Le processus d’adoption de la monnaie unique Eco a reçu un coup d’accélérateur le mercredi 20 mai 2020 avec l’adoption du projet de loi portant modification de l’accord monétaire entre la France et les Etats de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa).
Falco VIGNON
Le gouvernement français a adopté le projet de loi qui valide la réforme de l’accord monétaire qui lie Paris aux huit pays de l’Union monétaire ouest africaine. Le document confirme le retrait de la France des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente, notamment au sein de la BCEAO. « La place de la France se transforme donc pour devenir celle d’un simple garant financier. Ce nouveau positionnement permet d’accompagner l’Uemoa dans sa volonté de s’inscrire dans le projet de monnaie unique à l’échelle de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) », indique le compte-rendu du conseil des ministres.
Selon le porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye « Ce texte valide la transformation du franc CFA, qui deviendra l’éco en maintenant la parité fixe avec l’euro, ainsi que la fin de la centralisation des réserves de change des États d’Afrique de l’Ouest auprès du Trésor français ». De même, la future monnaie de l’Union monétaire ouest-africaine, l’Eco, conservera une parité fixe avec l’euro. Pour finir, Sibeth Ndiaye avait confié : « Cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et, écrire une nouvelle page de notre histoire ».
Le Pacte de convergence : incertitude totale
La session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), tenue à Abidjan le 27 avril 2020 a décidé de l’adoption d’une Déclaration portant suspension temporaire de l’application du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité. Ceci en vue de faciliter la gestion des crises sanitaire et économique liées au coronavirus. Alors que la France s’apprête à légiférer son nouveau statut juridique avec la monnaie des pays de l’Uemoa, ces derniers ne sont plus en mesure, pour un bon moment, d’observer le Pacte de convergence. Il faudra compter avec l’élimination du Covid-19 et la relance de l’économie avant que les Etats de l’Uemoa ne puissent être en mesure d’observer ce pacte. A moins que les Etats de l’Uemoa ne se résignent à avancer sans le Pacte de convergence ou à le revoir, la monnaie Eco ne sera pas pour si tôt.
Avec ou sans le Nigéria ?
L’un des défis majeurs que doivent relever les chefs d’Etat africains reste celui de convaincre le mastodonte ouest-africain à accepter la monnaie Eco telle que conçue par la France et l’Umoa. En effet, le Nigéria avait émis plusieurs réserves face au processus conduit par le président en exercice de l’Uemoa, le chef d’Etat ivoirien Alassane Ouattara. En février 2020, le Nigeria a ainsi demandé un report du lancement de l’Eco, arguant que les critères de convergence établis dans la feuille de route des pays membres de la CEDEAO et nécessaires à la mise en place de la future monnaie, n’étaient pas encore remplis.
Toutefois, face au mastodonte nigérian, qui représente à lui seul près de 70 % du PIB des quinze pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, et plus de 80 % avec les quatre autres Etats de la Zone monétaire ouest-africaine (Zmao), le rapport de forces pourrait se rééquilibrer si de nouveaux pays rejoignaient l’Uemoa. Intéressé par l’Eco telle que présentée en décembre 2019 par Alassane Ouattara, avec une parité fixe par rapport à l’Euro, le Ghana pourrait faire la différence. Tout comme le Cap-Vert dont la monnaie est déjà arrimée à l’euro par une parité fixe et garantie par le Portugal.
NB : Mettre Graphique jeuneafrique.com 1 et 2
Sources : jeuneafrique.com