Dr. N’Takpe Atto Claude Orlien prend les rênes de l’OAIE après la délocalisation de son siège de Dakar à Abidjan en 2010. Suite à l’Assemblée générale de décembre 2017 tenue à Cotonou, au Bénin, l’OAIE change de nom et devient Organisation pour la sécurité et la compétitivité de l’Afrique, et reconduit Dr. N’Takpe Atto Claude Orlien dans les fonctions de président. A travers une interview accordée à notre rédaction, celui-ci se prononce sur les orientations de l’Oseca pour les prochaines années.
L’économiste du Bénin : L’OAIE s’est muée en Oseca, qu’est-ce-qui justifie ce changement ?
Je voudrais commencer par expliquer ce que signifie OAIE. Ce sigle signifie « Organisation africaine de l’intelligence économique». C’est une Organisation internationale non gouvernementale africaine, créée et enregistrée en 2004 à Dakar au Sénégal dont l’objectif est de « promouvoir l’intelligence économique et une culture de l’information ; la sécurité et la souveraineté économique, la compétitivité des entreprises et des territoires et enfin de participer à la croissance, gage de lutte contre la pauvreté dans la perspective de la réalisation des objectifs du Nepad et des OMD ».
Pour répondre à votre question, je dirai que dans l’esprit des pères fondateurs de l’organisation, “la Sécurité Economique et la Compétitivité“ étaient la raison première de la création de l’OAIE avec comme finalité «promouvoir ‘intelligence économique tout en appuyant les acteurs africains dans leurs efforts d’intégration et de développement, de réduction de la pauvreté et, à terme, faire de l’Afrique un acteur incontournable de la mondialisation».
Nous pensons avoir l’objectif premier qu’était de faire connaitre l’intelligence économique au vue de nombreuses initiatives qui ont vu le jour en Afrique et des progrès faits dans les milieux universitaires par la création des programmes d’enseignement et de diplomation en intelligence économique.
Il était temps de repenser notre organisation pour la rendre plus opérationnelle en revenant aux éléments de sa fondation. C’est ainsi qu’après discussion au sein de l’Assemblée Générale et du Conseil d’Administration, nous avons décidé de changer de nom et de devenir OSECA « Organisation pour la Sécurité Economique et la Compétitivité de l’Afrique ».
Il faut aussi souligner que le conseil d’administration a connu des modifications et compte en son sein d’anciens ministres, d’experts de l’économie mondiale et du développement, et des hommes venus du milieu des entreprises, et des universitaires. Ce mélange ne peut que créer une nouvelle dynamique, de nouvelles idées, et une détermination à servir notre continent.
Quelle place occupe l’intelligence économique dans cette nouvelle organisation ?
Le concept “Intelligence économique“ étant un concept regroupant à la fois les enjeux de compétitivité et de sécurité économique, on ne peut parler d’abandon de l’intelligence économique d’autant plus que nous consacrons certains de nos programmes et activité sur les éléments qui constituent l’intelligence économique à savoir la maitrise de l’information.
Que répondez-vous à tous ceux qui pensent que les fruits de l’OAIE n’ont pas tenu la promesse des fleurs ? Peut-on espérer que les choses soient différentes avec l’OSECA ?
Nous comprenons bien le point de vue de ces personnes et pensons que nous n’évaluons certainement pas notre poids de la même manière. En 2004 quand l’OAIE est créée à Dakar, on parle très peu de l’Intelligence Economique. On s’en méfie même. Aujourd’hui même si tous les pays africains ne s’y sont pas encore mis et que ceux qui s’y sont mis ne sont pas au même niveau, nous croyons fermement que c’est grâce à l’OAIE qu’il a eu ces progrès. Des écoles et des programmes de formation sont nés des sensibilisations faites pour ne citer que ces quelques points positifs.
En matière de production de connaissance, je pense que même si nous n’avons pas atteint l’objectif que nous nous sommes fixés, nous sommes sur la bonne voie et nos prochaines contributions seront à la hauteur des attentes de nos partenaires et bénéficiaires de nos programmes.
Quelles sont les grands axes de votre programme d’actions ?
Notre objectif principal est de promouvoir et de soutenir la sécurité économique et la compétitivité en Afrique. Pour accomplir cet objectif, nous nous sommes donnés comme mission, entre autres, de : formaliser et de mettre à la disposition des décideurs la synthèse des travaux et des recommandations opérationnelles formulées par les experts de l’OSECA; étudier le rôle de la sécurité économique dans la mise en œuvre d’une stratégie de sécurité globale incluant, dynamique de compétitivité et globalisation; assurer une mission de veille et de prospective dans le domaine de la compétitivité et de la sécurité économique; promouvoir l’investissement et le développement en Afrique.
Je peux aussi souligner que depuis ma prise de fonction en 2010, des reformes ont été faites et nous avons diversifié nos partenaires. Nous avons même créé un département qui s’occupe de la promotion des investissements en Afrique. C’est dans ce cadre-là qu’à court terme nous pensons organiser un forum international des investisseurs au Ghana. Ce forum a pour thème «Investissements en Afrique: La voie pour la compétitivité et la sécurité économique du continent».
