Alors que la controverse est ambiante autour de l’annulation ou non de la dette des pays pauvres, notamment ceux d’Afrique, les grandes banques privées veulent plus d’assurance pour adhérer au moratoire d’un an approuvé par les pays du G20. A travers l’Institut de la finance internationale (IIF), celles-ci ont fait savoir leurs conditions pour geler la dette privée desdits Etats
Sylvestre TCHOMAKOU
S’en tenant au caractère complexe de la dette privée des pays les plus pauvres au monde qui bénéficierait d’un moratoire d’un an, l’Institut de la finance internationale (IIF), lobby regroupant 450 des plus grandes banques mondiales, émet des réserves. Tout en saluant la volonté des organismes internationaux de soutenir les Etats moins avancés en cette période de la pandémie du covid-19, l’IIF, par la voix de son président, Timothy D. Adams, a adressé aux présidents du FMI, de la Banque mondiale et du Club de Paris, une correspondance dans laquelle il appelle à la prudence. Selon la position de l’institution rapportée par Rfi, l’accord d’un an de moratoire sur lesdites dettes ne sera pas chose aisée pour les créanciers privés. Pour cause, fait savoir le président de l’IIF, « les banques prêteuses ont des obligations vis-à-vis de leurs clients, qu’elles doivent respecter ». Par ailleurs, « les dettes privées contractées par les États sont nombreuses et variées », précise-t-il. Estimant qu’il ne saurait y avoir de solution simple, Timothy Adams prône un dialogue intelligent et ouvert entre créanciers et débiteurs. A cela, s’ajoute une politique de transparence de la part des pays endettés, basée sur la bonne foi et le respect de tous les créanciers. Au-delà, il met en garde les pays qui ont emprunté sur les marchés financiers. Selon lui, ces pays dans leur grand ensemble, doivent avoir à l’idée que le moratoire n’est pas sans conséquences sur leur accès futur à des financements privés. Pour mémoire, au cours de cette année 2020, les 76 pays les plus pauvres de la planète, dont quarante pays africains, devraient rembourser un total de 32 milliards de dollars. Mais, en raison des effets macabres du coronavirus, Paris a obtenu le moratoire au niveau des créanciers bilatéraux et privés, c’est-à-dire un total de vingt milliards de dollars. La Chine, qui est l’un des plus gros créanciers de l’Afrique, a accepté ce principe. La banque mondiale à laquelle ces pays doivent 12 milliards de créances, s’est aussi déclarée en faveur du moratoire sur leur dette. Pour l’heure, les Etats africains majoritairement concernés, restent partagés entre un « surendettement légitime » et une annulation intégrale de leur dette.