La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), basée à Abidjan, a démarré ses activités le 16 septembre 1998. Quelques années plus tard, cette institution est devenue incontournable sur le marché financier régional réussissant à connecter la sous-région à la finance mondiale. Sous le leadership du directeur général, Edoh Kossi Amenounvè, la BRVM est devenue un élément incontournable de la finance des pays de la sous-région ouest africaine. A travers un travail de recherche, l’enseignant-chercheur en économie à l’Université Alioune Diop de Bambey, au Sénégal, Modou Dieng, a retracé le parcours de cette institution boursière avant d’échouer sur ses performances. Lire ci-dessous l’intégralité de cette publication.
Publication de Modou Dieng
La Bourse régionale des valeurs mobilières installée en Côte d’Ivoire est un instrument au service de plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine.
En 1993, le Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) a décidé de créer une Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) commune aux huit pays membres : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Togo, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Le processus de mise en place de la Bourse régionale s’est déroulé en plusieurs étapes et a abouti au démarrage de ses activités en 1998. Elle dispose d’antennes nationales au niveau de chaque pays membre. Ses principales missions sont d’organiser le marché boursier, la cotation et la négociation des valeurs mobilières, la diffusion des informations boursières, la promotion et le développement du marché.
Notre recherche sur ce sujet est motivée par le fait que, malgré la multitude des études empiriques sur la performance des fonds mutuels (Ippolito, 1989 ; Grinblatt et Titman, 1994 ; Brown et Goetzmann, 1995 ; Malkiel, 2007), aucune étude scientifique ne s’est réellement penchée sur les stratégies et décisions d’investissement appliquées par les gestionnaires de ces fonds dans l’Uemoa, encore moins sur leurs performances, d’où la nécessité de combler cette lacune. L’objectif de la proposition est double : (1) Porter un jugement sur la performance des fonds mutuels et la justification de leur raison d’être ; (2) Détecter les meilleurs fonds mutuels à travers un classement selon leur performance ajustée au risque.
L’organisation de la gestion collective des valeurs mobilières
Afin de faciliter l’investissement en actions et en obligations, et d’impulser une dynamique de développement plus forte du marché, les autorités de régulation du marché des valeurs mobilières de l’Uemoa ont mis en place un cadre réglementaire permettant l’émergence et le développement de fonds mutuels via des sociétés de gestion. Au sein de l’Uemoa, les fonds mutuels sont des portefeuilles de valeurs mobilières détenues collectivement par des investisseurs institutionnels – ou particuliers qui en délèguent la gestion à une société de gestion de placement collectif.
Ces fonds mutuels ont été institués à la BRVM grâce à l’instruction n° 21/99 du 2 juillet 1999 relative à la classification des organismes de placement collectif en valeurs mobilières. Cette instruction précise dans son article premier : « La gestion collective des valeurs mobilières s’effectue au sein des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). » Les principaux avantages des fonds mutuels pour les clients (particuliers, investisseurs institutionnels) sont la sécurité des placements (du fait de la diversité des investissements), la souplesse (grâce aux liquidités dont disposent les fonds) et la simplicité de fonctionnement (la gestion des actifs des fonds mutuels étant déléguée à un gestionnaire).
On constate que les Fonds mutuels de l’Uemoa investissent avant tout sur la catégorie obligations, avec plus de 40 % des encours, ce qui est peut-être une indication qu’une bonne partie des investisseurs veulent prendre moins de risques.
Un développement spectaculaire
La gestion collective de l’épargne des agents économiques investie en valeurs mobilières par les professionnels à travers les fonds mutuels a connu un développement spectaculaire au cours des dernières années à la bourse régionale. Les deux premiers fonds mutuels ont vu le jour 26 juin 2000 ; depuis, cette forme de gestion d’actifs ne cesse de se développer. Le nombre de fonds créés a progressé de manière remarquable : fin 2016, on compte sur le marché 57 fonds mutuels dont 1 Société d’investissement à capital variable (sicav) diversifiée, 3 fonds communs de placement (FCP) obligations à court terme, 13 FCP obligations à moyen et long terme, 9 FCP actions et 31 FCP diversifiés (dont 5 fonds communs de placement d’entreprise, FCPE).
Ces dernières années, des flux d’investissement très importants ont été dirigés vers les organismes de placement commun en valeurs mobilières. Le montant des actifs gérés par les sociétés de gestion a connu une expansion extraordinaire et se chiffre en 2016 à 665,38 milliards de FCFA contre 279,66 milliards en 2015, soit une progression de 57,97 % par an. Ce dynamisme s’explique, sans doute, par une multiplication de l’offre, avec la création de nouvelles sociétés de gestion.
Les bonnes performances des fonds mutuels
L’étude de la performance des fonds mutuels sur un échantillon de 13 fonds communs de placement à la BRVM faisant partie des catégories obligations, actions et diversifiés, sur la période allant du 2 septembre 2013 au 16 décembre 2016, à travers trois indicateurs de performance ajustée au risque le ratio de Sharpe modifié, le ratio d’information et le ratio de Treynor-Mazuy, montre que les fonds mutuels de la BRVM sont en moyenne plus performants que l’indice BRVM Composite. Celui-ci représente la valeur moyenne de l’ensemble des actions cotées à la Bourse.
En outre, les gestionnaires de fonds mutuels à la BRVM possèdent de réelles capacités en termes de sélectivité et d’anticipation du marché. De tels résultats justifient l’intérêt d’investir dans ces types de placements financiers. Enfin, le classement par catégories indique que les fonds mutuels les plus performants sont FCP actions, suivis des fonds FCP diversifiés. Les FCP obligations sont les moins performants.
Modou Dieng, enseignant-chercheur en économie à l’Université Alioune Diop de Bambey, au Sénégal