Environ 3 milliards de personnes, soit 40% de la population mondiale, auront besoin de nouveaux logements d’ici 2030 et cela nécessitera la construction d’environ 21 millions de nouveaux logements chaque année, selon le World Resources Institute (WRI).
Issa SIKITI DA SILVA
Au Bénin, le gouvernement avait annoncé la construction de 20 000 logements sociaux en octobre 2017 à un coût de 350 milliards FCFA d’ici 2021, une annonce qui semble avoir réjoui les populations qui vivent dans des maisons de fortune faute de moyens pour se procurer de logements décents. Le Nigeria voisin, lui aussi, compte construire un million de logements par an au cours de la prochaine décennie.
Bien que ces programmes semblent prometteurs, la grande question que bon nombre d’experts se posent est de quel type de maisons s’agira-t-il? « Le choix du lieu et de la manière dont les logements abordables sont construits et entretenus peut faire la différence entre améliorer la qualité de vie des familles à faibles revenus et vulnérables, ou encore alourdir les coûts et l’isolement social », ont souligné les experts du WRI, Catalina Demidchuk, Eric Mackres et Henrique Evers.
Claire Akpokli, une résidente de Cotonou, souhaite que les logements sociaux promis par le gouvernement soient d’une qualité exceptionnelle. « Vaut mieux la qualité que la quantité sinon ça ne sert à rien. On commence à habiter dans une maison au mois de mars et au mois d’octobre, la toiture commence à suinter et les murs se fissurent », a-t-elle plaidé.
Efficacité
Un autre résident de Cotonou, Jacques Dansou, explique : « Les logements sociaux doivent tenir compte des normes environnementales et doivent être placés loin des artères principales pour éviter la pollution sonore, loin des rivières polluées et loin des usines de transformation ou de sociétés d’exploitation minière ».
Cependant, les experts du WRI suggèrent deux types d’efficacité importants qui peuvent être avantageux aux résidents :
L’emplacement du logement
Il a un impact énorme sur la qualité de vie. Les maisons situées dans des communautés compactes et connectées avec accès aux transports en commun, aux sentiers de promenade et aux pistes cyclables sont plus vivables, abordables et durables. L’efficacité des emplacements améliore l’accès aux emplois, à l’éducation, aux loisirs et aux soins de santé. Cela peut également réduire les émissions de gaz à effet de serre et les polluants provenant des transports, entre autres. Le fait d’être connecté à une communauté plus large facilite également l’engagement humain et la cohésion sociale, deux facteurs qui ont fait leurs preuves pour renforcer la résilience de la famille et de la communauté en temps de crise.
Efficacité énergétique
Les bâtiments qui utilisent mieux les ressources consommées sur le site – notamment l’énergie et l’eau – enrichissent la qualité de vie des résidents en améliorant la santé et le bien-être tout en réduisant les factures de services publics, qui représentent un fardeau disproportionné pour les familles à faibles revenus.
Trois exemples incluent les technologies d’éclairage, de ventilation et d’économie d’eau. Une meilleure conception et orientation des fenêtres peut optimiser l’éclairage. Cela réduit la nécessité de garder les lumières allumées tout en maximisant les vues et la lumière naturelle, ce qui a des effets positifs sur la santé mentale. Une ventilation naturelle grâce à une conception passive peut empêcher une surchauffe ou un refroidissement excessif, améliorant le confort et réduisant les factures d’énergie.
Abordable et efficace
Ces deux facteurs vont de pair. Les programmes de logement abordable financés par le secteur public constituent un lieu important pour orienter l’action du gouvernement. Au cours de leur vie, les maisons efficaces sont plus abordables, plus saines et offrent de meilleures opportunités aux résidents que les bâtiments classiques. Un programme des logements sociaux qui ne privilégie pas l’efficacité ne manque non seulement sa mission et gaspille de l’argent, mais il est également mal choisi.