•Plus de 118 milliards investis dans l’agriculture, l’eau, etc.
Investie de la mission de promouvoir l’intégration économique entre les 08 Etats ayant le franc CFA en commun, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) a célébré, jeudi 18 juillet 2024 à Cotonou, son 30ème anniversaire de parcours. Fort-simple, cette célébration a été l’occasion de mettre en lumière les réalisations de l’institution au Bénin, sans oublier les défis pour une intégration renforcée dans l’Union.
Sylvestre TCHOMAKOU
Mise en œuvre le 10 janvier 1994, à la veille de la dévaluation du FCFA, avec pour objectif essentiel l’édification, en Afrique de l’Ouest, d’un espace économique harmonisé et intégré, au sein duquel est assurée « une totale liberté de circulation des personnes, des capitaux, des biens, des services et des facteurs de production, etc. », l’Uemoa, en 3 décennies de parcours, n’a pas manqué d’imprimer sa marque dans l’ensemble des Etats membres. Avec plusieurs réalisations tant au Bénin que dans les autres pays membres, l’institution a célébré, jeudi dernier à Cotonou, ses noces de perle. S’inscrivant dans la vision de l’institution de célébrer avec les peuples de l’Union, cette « maturité symbolique », la solennité de Cotonou, outre son caractère festif, a été l’occasion pour les différents acteurs de la société béninoise : le gouvernement, les OSC, le secteur privé, les parlementaires, le corps diplomatique, etc., d’examiner les acquis de l’Uemoa, de même que les défis pour une meilleure intégration. Déroulée autour du thème : « Uemoa, 30 ans : une expérience d’intégration résiliente face aux chocs exogènes », cette célébration parrainée par le ministre d’Etat, chargé de l’économie et des finances, Romuald Wadagni, a été, par ailleurs, meublée par deux panels à savoir : « Bilan des grandes réalisations et acquis de l’Uemoa au Bénin » ; et « Perspective d’approfondissement de l’intégration régionale en lien avec la Vision 2040 de l’Union ». Modérés par le Professeur Nicaise Mèdé, ces panels ont été, d’une part, l’occasion pour les participants de mieux s’informer sur les réalisations de l’Union en trois décennies au profit du Bénin ; et, d’autre part, d’envisager les choix susceptibles de renforcer l’intégration économique au sein de l’espace, dans un contexte de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Un modèle d’intégration en Afrique
Dans son adresse à l’occasion, le Représentant Résident, Yaovi Batchassi, s’est empressé d’exprimer la reconnaissance de l’Union, aux autorités béninoises pour leur « engagement constant et leur appui sans faille en faveur de la construction et de l’approfondissement du processus d’intégration de notre espace communautaire ». Au cours des 03 décennies, fait-il savoir, d’importants chantiers ont été réalisés grâce au fonctionnement régulier de tous les organes de l’institution, ainsi que des institutions spécialisées autonomes, la BOAD et la BCEAO. L’Union, en outre, aura réussi à travailler à la construction d’un marché commun ; à l’adoption et à la mise en place de politiques, programmes et projets communautaires dont la Politique agricole de l’Union (PAU), l’Initiative régionale pour l’énergie durable (IRED), la Politique industrielle commune (PIC) la Politique commune de l’Environnement (PCAE) pour amplifier les efforts de développement des Etats membres. « La croissance moyenne sur les 10 dernières années (2012-2022) au sein de notre Union se situe à environ 6%, soit l’une des plus fortes en Afrique, voir dans le monde », s’est-t-il réjoui. Portant la voix du ministre d’Etat Romuald Wadagni, le Directeur général de l’économie (DGE), Aristide Mèdénou, a, pour sa part, salué le « riche parcours » de l’institution tant au plan technique que financier. « Malgré l’ampleur des défis, nous pouvons nous réjouir du constat faisant état de ce que l’agenda de l’intégration au sein de l’Uemoa progresse à la faveur des réformes structurelles qui sont engagées pour répondre aux préoccupations de développement des Etats membres », a-t-il souligné, avant de poursuivre : « l’intégration des Etats membres de l’Uemoa nous mobilise tous et constitue un vœu que nous nourrissons au quotidien. ».
Des réalisations pour renforcer la sécurité alimentaire au Bénin
Fondée sur la solidarité entre les peuples et la complémentarité des économies, la Commission de l’Uemoa, enregistre, sur la période, un total investissement de 118.817.500.829 FCFA. Dans le domaine de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, on note, en 2011, la construction de magasins de conservation des récoltes, et l’aménagement de 1000 hectares de périmètres sylvo-pastoraux et halieutiques. A cela s’ajoutent d’autres actions telles le financement du Projet route Djougou-Ouaké-Frontière Togo à hauteur de 2,829 milliards FCFA en 2009 ; la mise en œuvre du projet d’appui technique aux programmes de mise en œuvre des grandes orientations de la politique agricole de l’Union à hauteur de 1,085 milliards de FCFA.
Dans la dynamique de faciliter la libre-circulation des personnes, biens et services, l’Uemoa s’est empressée de réaliser, en 2012, la Station de pesage de Houègbo pour un montant de 896 millions de FCFA. Des travaux complémentaires s’en sont suivis plus tard. Aux côtés du Bénin dans sa marche vers la modernisation de ses infrastructures, l’institution, a financé, depuis 2023, la Réhabilitation de la route Djougou-N’dali (CU18) longue de 127 km ; la Reconstruction en 2×2 voies de la route Allada-Bohicon (CU10) longue de 75 km ; la Réhabilitation de la route Aplahoué-Abomey-Bohicon-Covè-Kpédékpo-Illara (CU24) d’une longueur de 146 km.
Prime à la convergence économique
Selon le Représentant Résident, Yaovi Batchassi au titre de la consolidation de la gouvernance économique régionale et de la convergence, il est à noter la mise en œuvre à partir de 1996 du « mécanisme de la surveillance multilatérale » renforcé par les Pactes de convergence de 1999 et de 2015 qui ont permis de « faire observer une certaine discipline budgétaire par l’ensemble des pays de l’Union ». En matière de fiscalité intérieure, en vertu des dispositions de son Traité, l’Uemoa a, depuis 1996, réalisé l’harmonisation des législations fiscales des Etats membres relative à la fiscalité indirecte dont notamment la TVA et les droits d’accise ; la fiscalité directe dont les textes applicables aux Impôts sur les bénéfices et les revenus des capitaux mobiliers ont été rapprochés. A cela s’ajoutent des appuis techniques ainsi que des actions de renforcement de capacités.
Dans un contexte d’insécurité grandissante dans la sous-région, phénomène remettant en cause les acquis socio-économiques ainsi que des investissements, l’Uemoa entend s’investir davantage pour non seulement garantir une meilleure situation sécuritaire, mais aussi assure l’insertion professionnelle des jeunes. Mesurant les opportunités de la Zlecaf pour un développement inclusif, les prochaines années, il s’agit de travailler à : consolider la transformation des produits locaux et l’industrialisation des économies de l’Union ; améliorer l’environnement des affaires ; démocratiser l’accès au numérique et multiplier les actions climatique pour un environnement sain et vivable. En un mot, sur la prochaine décennie, l’Uemoa entend faire de la sous-région, un havre de paix où règnent l’intégration et la croissance économique inclusive.