Le 8 février, le Club Russie – Afrique de l’Université d’État de Moscou Lomonossov a tenu une conférence internationale sur le développement de la coopération culturelle et humanitaire entre la Russie et les pays africains. L’événement s’est déroulé à la Faculté des processus globaux de l’Université Lomonossov.
La conférence a été organisée dans le cadre de la mise en œuvre des décisions du Deuxième sommet et forum économique et humanitaire Russie – Afrique, qui s’est tenu les 27 et 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. L’événement a été soutenu par le Secrétariat du Forum de partenariat Russie-Afrique du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.
La conférence a réuni plus de 100 participants, représentants de 30 pays du continent africain et de la Russie. Parmi les participants figuraient des diplomates russes et africains, des personnalités officielles et publiques, des dirigeants de diasporas africaines, des militants d’organisations non gouvernementales et de jeunesse, des africanistes, des représentants de l’industrie cinématographique, des médias, du sport, de la culture et de l’éducation.
La conférence a été ouverte par Ilya Ilyine, doyen de la Faculté des processus globaux de l’Université Lomonossov, président du comité russe de l’UNESCO dans le cadre du programme pour la Gestion des transformations sociales (MOST), premier vice-président du Club Russie – Afrique de l’Université d’État de Moscou Lomonossov. Il a félicité les participants à l’occasion du 300e anniversaire de l’Académie des sciences de Russie et a transmis les salutations de l’académicien Victor Sadovnichy, président du Club Russie – Afrique, recteur de l’Université Lomonossov. M. Ilyine a mis l’accent sur les travaux du Club qui ont déjà porté leurs fruits et s’est dit certain que la présente conférence fournirait des propositions pratiques qui seront adressées au Secrétariat du Forum de partenariat Russie – Afrique. Le doyen a donné le ton de la conférence et a été le premier à formuler une proposition concrète visant la création d’un Mouvement international des ambassadeurs universitaires (MIAU). Selon lui, la création du MIAU serait particulièrement pertinente à la veille du prochain Festival mondial de la jeunesse qui se tiendra dans la ville de Sotchi en mars de cette année.
Dans son mot de bienvenue, Oleg Ozerov, président du conseil du Club Russie – Afrique de l’Université Lomonossov, ambassadeur itinérant du Ministère russe des Affaires étrangères et directeur du secrétariat du Forum de partenariat Russie – Afrique, a dit notamment : « Ces dernières années, les pays africains ont manifesté un intérêt croissant pour l’apprentissage du russe et, par la suite, pour l’enseignement spécialisé, technique et supérieur dans les universités civils et militaires russes ».
Tatyana Dovgalenko, secrétaire exécutive de la Commission de la Fédération de Russie pour l’UNESCO, a salué les participants à la conférence. Elle a remercié le Club Russie – Afrique de l’Université Lomonosov pour ses efforts de coopération avec les pays africains et a évoqué les principaux projets de l’UNESCO destinés aux pays africains.
Son Altesse Royale Zolani Mkiwa, membre du Parlement d’Afrique du Sud, célèbre poète africain, artiste-peintre et activiste culturel, a souligné l’importance particulière du thème de la conférence. Il a rappelé les liens d’amitié historiques entre la Russie et les pays africains et a souligné la nécessité de construire des relations entre les peuples sur la base de programmes culturels.
S’exprimant sur le thème de la coopération russo-africaine dans les domaines de la science et de l’éducation, le professeur Paul Chisale, vice-chancelier par intérim de l’Université de Copperbelt en Zambie, a fait remarquer que la Russie est un pays doté d’un énorme potentiel technologique, scientifique et éducatif. L’Afrique a beaucoup à apprendre de la coopération avec la Russie. Il s’agit de projets scientifiques communs et d’échanges académiques entre enseignants et étudiants.
Rachel Nyarai Chitate, directrice des relations publiques du Bureau des bourses présidentielles et nationales du président et du cabinet des ministres du Zimbabwe, a exprimé l’espoir que la Russie et l’Afrique forgent l’avenir ensemble. L’experte a noté que les atouts de nos pays sont complémentaires. À titre d’exemple, elle a cité le domaine de la recherche, où la grande école scientifique russe pourrait faire appel aux jeunes chercheurs qui viennent du continent africain.
Des experts dans le domaine de la formation militaire en Russie – Andrey Chagov, chef du département de l’Institut de recherche en histoire militaire, docteur en sciences historiques, maître de conférences, et Alexey Kuznetsov, membre correspondant de l’Académie russe des sciences dans le domaine des missiles et de l’artillerie, chef du département de l’Institut de recherche en histoire militaire, Académie militaire de l’État-major général des Forces armées de la Fédération de Russie – ont parlé de l’importance de la formation des militaires qui viennent du continent africain.
Les participants à la conférence ont également abordé la question des activités pratiques dans le domaine de la préservation, de la restauration et de la protection du patrimoine culturel en Russie et les pays africains. Sergueï Ouzyanov, expert du Conseil russe pour la sécurité du patrimoine culturel du Conseil international des musées (ICOM), a estimé qu’au cours des conflits et des cataclysmes, des vols et le trafic illégal des biens culturels se multiplient. Les objets les plus précieux du patrimoine national sont vendus aux enchères sur Internet. L’intervenant a parlé de la technologie unique de marquage des biens culturels sous protection renforcée portant un signe distinctif, conçu par le 18e Institut central de recherche du Ministère de la défense de la Fédération de Russie.
