Alors que de récentes études ont révélé une faible participation des petits commerçants aux échanges internationaux en raison des difficultés d’accès au financement, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) appelle les banques multilatérales de développement à mieux se positionner pour un commerce inclusif. Ngozi Okonjo-Iweala s’y est attardée à la réunion annuelle du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Marrakech (Maroc), le 13 octobre 2023.
Sylvestre TCHOMAKOU
Depuis Marrakech (Maroc) où elle a participé à la réunion annuelle du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, la Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala a exposé aux dirigeants du monde, les défis liés à un commerce mondial inclusif, qui prend en compte les différentes composantes de la planète. En effet, présentant les principales conclusions des récentes études conjointes OMC-IFC sur les régions de l’Afrique de l’Ouest et du Mékong, qui révèlent d’importantes difficultés de financement du commerce auxquelles sont confrontés les petits commerçants et les entreprises dirigées par des femmes, la patronne de l’OMC a exhorté les banques multilatérales de développement à redoubler d’efforts pour réduire l’écart entre la demande et l’offre de financement. Ce, dans un contexte où « des taux de rejet supérieurs à 40 % et des coûts élevés pour faire des demandes découragent les commerçants de rechercher une aide financière auprès des banques ». Selon Okonjo-Iweala, « seuls 25 % du commerce est soutenu par le financement du commerce dans ces régions, contre 60 à 80 % dans les économies avancées ». Toutefois, selon les calculs des économistes de l’OMC, « augmenter la couverture commerciale de 25 % à 40 %, augmenterait les flux commerciaux annuels de 8 % en moyenne, pour atteindre 80 % en 10 ans ». Saisissant l’occasion, elle a, par ailleurs, souligné la nécessité de supprimer les obstacles au financement du commerce afin de rendre les chaînes d’approvisionnement mondiales plus inclusives et diversifiées. Elle a salué les efforts des banques de développement pour soutenir les petits commerçants pendant la pandémie de COVID-19 et les a exhortées à exploiter leurs ressources financières pour autonomiser davantage les commerçants. « Collectivement, vous représentez une force anticyclique importante représentant 40 milliards de dollars de financement du commerce », a-t-elle noté.
L’inclusion par le financement du commerce
Indiquant que 50 % du commerce mondial s’effectue via les chaînes d’approvisionnement, elle a aussi insisté sur le besoin urgent d’améliorer la disponibilité du financement des chaînes d’approvisionnement. A l’en croire, les études OMC-IFC sur le financement du commerce, dont une menée en Afrique de l’Ouest et une prochaine sur la région du Mékong (Cambodge, République démocratique populaire lao et Viet Nam), ont révélé un manque de financement de la chaîne d’approvisionnement locale.
Présent à ce rendez-vous, Makhtar Diop, Directeur général de la Société financière internationale (SFI), a salué le partenariat solide établi entre l’OMC et la SFI en matière de financement du commerce au cours des deux dernières années et les résultats obtenus en peu de temps. Il a réitéré que l’IFC s’engage à relever les défis critiques et continuera à accroître son financement au profit du commerce et de la chaîne d’approvisionnement. « Le financement du commerce a le même impact, et parfois même plus, que l’investissement financier direct. C’est aussi noble que n’importe quel type d’investissement, car les entreprises des pays à faible revenu ont besoin de fonds de roulement et d’un accès aux fonds », a-t-il déclaré. Il est à noter que de hauts responsables des principales Banques multilatérales de développement (BMD), notamment la Banque africaine de développement, la Banque africaine d’import-export, la Banque asiatique de développement, la Banque des règlements internationaux, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Société islamique internationale de financement du commerce de la Banque islamique de développement, ont participé à ces échanges. Occasion pour eux d’échanger des points de vue sur le financement du commerce et discuter des initiatives en cours visant à renforcer les capacités, à réduire les déficits de financement du commerce et à renforcer le financement des chaînes d’approvisionnement locales.
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Légende : Ngozi Okonjo-Iweala, DG/OMC et Makhtar Diop, DG/SFI