Le Bénin faisait partie des plus grands importateurs de produits de première nécessité. Le riz, le sucre et surtout les produits congelés dont les poulets, poissons et autres crustacés proviennent pour la plupart de l’extérieur. Mais aujourd’hui, au- delà de la propagande autour du concept, le << Consommons local >> contribue au développement.
Maribelle EKAGNON (STG)
Le Bénin connaît depuis 2019, une baisse sensible de ses importations. Elles sont passées de 1843 Milliards de FCFA en 2018 à 1695 Milliards de FCFA, soit un repli de 8%. En 2021, selon le bulletin des statistiques du commerce extérieur publié par l’Institut national de la statistique et de la Démographie (INStaD), le Bénin a enregistré dès le premier trimestre de l’année, près de 356 000 tonnes de riz semi-blanchi importé pour un coût total d’environ 90 Milliards FCFA. Mais déjà au quatrième trimestre de la même année, ce taux baisse à 256 282 tonnes pour une facture de 109 millions de dollars soit 69, 5 milliards de FCFA d’après la même source. Alors que la consommation en riz du pays est d’environ 700 000 tonnes par an, l’on comprend bien que l’écart est compensé par la consommation de la production locale, estimée à 400000 tonnes au cours de la campagne 2019-2020. Ce qui révèle de ce point de vue un taux d’autosuffisance d’environ 54%, selon les données officielles. Même si au premier semestre 2022 le taux d’importation de ce produit est passé à 201, 85 milliards de FCFA en raison de la réouverture des frontières avec le Nigeria, on constate bien selon l’analyse des données que 9 mois plus tôt, le Bénin a économisé grâce au << Consommons local >> près de 20, 5 milliards de FCFA, rien que sur l’importation du riz -semi blanchi. Il en est de même pour les produits congelés. Le rapport 2018 de la banque mondiale, révèle en effet que plus de 150.000 tonnes de poulets congelés, sont chaque année déversées sur le marché de consommation béninois faisant sortir du pays près de 58,41 milliards de FCFA en moyenne. Mais de 2020 à 2021 par exemple, on est passé de 106.187 tonnes de poissons importés à 105.817 tonnes d’après les données statistiques de l’INStaD. Des baisses qui s’expliquent par la compensation des besoins par la production nationale évaluée à 76.925 tonnes la saison dernière, selon les statistiques de la direction de la statistique agricole du ministère de l’agriculture de l’élevage et de la pêche (DSA-MAEP).
Les soubassements du début de changement
Si l’adoption peu à peu des produits locaux influence déjà positivement l’économie nationale, il est important de rappeler les efforts consentis par les différents acteurs dans le cadre de la promotion du << Consommons local>>. Pour favoriser le développement du pays à travers ses potentiels, les autorités béninoises ont depuis le 06 Octobre 2020 adopté la résolution de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africain(UEMOA), face à la promotion des produits locaux dans cet espace économique, en consacrant le mois d’octobre à la Consommation locale. Depuis lors, de nombreuses initiatives de foires s’organisent dans ce sens, par l’Etat et les acteurs de la société civile. En témoigne l’édition 2022 du forum international du consommons local (FORINCLE) en date du 8 Octobre 2022 au palais des congrès de Cotonou et l’initiative du réseau Wangnigni 229 de Enoch Hounkpè, qui a organisé du 1er décembre 2022 au 14 janvier 2023, la première édition d’une foire itinérante. Ceci à travers tout le pays, dans le cadre du programme de mise en marché des produits locaux dans les pôles de développement agricole (MMPL/PDA) du Bénin, pour promouvoir le ” Made in Benin”. Occasions pour les producteurs locaux de faire découvrir leurs produits aux consommateurs. Comme on peut le remarquer, ces actions au-delà des intérêts économiques, révèlent aussi bien le label Bénin sous son aspect de vitrine touristique du pays. Favorisant ainsi la découverte des cultures béninoises, à travers l’art culinaire, la mode vestimentaire et les valeurs endogènes du peuple béninois. Autant de facteurs favorables au développement du Bénin. Il s’avère donc très capital que l’on se penche sur les problèmes actuels que traversent les producteurs et transformateurs locaux, notamment les questions d’emballages pour la bonne présentation des produits, la mise en place de systèmes efficaces d’accès aux crédits pour booster la production locale et l’accompagnement technique nécessaire pour la mise en marché des produits de qualité.