Dans une interview que vous aviez accordée à un journal ivoirien il y a quelques années, vous parliez des difficultés à avoir un accord de siège en côte d’ivoire. Le problème est-il résolu en Tunisie où vous vous êtes installés ?
Disons que sans faire une fixation sur l’obtention de l’accord de siège, nous continuons de rechercher et de travailler avec les Etats qui nous font confiance. Des partenariats sont noués et des accords de collaboration aussi. Que ce soit sur le plan de la production des connaissances ou du soutien aux structures de développement. D’ailleurs des conférences et autres évènements que nous avons organisés sont là pour parler pour nous.
Avec tous ces éléments à notre compte, nous parviendrons à obtenir plus de facilités qui permettront à notre organisation de s’épanouir et de mieux servir l’Afrique.
Quels sont vos espoirs sur l’avenir d’OSECA ?
Si les reformes ont été faites, c’était justement pour mieux réussir. Nous avons tiré des leçons des expériences passées que nous avons capitalisé afin de mettre notre organisation bien haut.
Puisque nous faisons de la réduction de pauvreté et du taux de chômage, un élément important de nos programmes, nous avons pris une option importante en aidant les gouvernements à trouver les investisseurs pour leurs projets. C’est une expérience que nous avons déjà mené au Bénin et au Togo et que nous nous apprêtons à mener dans d’autres pays.
Dans un avenir proche nous allons créer des pôles régionaux pour mieux desservir et servir le continent. Nous sommes confiants et nous voulons pouvoir compter sur le soutien de tous y compris des journalistes comme vous.
Photo : Dr Claude N’Takpe
Légende : Dr Claude N’Takpe
Interview réalisée par la rédaction
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Quelques aspects de l’Oseca à la loupe
- Les huit objectifs principaux de l’OSECA
Compte tenu de tout ce qui précède, l’OSECA se donne pour objectif de :
- promouvoir la sécurité économique en Afrique,
- soutenir la compétitivité des économies africaines et éclairer les opérateurs économiques sur les questions commerciales et de compétitivité,
- permettre un progrès et un développement continu en vue de l’atteinte des objectifs nationaux de performances économiques et de bonne gouvernance dans les pays africains,
- favoriser des progrès durables, sur le long terme, vers l’établissement d’une bonne gouvernance efficace, d’une croissance constante et d’une anticipation efficiente grâce à la maîtrise de l’information et à la réflexion stratégique,
- concevoir pour les Etats une méthodologie commune pour la collecte, le traitement, la diffusion et la protection de l’information économique,
- promouvoir et Conseiller les gouvernements sur la conception et la mise en œuvre d’une politique en matière d’intelligence économique et de politiques commerciales,
- promouvoir les investissements en Afrique,
- susciter, recueillir, conserver et diffuser des informations et des résultats de recherches.
- Il en découle sept missions essentielles, à savoir :
- formaliser et mettre à la disposition des décideurs la synthèse des travaux et des recommandations opérationnelles formulées par les experts de l’OSECA,
- étudier le rôle de la sécurité et de l’intelligence économique dans la mise en œuvre d’une stratégie de sécurité globale incluant dynamique de compétitivité et globalisation,
- impulser l’intégration des pays africains dans le commerce mondial,
- assurer une mission de veille et de prospective en intelligence économique et dans le domaine de la compétitivité et de la sécurité économique,
- travailler à la cohésion des organisations internationales africaines engagées dans le développement,
- susciter et favoriser les débats sur les pratiques du management au sein de la communauté africaine des managers,
- promouvoir l’investissement et le développement en Afrique.
- Les valeurs et principes :
- la bonne gouvernance privée et publique ;
- le développement de l’esprit d’entreprise citoyenne ;
- le dialogue, l’esprit de concertation et de partenariat ;
- la pluralité et la collégialité dans la prise de décision ;
- le décloisonnement et l’action collective et la solidarité ;
- la transparence et la circulation de l’information ;
- la confidentialité.
- Par ailleurs, l’Organisation pour la Sécurité et la Compétitivité de l’Afrique érige le principe du développement durable en principe.
- Objectivité – Nos analyses et nos recommandations sont indépendantes et factuelles.
- Ouverture – Nous encourageons le débat et la compréhension mutuelle sur des questions cruciales pour le monde.
- Audace – Nous osons mettre en question les idées reçues, à commencer par les nôtres.
- Prospective – Nous identifions et abordons les défis nouveaux et les enjeux à long terme
- Éthique – Notre crédibilité est bâtie sur la confiance, l’intégrité et la transparence. Principe de précaution…
- Les engagements de l’OSECA :
- La promotion de la sécurité économique, l’intelligence économique et disciplines connexes
- La promotion de l’investissement privé
- La promotion de la compétitivité de nos entreprises et des économies
- La promotion de l’emploi
- Le maintien de la cohésion sociale
- La lutte contre la pauvreté
- La promotion de l’intégration régionale
