de l’échange entre l’argent et les marchandises, rien d’autre ».
Moyens de payement en Afrique: 40 pays africains impriment leurs billets à l’étranger
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