En Afrique, les attaques maritimes enrégistrées dernièrement ne placent pas le golfe de Guinée en de bonne posture. Selon une nouvelle étude du Bureau maritime international (BMI), la région couvrant l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale est une zone rouge qui vient de dépasser celle du golfe d’Aden.
Sylvestre TCHOMAKOU
Si de par le passé, le golfe d’Aden en Somalie était tenant en titre des zones de piraterie les plus dangereuses en Afrique, pour le compte du premier trimestre de l’année 2020, le golfe de Guinée vient en tête. La région qui couvre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale vient ainsi d’être déclarée « zone de piraterie la plus dangereuse pour les compagnies pétrolières ». Et pour cause, la série d’attaques beaucoup plus concentrées sur les tankers dans la zone au cours des dernières années, selon le Bureau maritime international (BMI), est remarquable. D’après ladite étude, le nombre d’actes de piraterie maritime a drastiqement augmenté au cours du premier trimestre de 2020. Le Bureau maritime international (BMI), agence de la Chambre de commerce internationale (ICC), a enregistré 47 attaques signalées entre le 1er janvier et le 31 mars 2020, contre 38 sur la même période au cours de l’année 2019. Sur cet intervalle, 37 navires ont été abordés et quatre ont subi des tirs d’armes à feu, tandis que six tentatives d’abordage ont échoué. Aucun détournement de navire n’a eu lieu, pour le deuxième trimestre consécutif. Par ailleurs, Sept (07) marins ont été enlevés au cours de trois attaques, « à des distances comprises entre 45 et 75 milles nautiques », explique le centre de signalement de la piraterie (Piracy Reporting Center) du BMI. Au total, ce sont 21 actes qui ont été perpétrés dans les eaux d’Afrique occidentale, soit 57 % du total mondial. Douze (12) ont été commis sur des navires en mouvement, en moyenne à 70 milles des côtes. A en croire le BMI, les pirates ayant frappé au cours de cette périoden, sont généralement armés et dangereux. Mieux, aucune catégorie de navire n’est épargnée. « Ils s’approchent en vedettes rapides, abordant les navires pour voler les vivres ou la marchandise et enlèvent les membres d’équipages pour obtenir une rançon », souligne-t-il. D’après les experts, cette situation s’explique par le fait que le golfe de Guinée abrite au moins huit pays exportateurs de pétrole avec de vastes programmes d’exploration dans toute la zone qui verra en plus, de nouveaux producteurs dans les années à venir.
L’Afrique de l’Ouest, plus exposée
Il faut souligner que la majorité des incidents se sont produits dans les eaux territoriales nigérianes, en particulier autour du delta du Niger, dans les eaux équato-guinéennes, mais aussi, dans une moindre mesure, sur la plateforme maritime du port de Lagos. Au Nigeria, la piraterie a en moyenne fait perdre 400 000 barils de pétrole brut par jour, ce qui équivaut à environ 1,5 milliard de dollars par mois. Cela représente près de 5% du PIB du pays. Ces tristes évènements qui sont dûs à la mauvaise redistribution de la manne pétrolière, évoquent les analystes du BMI, resteront d’actualité aussi bien tout le long de l’année 2020 qu’en 2021. Un message qui devrait amener les Etats à renforcer la sécurité sur le large de leur côte maritime.