La douane nigériane a fait, lundi 02 septembre 2019, un premier point de la mise en œuvre des mesures restrictives aux différentes zones frontalières avec la République du Bénin. Il en ressort la saisie de tous les produits importés du Bénin à destination du Nigéria. Les articles de contrebande saisis sont estimés à environ 40 millions de naira, soit plus de 65 millions FCFA.
Joël YANCO
Le commandement régional du service des douanes du Nigeria (NCS) de Sèmè a également déclaré avoir intercepté 269 paniers de tomates fraîches, un panier de poivrons frais, sept sacs de concombre et d’ananas et 16 paniers d’okro frais tous passés en contrebande et venant de la République du Bénin. Ces produits ont été mis aux enchères aux frontières, conformément à la loi nigériane sur la gestion des douanes et de l’accise CAP 45, LFN (2004). Dans une déclaration publiée par les responsables des relations publiques du commandement, lundi 02 septembre 2019, et mise à la disposition du Daily Sun, NCS a indiqué qu’au cours des deux dernières semaines d’août 2019, le commandement avait arrêté des articles de contrebande d’une valeur d’environ 40 millions de naira. Selon le contrôleur de secteur du commandement, le contrôleur Mohammed Uba Garba, les efforts déployés par l’unité d’exécution du commandement en matière de répression de la contrebande ont donné des résultats remarquables. M. Garba a précisé que les articles saisis à ce jour comprenaient entre autres 875 × 50 sacs de riz étuvé étranger ; 12 x 25 litres d’huile végétale ; 6 x 50 kg de sucre raffiné ; des balles de vêtements usés ; 20 colis de cannabis sativa ; des sacs de chaussures usagées, des ceintures et des sacs pour femmes ; 57 emballages textiles ; 65 cartons de produits à base de volaille ; 16 seaux de peinture automobile ; 11 boîtes de clous galvanisés ; 2 566 pièces de monnaie et autres devises étrangères ; 07 cartons de lait concentré ; 04 boîtes de nouilles spaghettis ; 02 cartons de conserves de tomates ; 02 sacs de noix de coco ; 04 cartons de crème pour le corps ; un sac de savon détergent ; 20 morceaux de papier de verre ; etc. NCS a en outre expliqué que l’un des véhicules utilisés pour transporter les marchandises en contrebande était un bus Toyota Hiace de la société G-Express (numéro d’immatriculation ENU 962 ZK), vraisemblablement en provenance du Ghana. Après un examen minutieux dans le hall d’entrée des bagages, il a été découvert que celui-ci contenait cinq colis d’objets suspectés d’être du cannabis Sativa dissimulé dans le bus. En conséquence, le chauffeur de bus et le manutentionnaire de marchandises ont tous été rapidement arrêtés et détenus. Le commandement, dans un esprit de coopération et de synergie interinstitutions, a remis lesdits articles et les suspects à la National Drugs Law Enforcement Agency (NDLEA) pour suite à donner.
Depuis le mardi 20 aout 2019 des mesures restrictives sont mises en œuvre aux frontières entre le Bénin et le Nigeria. Une opération du voisin de l’Est baptisée «Ex-Swift Response» et menée par des éléments des douanes nigérianes, de l’immigration, de la police et de l’armée et coordonnée par le Bureau du conseiller à la sécurité nationale au pays de Buhari. Au cours de leur rencontre du mercredi 28 aout dernier au Japon en marge des travaux du TICAD7, le président Muhammadou Buhari a informé son homologue du Bénin, Patrice Talon que le Nigeria ferme partiellement sa frontière avec le Bénin pour lutter contre la contrebande de riz. Un phénomène qui a toujours existé mais qui a pris une ampleur énorme au cours des cinq dernières années.
Par définition la contrebande est difficile à quantifier. Mais on peut l’évaluer en observant l’évolution des quantités de riz importées par le Bénin, ce qu’a fait l’économiste du Cirad Patricio Mendez del Villar contacté par RFI. « On est passé de 700 000 tonnes en 2010 à deux millions et demi de tonnes en 2018. Le Bénin est devenu la première destination du riz exporté par l’Inde et la Thaïlande ». Evidemment le petit pays ouest-africain, et ses 11 millions d’habitants ne peuvent pas tout absorber. Près de 90 % de ce riz part en réalité vers le Nigeria, 17 fois plus peuplé !