(Que les parents n’investissent plus dans les formations inutiles)
Le consommons local ne s’entend pas sans la production pour l’offre locale. Cela suppose une bonne formation, des formations adaptées et mieux, des financements pour l’auto-emploi des jeunes. Marcel Afouda est Directeur de l’entrepreneuriat et de l’emploi indépendant à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE). Il nous en parle dans cette interview.
C’est le mois du consommons local. Dites-nous quel pourrait être le lien qu’on peut établir entre l’entrepreneuriat et le consommons local ?
L’entrepreneuriat suppose qu’il y a un besoin qu’on a constaté et qu’on a envie de satisfaire. Et ce que nous remarquons, c’est que la plupart de ce que nous consommons dans notre pays à une grande majorité viennent d’ailleurs. Mais si on doit parler de l’entrepreneuriat dans notre pays, il va falloir que nous valorisions nos produits au niveau local d’abord ou envoyer des gens vers la mise en valeur de ces produits au niveau local. Si on ne fait pas ça, on ne peut parler de l’entrepreneuriat. Entreprendre, c’est qu’au niveau local, les besoins que les gens ont au niveau local, il faut leur apporter ça. Il faut leur apporter la solution aux problèmes qui se posent à eux au niveau local.
Selon vous, comment promouvoir l’entrepreneuriat ?
L’ANPE pour promouvoir l’entrepreneuriat a fait un recensement au niveau de chaque localité. Les opportunités qu’il y a par rapport à l’entrepreneuriat et il y a une cartographie qui a été réalisé. Vous allez aujourd’hui dans n’importe quelle localité, vous savez les produits qu’il y a dans ces localités et comment on les produit pour pouvoir vous faire un emploi, pour pouvoir créer votre propre entreprise.
Une fois l’entreprise créée, quels sont les circuits de distribution possibles ?
Une fois l’entreprise créée, je crois qu’il y a des gens qui ont fait Marketing et action Commerciale. Mais il va falloir faire une reconversion pour leur permettre d’être de véritables distributeurs parce qu’il ne sert à rien de faire une formation pour dire que j’ai un diplôme. Le diplôme aujourd’hui ne sert pas à grande chose sinon c’est un pis-aller. Donc, il va falloir, aujourd’hui, qu’on se mette véritablement à la tâche. À savoir : ne pas s’approcher forcément de ce qu’on a appris mais faire ce qui va nous permettre de nous prendre en charge.
Qu’est- ce que nous pouvons faire pour faciliter l’action sociale ?
Il y a le Label groupe international avec qui nous travaillons et nous pensons qu’à travers ce réseau, on peut les mettre en contact avec de jeunes pour que les gens se servent de la distribution parce que la distribution est une discipline et une sorte d’entrepreneuriat qui peut permettre aux jeunes de se prendre en charge plutôt que d’aller faire un hypothétique emploi-salarié qui n’est plus garanti à vie comme autrefois.
Les financements existent-ils ?
Bien sûr que les financements existent. Mais je vais parler de financement par rapport à la triste expérience que nous avons vécu avec le FNPEEJ (FONDS NATIONAL DE PROMOTION DE L’ENTREPRISE ET DE L’EMPLOI DES JEUNES). Cinq (5) milliards environs ont été mobilisés pour permettre aux jeunes de créer leur propre entreprise et nous n’avons pas mobilisé 20% de ce financement. Du coup, l’argent a été dilapidé. La chaîne de solidarité qui doit permettre aux jeunes d’avoir de l’argent s’est brisée. On est obligé de fermer les clics et les clacs et de mettre la clé sur le paillasson. Aujourd’hui, le gouvernement est entrain de réorganiser ce secteur. Avec le Bénin par exemple et avec l’ADPME qui est mise en place et qui doit commencer ses activités dans les prochains jours. Les financements sont orientés et même sur le plan agricole, vous avez des financements. Bénin-biz et les autres structures accompagnent les jeunes pour leur permettre de trouver les moyens au niveau de leurs entreprises.
Vous parlez de financement agricole mais est-ce que les terres sont disponibles ?
Mais pourquoi vous pensez que c’est seulement l’agriculture qui va permettre aux jeunes de se développer ? Et puis, les terres sont disponibles. Les terres appartiennent à l’Etat et si l’Etat veut que les jeunes s’essaient véritablement, ils vont trouver les moyens pour mettre des terres à disposition. Il y a beaucoup de terres exploitées dans ce pays. Vous le savez mieux que moi.
Vous avez un appel à lancer?
Si j’ai un appel à lancer, c’est aux parents parce que pendant longtemps on a souvent considéré que notre vie, c’est dans un bureau climatisé, dans une veste-cravate pour paraître être heureux. Mais avec ce qui se passe aujourd’hui, il va falloir que les parents n’investissent plus dans les formations inutiles et que les centres de formation aussi prennent conscience de ce qu’il doit avoir des formations adaptées aux problèmes de notre pays.
Par Bidossessi WANOU