Sur le marché béninois actuellement, la différence de prix est de l’ordre de 3.000 FCFA sur le paquet entre les tôles laquées qui coûtent 50 000 FCFA contre 47 000 pour celles non laquées, objet de la décision du gouvernement le 22 mai dernier, qui a opté pour la protection de l’environnement, la préservation de la santé des populations et la beauté des villes.
Joel YANCLO
Les tôles laquées ont beaucoup davantage. Elles ne coûtent pas particulièrement plus chères que celles grises. Car, sur le marché béninois actuellement, la différence de prix est de l’ordre de 3.000 FCFA sur le paquet. En réalité, les tôles non laquées reviennent bien plus cher que celles laquées que le gouvernement invite à adopter à travers sa décision prise en conseil des ministres le 22 mai 2019. En effet, quand on intègre leur entretien et surtout le coût de leur renouvellement qui intervient souvent plus vite que celui des tôles teintées ou peintes à la fabrication, on se rend compte que le consommateur dépense plus. Ainsi, sur le marché, un paquet de tôles grises coûte actuellement 47.000 FCFA, contre 50.000 FCFA pour celui de tôles laquées. Même s’il est vrai que celui qui achète les tôles non laquées, économise 3 000 FCFA par paquet à l’achat mais que, à terme, il dépense bien plus car, pendant qu’il remplace ses tôles ou les colmate, un autre qui a acheté directement les laquées en dépensant 3.000 FCFA de plus est tranquille dans son coin. C’est donc la qualité à moindre coût, les tôles laquées qui ne nécessitent pas de frais supplémentaires aux consommateurs. Le ratio qualité/prix va clairement en faveur des tôles laquées.
Selon les spécialistes, les tôles galvanisées non laquées utilisées pour la toiture des habitations, en reflétant les rayons solaires, causent de réelles nuisances aux yeux. Le consommateur n’en a pas souvent conscience mais les effets se manifestent plus ou moins sur le long terme. De même, en temps de forte température, les nuisances sont énormes car ces tôles sont un puissant vecteur de chaleur et n’atténuent que très modérément l’effet des rayons solaires, elles crépitent sous l’effet de ces rayons. On transpire abondamment, on se gratte, etc. En temps de pluie, les crépitements des gouttes d’eau sur les tôles occasionnent une incommodité sonore et quand elles sont rouillées, trouées, elles laissent couler l’eau dans les chambres. Même si on ne dispose pas de statistiques particulières, les études scientifiques sont de plus en plus poussées dans le monde actuellement. Il en a été ainsi révélé que des feuilles de tuile par exemple, pendant longtemps contenaient de l’amiante. Il a fallu du temps pour que les fabricants le reconnaissent. Et pour que le processus de fabrication soit revu. Le gouvernement béninois est donc soucieux de préserver la santé des populations sur le long terme. Si cette décision de mettre fin à l’usage des tôles non laquées avait été prise depuis des années, sans doute qu’on aurait évité des ennuis de santé à de nombreux citoyens.
Les victimes de ces tôles non laquées sont sans doute à dénombrer dans les villes et campagnes, le pire étant qu’elles ne savent certainement pas que leur mal provient de cette source. Même si cette décision aurait dû intervenir plus tôt, comme dans la sous-région, au Ghana et au Nigeria où l’on ne voit que les tôles laquées, les tôles non laquées étant devenues très rares dans ces pays. Les grands projets du gouvernement visent à faire du Bénin une destination touristique prisée. Et la beauté des villes béninoises deviendra sans doute, à terme, un atout supplémentaire.
En plus des avantages pour la santé, les tôles teintées ou peintes à la fabrication contribuent à l’attractivité et à l’esthétique de l’habitat. Les photos prises de haut montrent des villes harmonieusement colorées, forcément plus belles qu’avec les tôles grises et ne se rouillent pas comme les grises, elles ne salissent pas. Il s’agit d’une décision de grande portée que le gouvernement a prise et que dans les prochaines années, les effets positifs se laisseront mieux apprécier.
Mise en œuvre progressive
Les populations n’ont aucun souci à se faire. Il ne s’agit cependant pas de défaire les toitures si elles n’ont pas les moyens de les remplacer maintenant. La mesure se mettra en œuvre progressivement. Les producteurs et distributeurs exerçants sur le territoire national disposent d’un délai de 12 mois pour la commercialisation et l’utilisation de leurs stocks. Durant ce moratoire, ces tôles grises peuvent être utilisées notamment comme clôtures précaires de chantiers. Par cet acte, le gouvernement, tout en protégeant la santé des populations, en promouvant la beauté des villes, n’est pas moins préoccupé par le sort des importateurs et fabricants exerçant au Bénin. Il a pensé aussi aux intérêts des importateurs et vendeurs. Les tôles grises ne sont donc pas radicalement interdites, sans mesures d’accompagnement. Les stocks de tôles non laquées disponibles peuvent s’écouler encore pendant un an.