Suite au fléau d’immolation sans précédent d’êtres humains au profit de la divinité « Kinninsi » ces derniers jours au Bénin, la police républicaine sur instruction des autorités étatiques a déclaré la guerre aux cybercriminels. Désormais, ils ne savent donc plus où donner la tête. Tandis que certains ont pris la voie de l’exile, ceux qui n’ont où aller, préfèrent se dissimuler. Dans un tel contexte, le marché béninois est contraint à un régime non habituel avec une dose de mévente surtout dans les buvettes, cafètes, les prêtes-à-porter et autres.
Main au menton dans les buvettes et cafètes qui jadis grouillaient d’ambiance. Les prêtes-à-porter et certaines structures de vente de moto en font tout de même les frais. Il aura fallu en effet juste deux semaines de lutte acharnée contre la cybercriminalité pour que le marché béninois en l’occurrence dans la ville métropole tourne au ralenti. En effet, Depuis l’avènement de l’opération dite « Rambo » déclenchée par la Police républicaine au vu du fléau d’assassinat ou d’immolation d’êtres humains devenu légion ces derniers jours au Bénin, certains jeunes béninois ne savent plus où donner la tête. Tandis que les uns sont partis chercher refuge au Togo, ceux restés surplace préfèrent vivre cachés. C’est en effet un brusque revirement qui affecte déjà des chiffres d’affaires dans presque toutes les grandes villes du Bénin. Un tour à la plage Erevan et Fidjrossè le lundi de pâque et l’ambiance n’est pas celle des années antérieures. Nul ne veut se faire épingler. On aurait cru à une nouvelle situation de crise économique avec une grève clairsemée. Dans les grands quartiers où l’ambiance était des plus chaudes, rien à signaler également. 33 minutes après 22h, nous sommes à Godomey non loin des rails. D’ordinaire, l’ambiance ici est très mouvementée. Mais ce lundi de pâques, on se croirait dans un contexte de deuil. Des tables exposées ça et là attendent impatiemment d’accueillir les clients comme il y avait quelques semaines et surtout à de telle occasion. D’un bout à l’autre, l’horloge affiche 17 minutes après 23h. Mais toujours rien sinon, deux jeunes couples, avec trois enfants, à raison d’un pour l’un et de deux pour l’autre. La situation de ce soir est bien curieuse. Approché, le gérant s’obstine et nous oriente un quadragénaire à la barde hirsute, noir de teint et vêtu d’une Lacoste blanche. Il nous accueille avec un sourire flatteur croyant que c’était des clients. Mais illusion, il s’en revient très tôt parce que invité à répondre à nos préoccupations. Après un soupire profond, il ébauche : « Moi-même je ne sais réellement pas ce qui se passe ». En effet, selon ses confidences, la rareté des clients ne date pas de ce soir. Dans son explication, il explique que le fléau n’est pas ici seul car, tenancier d’un prêt-à-porter, il confie que la situation est pire là- bas. Même plus un seul tee-shirt vendu depuis deux semaines. J’ai cru qu’on m’a jeté un mauvais sort mais quand je discute avec d’autres responsables, je me rends malheureusement compte que le malaise est partagé.
A l’origine, la lutte contre la cybercriminalité
Restauratrice non loin de l’Université d’Abomey-Calavi, Solange explique que ses affaires connaissent depuis deux semaines une baisse drastique. Cependant, elle croit savoir la raison. Au fait, explique-t-elle, « depuis que les policiers ont commencé par arrêter les gay-men, on ne vent plus bien ». Selon son dire, elle identifie ces jeunes à leur manière de dépenser chaque fois qu’ils viennent manger. Selon elle, ils seraient d’une caste sociale exceptionnelle par rapport aux autres jeunes. Et leur manière de dépenser vient renforcer cette opinion. A chaque passage, ils sont un groupe de 2, 3 ou 4, tous souvent accompagnés de jeunes filles, à faire des achats de l’ordre de 20.000 à 25.000 FCFA voire plus. Pire, ils se préoccuperaient à peine du reliquat. « J’ai soupçonné qu’ils seraient certainement des arnaqueurs car, je connais bien l’un d’entre eux et je sais que ses parents n’ont pas autant de moyens comme il vient dépenser ici ». Quant à la période où ils ont commencé par se faire rares voire s’absenter, cette tenancière explique que c’est depuis que la Police a commencé par arrêter les jeunes cybercriminels. Elle confie même qu’elle connaît un du lot qui a été arrêté. Et l’ambiance à la plage le dimanche et le lundi de Pâques conforte cette thèse avancée par dame Solange. Responsable de garde Vélo à la plage de Fidjrossè, Sulpice avoue que les recettes de ces deux jours sont assez maigre comparativement à celle des dimanches ordinaires avant même qu’on n’en vienne à l’exception de ces jours où l’affluence est à son comble avec des chiffres d’affaires très reluisant. Dans un supermarché au quartier Haie-vive à Cadjèhoun et géré par ‘’Tata Laure’’, la situation s’observe tout de même : « d’habitude, en période de Pâques nous vendons beaucoup et nous faisons même des promotions . Mais cette année, on ne sait pas ce qui se passe ». Joël gérant d’une structure de vente de téléphones portables au carrefour Agontinkon à Cotonou fait lui aussi le même constat. « Nous sommes en promotion pour pâques mais on ne dirait pas. L’ambiance est comme celle des jours ordinaires. C’est comme si il n’y a rien. Or, les autres années surtout en période de fête on vend beaucoup. C’est donc une période de malaise générale qui affecte beaucoup de structures et ceci depuis que la chasse aux cybercriminels a démarré. S’il est donc une réalité que le fléau ternisse la crédibilité du pays surtout dans ce contexte de promotion du numérique et du e-commerce, la lutte affecte dangereusement le marché béninois déjà agonisant. Serait-ce donc le prix à payer.
Bidossessi WANOU