(Un revenu moyen 2 fois moins que celui des hommes)
Les ménages agricoles dirigés par les femmes et par les jeunes sont plus vulnérables au Bénin. Les politiques publiques devront privilégier les catégories pour agir sur les facteurs déterminants de leur résilience.
Aké MIDA
Les ménages dirigés par les hommes ont un Indice moyen de capacité de résilience (Icr) de 54,2 tandis que celui des ménages dirigés par les femmes ressort à 51,0, d’après le document d’Analyse de la résilience des ménages agricoles du Bénin (Dsa/Maep, avril 2023). Ceux dont les chefs ont moins de 25 ans présentent un indice de résilience nettement inférieur à la moyenne nationale de 53,8, selon la Direction de la Statistique agricole du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (Dsa/Maep).
L’Icr mesure la capacité des ménages de faire en sorte que les facteurs de stress et les chocs n’aient pas de conséquences négatives durables sur le développement. Il est structuré autour de quatre piliers que sont : l’Accès aux services de base, les Actifs productifs, les Filets de sécurité sociale (Ssn) et la Capacité d’adaptation (Ac) pour la subsistance et la sécurité alimentaire.
Les exploitations dirigées par les femmes ont un revenu moyen annuel 216 910 F Cfa contre 496 326 F Cfa contre pour celles dirigées par les hommes. Chez les petits producteurs, le revenu des exploitations dirigées par des hommes est systématiquement supérieur à celui des exploitations dirigées par des femmes.
Au niveau des grandes exploitations, celles dirigées par les femmes ont un revenu moyen annuel de 1 302 950 F Cfa, légèrement supérieur à celui des hommes estimé à 1 287 238 F Cfa, selon la Dsa. Mais, les femmes sont largement sous-représentées parmi les grands exploitants (93,8 % des exploitations agricoles dirigées par les femmes sont de petites tailles).
Part non négligeable
Les femmes diversifient plus leurs sources de revenuspar rapport aux hommes. Les ménages dirigés par les femmes ont un indice de participation économique plus élevé que ceux dirigés par les hommes (0,22 contre 0,19).
Au Bénin, moins d’une exploitation sur cinq est dirigée par les femmes.La répartition des chefs de ménages agricoles, selon le sexe, indique que les chefs de ménage agricole de sexe féminin représentent 15,7 % de l’ensemble des chefs de ménage agricole, d’après le rapport Femme et agriculture au Bénin (Dsa/Maep, avril 2023).
Pourtant, 30,5 % des producteurs du pays et 46,9 % des actifs agricoles sont de sexe féminin, précise le document qui se base sur les données du Recensement national de l’agriculture (Rna). Mieux, les femmes sont majoritaires parmi les actifs agricoles ayant entre 25 et 34 ans.
La répartition des emplois sur les exploitations agricoles, selon le sexe, montre que 27,9 % des employés sur les exploitations agricoles sont des femmes contre 72,1 % d’hommes. L’analyse du temps moyen de travail révèle que les femmes passent en moyenne 2,1 mois de travail à temps partiel dans les exploitations agricoles contre 2,2 mois pour les hommes. En ce qui concerne les emplois à temps plein, les femmes enregistrent en moyenne 6,7 mois contre 7,8 mois de travail.
Cultures de prédilection
Selon les catégories de cultures, les femmes sont beaucoup plus présentes dans les légumes principaux et légumineuses à graine qu’il est enregistré de plus importantes proportions de femmes. Les producteurs de sexe féminin représentent environ 30 % de l’ensemble des producteurs.
Dans la catégorie des céréales, les femmes représentent 27,4 % des producteurs du maïs et 29,6 % de ceux du riz sont des femmes. En revanche, la quasi-totalité des producteurs de sorgho sont des hommes, les femmes ne représentent que 7,4 % des producteurs. Il en est de même dans la culture de l’igname qui regroupe seulement 4,9 % de femmes productrices et 95,1 % d’hommes. Les femmes sont également sous-représentées dans les cultures dites industrielles, notamment le palmier à huile et l’ananas.
On compte seulement 12 % de femmes parmi les chefs des ménages pratiquant les principaux types d’élevage : bovins, porcins, ovins, caprins et volailles. L’élevage de bovins est une activité pratiquement exclusive dans les ménages dirigés par des hommes. Seulement 4,4 % des ménages y afférents sont dirigés par des femmes.
Sur 316 956 producteurs recensés, tous sexes confondus, seulement 21,7 % disposent d’un titre de propriété. La répartition par genre montre que l’effectif des hommes représente près de six fois celui des femmes. En effet, les productrices ayant un titre de propriété représentent 3,2 % de l’ensemble des producteurs et 14,6 % des producteurs ayant un titre de propriété. Les productrices ayant un titre propriété représentent 10,4 % de l’ensemble des productrices et 26,7 % des producteurs. Des statistiques qui témoignent de l’accès difficile des femmes à la terre dans plusieurs régions du pays.
Photo : DR
Les femmes du secteur agricole sont plus présentes dans la culture des légumes et des légumineuses