Moins frappés par le coronavirus comparativement aux autres pays du monde, les Etats africains dans le plus grand ensemble, envisagent la reprise de leurs différentes activités dans les toutes prochaines semaines, en dépit du parcours progressif du mal. Pour une sortie de crise efficace, les experts du groupe de réflexion de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA) appellent à des stratégies socio-économiques responsables.
Sylvestre TCHOMAKOU
« Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de 65 milliards de dollars par mois. Nous ne pouvons pas non plus nous permettre de perdre des vies. Alors nous devons correctement organiser nos déconfinements, afin de retourner rapidement à la reprise ». Du Dr Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA, cette déclaration est un appel au renforcement des stratégies de sortie de crise liée au coronavirus en Afrique. Partant du constat selon lequel le confinement d’un mois dans toute l’Afrique coûterait au continent environ 2,5 % de son PIB annuel, soit l’équivalent d’environ 65,7 milliards de dollars par mois, après avoir réuni en débat ses experts, le jeudi 07 mai 2020, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) rappelle la nécessité de soutenir les couches vulnérables ainsi que les micros, petites et moyennes entreprises (MPME). Pour l’institution, la dimension sociale (santé des populations en priorité, accompagnement des couches défavorisées) et la dimension économique pour favoriser une relance de la production seront les maillons essentiels dans l’élaboration de stratégies de déconfinement efficaces en Afrique. Au moins 42 pays africains ont appliqué des mesures de confinement partiel ou total dans leur quête pour enrayer la pandémie. Avec 53 pays totalisant ce vendredi 54.122 contaminés, soit 1,4% des 3,85 millions de contaminés au monde, 18 631 guérisons et 2 058 décès, l’Afrique reste la région du monde la moins frappée par le Covid-19. Néanmoins, au plan économique, le continent constitué des pays les plus pauvres du monde, et dépendant grandement des pays de l’Europe et de l’Asie, saigne en raison de la plupart des activités économiques en baisse où en cessation depuis mars 2020 où la pandémie a foulé le sol noir. L’une des conséquences selon la Banque mondiale est déjà l’Afrique subsaharienne qui entrerait en 2020, dans sa première récession en 25 ans.
Aller à un déconfinement en toute prudence
Même si la CEA adhère à un déconfinement en vue de relancer l’économie des pays africains qui souffrent déjà, elle ne perd pas de vue que tout devrait se faire avec prudence tout en gardant en image la possibilité d’un retour au confinement avec la courbe des cas de contamination qui reste ascendante. Les exemples des pays tels que l’Algérie qui a rétropédalé en refermant certains commerces après un assouplissement du confinement qui n’a duré que trois jours, en disent long. C’est que Vera Songwe déclare que « nous devons nous préparer à sortir du confinement, en tenant compte du fait que nous devrons peut-être revenir au confinement ». A l’en croire, sur cette idée, la CEA « travaille pour soutenir les pays à élaborer des stratégies ». Pour des pays comme le Maroc qui poursuivra les discussions de déconfinement au Parlement le 11 mai, certains décideurs économiques appellent quant à eux, les dirigeants à reconsidérer le fonctionnement des transports en commun, des écoles, des lieux publics, etc. Participant à ce débat, le professeur Ibrahim Assane Mayaki, secrétaire exécutif du NEPAD a insisté sur le rôle des micros, petites et moyennes entreprises/industries (MPME et MPMI). Pour lui, « Les micro-, petites et moyennes entreprises doivent être au centre de l’assistance fournie pour la reprise ». Cela, fait-il savoir, permettrait de relancer le continent. En ce qui concerne le secteur informel qui est une source importante de revenu pour le continent, de bonnes mesures de déconfinement s’avèrent indispensable, selon les experts.