Daria Vanyukova, chercheuse associée au Musée d’État d’art oriental, et Galli Monastyreva, conseillère pour les questions humanitaires de l’Association pour la coopération économique avec les pays africains, ont parlé de l’expérience de la mise en œuvre de projets muséaux, culturels et éducatifs en Afrique, en prenant l’exemple du Mali. Les intervenants ont appelé à l’élargissement de la géographie de la coopération humanitaire en Afrique et à la diffusion de projets éducatifs dans tous les pays du continent.
Mahamat Issakha Sogar, panafricaniste, analyste sportif des média en ligne, président de la Fédération tchadienne de mini-foot, vice-président de la section Afrique centrale de l’Organisation africaine du sport, ainsi que Kamdem Motcheyo Teddy, secrétaire général de l’Association des étudiants camerounais, et Mohamed Selim, directeur général d’East Step Tourism en Égypte, ont parlé d’éventuels projets humanitaires pour élargir la coopération dans le domaine du sport, du tourisme, des festivals conjoints et des activités sportives et récréatives.
Vladimir Bagrov, président du Centre de coopération commerciale et culturelle avec les pays africains, a abordé la coopération dans le domaine du cinéma. Il a rappelé l’importance de l’industrie cinématographique des pays africains et a mis en exergue les perspectives de coopération dans ce domaine. Dr Nyengo Stevens, réalisateur et producteur camerounais a suggéré que le cinéma pourrait servir d’instrument de la diplomatie culturelle. Il a proposé d’organiser des festivals conjoints de films, de signer des accords entre les producteurs de films et les sociétés cinématograpgiques afin de créer des produits de haute qualité qui pourraient intéresser le public international.
Natalia Smakotina, docteur ès sciences sociologiques et professeur, directrice du département des processus sociaux mondiaux et du travail avec les jeunes à la Faculté des processus globaux de l’Université Lomonosov, a proposé d’organiser des programmes éducatifs spécialisés sur le travail avec les jeunes afin de promouvoir l’amitié et la coopération. Ilya Cherchnev, directeur des programmes du Club Russie – Afriques, maître de conférences à l’Université Lomonossov, a soutenu cette idée et a proposé de mettre en place un programme de formation, ainsi que de créer des cours de formation continue sur la mise en œuvre de projets humanitaires et de programmes de diplomatie publique entre la Russie et les pays africains.
Afoua Sylvain Egountchi Behanzin, Président fondateur de La Ligue de défense noire africaine (LDNA), est convaincu que le secteur de l’éducation en Afrique a été exproprié par l’Occident, en particulier par les États-Unis. Par le biais de leurs projets éducatifs, ils influencent l’esprit des jeunes Africains. Selon l’orateur, les traditions de l’éducation russe sont excellentes et de nombreux jeunes Africains rêvent d’avoir accès à ces connaissances. L’intervenant a remercié la Russie pour les bourses accordées aux étudiants africains. Il a également exprimé l’espoir que la Russie contribue à la formation du personnel enseignant pour l’Afrique.
Bokary Guindo, président de la commission nationale du bureau de la jeunesse de Ginna Dogon au Mali, a proposé de développer la coopération entre les musées d’Afrique et de Russie. Il a également fait remarquer qu’il existe un énorme potentiel de développement des flux touristiques entre nos pays.
Elena Vartanova, doyenne de la Faculté de journalisme de l’Université Lomonossov, professeur et académicien de l’Académie russe de journalisme, Anna Gladkova, vice-doyenne pour la coopération internationale de la Faculté de journalisme, et Denis Dunas, chercheur principal de la Faculté de journalisme et maître de conférences à l’Académie russe de l’enseignement, ont présenté les résultats de la recherche intitulée « L’image de l’Afrique dans les médias russes : aspect conflictuel ». Les chercheurs sont parvenus à la conclusion que l’analyse des conflits qui occupent une place importante dans l’actualité, n’empêche pas les médias russes de parler de l’Afrique comme d’une région à fort potentiel, et de la nécessité de renforcer des relations, ce qui est conforme aux intérêts nationaux de la Russie.
Dr. Yves Ekoué Amaïzo, économiste togolais spécialisé en stratégies, conseil et négociations, a souligné l’importance de développer le contenu vidéo, qui attire au premier chef les jeunes. Selon lui, la présidence russe des BRICS devrait être utilisée pour promouvoir des initiatives conjointes et étendre la coopération.
Aldo Newman, directeur et fondateur du magazine « Ceux qui font l’Afrique », a noté que pour que les sphères médiatiques russes et africaines se pénètrent mutuellement, il est nécessaire de lancer des chaînes émettant dans les langues des peuples de nos pays. Il estime qu’il est nécessaire de s’appuyer davantage sur les médias locaux qui ont autorité auprès de la population pour promouvoir la vision russe de l’actualité et des valeurs communes propres à nos pays.
Louis Gouend, président de la diaspora de la République du Cameroun en Fédération de Russie, président de la Commission du travail avec les diasporas africaines et des relations publiques du Club Russie – Afrique de l’Université d’État de Moscou Lomonossov, a parlé du projet média du Club Russie – Afrique de l’Université Lomonossov qui a créé la plateforme d’information « Rusafromedia » (https://rusafromedia.ru/). Ce portail réunit les journalistes russes et africains. Il a invité les participants à s’inscrire sur ce site web et à y publier plus activement leurs textes, à échanger des informations pertinentes sur la vie du partenariat russo-africain.
En conclusion, Alexandre Berdnikov, secrétaire exécutif du Club, a souligné les principales directions dans lesquelles le travail du Club devrait être poursuivi. Toutes les propositions feront partie d’un document final de la conférence et seront transmises aux structures officielles qui oeuvrent pour la coopération russo-africaine.