Les retombées issues de la mise en œuvre du Projet SWEDD au profit des groupes cibles bénéficiaires cristallisent les attentions. Beaucoup d’acteurs de mise en œuvre du projet scrutent l’horizon d’une deuxième phase et, qui plus est, se penchent sur le processus d’élaboration de la stratégie de pérennisation des acquis. Des défis à relever, une fois, que le projet venait à se retirer.
Favoriser l’autonomisation de la jeune fille et de la femme pour atteindre le dividende démographique, en contribuant au capital humain et au développement durable des pays du Sahel. Ainsi se définit l’objectif principal du Projet d’Autonomisation des Femmes et du Dividende Démographique au Sahel (SWEDD). Au Bénin, l’implémentation du projet à travers ses trois sous-projets ; » maintien des filles à l’école », » autonomisation des femmes » et » compétences de vie et santé reproductive » fait son petit bonheur de chemin grâce à l’accompagnement du gouvernement béninois, des partenaires techniques et financiers et également des différents acteurs impliqués dans sa mise en œuvre sur le terrain.
A la faveur de la campagne de communication Stronger Together 2022 pour un changement social et de comportement, plusieurs activités ont été initiées pour intensifier la sensibilisation et évaluer, en peu de temps, l’impact du projet au sein des populations bénéficiaires. L’initiative d’une caravane médias dans certaines villes, avec à la clé, la rencontre des acteurs impliqués, met en évidence son utilité au sein des populations et des groupes cibles.
Impacts à la lumière des trois sous-projets
Pour rappel, l’objectif du Projet SWEDD est d’accélérer la réalisation des droits et le plein épanouissement des 3.302.000 jeunes des deux sexes au Bénin pour enclencher les bénéfices du dividende démographique en soutien à l’objectif de croissance économique inclusive du Programme d’Action du Gouvernement et aux 49 cibles prioritaires des Objectifs de Développement Durable (ODD). Maintien des filles à l’école, Autonomisation des femmes et Compétences de Vie, ces trois sous-projets du Projet SWEDD déclinés en thématiques ont été les points d’ancrage revisités à travers différentes activités menées dans les deux zones d’intervention lors de la caravane médias de la campagne de communication Stronger Together au titre de l’année 2022. Les avis recueillis des acteurs impliqués dans l’implémentation du projet dans les villes ciblées par la caravane médias confirment la réalisation de ses résultats au profit des bénéficiaires des trois sous-projets de la composante 1 dans les deux zones d’intervention.
Cette performance est, selon Mme Mireille Bio Idrissou, Responsable de la Composante 1, la résultante de la synergie d’action de tous les acteurs et parties prenantes des sous-projets. Ce qui a donc induit chez les bénéficiaires des effets d’entraînement positifs. Effets vus au travers de la formation alternative basée sur les activités génératrices de revenus et des métiers porteurs. Des milliers de filles scolarisées ont bénéficié des kits scolaires et des transferts monétaires conditionnels (TMC) sur l’ensemble du territoire national.
Mieux, les Espaces Sûrs sont créés et animés dans toutes les communes du Bénin pour renforcer les capacités des jeunes filles déscolarisées ou non scolarisées âgées de 10 à 24 ans en compétences de vie, en santé sexuelle et de la reproduction, en genre et droits humains, notamment des femmes et des jeunes filles.
Tous les acteurs rencontrés et impliqués dans l’implémentation des trois sous-projets sur le terrain lors de la caravane médias se félicitent des impacts de différentes interventions chez les groupes cibles.
» Le Projet SWEDD fait si bien d’être implémenté dans le département de la Donga parce qu’il brillait dans l’immigration des jeunes filles et jeunes garçons », a fait savoir le préfet Eliassou Biao. Au regard de multiples activités du projet dans la Donga, notamment au niveau des Espaces Sûrs, on est sûr de » maintenir les filles, de les avoir et de leur changer l’idée de ne pas aller en immigration, de ne pas aller faire des travaux secondaires qui ne leur permettent pas de s’autonomiser », appuie, très confiant, le préfet de la Donga.
La Directrice départementale des affaires sociales et de la microfinance (DDASM-Donga), Anissa Gambari Adam informe que la Donga éprouvait d’énormes difficultés pour le maintien des filles à l’école. À son avènement, le projet a procédé en amont à la sensibilisation des leaders religieux et traditionnels et autres décideurs. Ce travail a payé au point où « ils ont accepté non seulement d’envoyer leurs enfants mais aussi ils ont compris l’importance de les maintenir jusqu’au moins à la fin du cycle secondaire », renchérit avec fierté la DDASM-Donga. Ce qui a contribué à l’augmentation du taux de réussite scolaire au niveau des cours secondaires.
L’octroi des bourses aux filles, élèves des sciences techniques et agricoles et sciences techniques industrielles de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP), n’a pas été du reste.
A travers le sous-projet « autonomisation des femmes et des filles », plusieurs adolescentes et jeunes filles bénéficiaires du département de la Donga ont réussi à retrouver leur chemin, surtout dans le rang des filles en apprentissage par diverses formations dont la fabrication de masques, gel, savon liquide, couches hygiéniques ou les métiers dits d’homme et ont bénéficié d’appuis en équipements pour s’installer à leurs propres comptes avec le financement du Projet SWEDD-Bénin.
La phase II appelée de tous les vœux
En un an d’implémentation des trois sous-projets, l’adhésion des populations est quasi totale et une forte sollicitation se profile à l’horizon vu ce qui était prévu par le projet. De mieux en mieux, les fruits tiennent la promesse des fleurs. Et pour cause, les voix s’élèvent dans le rang des acteurs de mise en œuvre du projet en vue de réclamer son renouvellement.
» Nous avons appris qu’il y a des pays qui sont à plusieurs phases de mise en œuvre du projet. Le Bénin est à sa première phase. Les résultats auxquels nous nous acheminons en termes d’impacts peuvent dépendre du renouvellement du projet », lance Mouftaou Bada de l’ONG FADEC, une structure partenaire du Projet SWEDD dans la zone Sud d’intervention. « Acteurs d’implémentation du projet que nous sommes, nous garantissons que nous veillerons à mieux faire afin que la Banque mondiale repense à accorder une nouvelle phase du Projet SWEDD pour le Bénin », c’est ainsi que s’est engagé Mouftaou Bada.
Mais avant, il faudra surtout pérenniser les acquis du projet. Ainsi, le processus d’élaboration de la stratégie de pérennisation de ses acquis reste une préoccupation majeure.
« Le gouvernement du Bénin n’est pas à l’écart du suivi du projet. Le dispositif mis en place l’a été de façon concertée avec les acteurs des ministères sectoriels en bâtissant sur l’existant », a rassuré madame Mireille Bio Idrissou, la responsable de la composante 1 du projet. » L’administration étant une continuité, les acquis seront passés de génération en génération », ajoute-t-elle.
Par exemple, les comités intergénérationnels de veille du sous-projet « Maintien des filles à l’école » sont constitués dans la zone Sud d’intervention pour assurer la mise en place d’un mécanisme de protection des filles contre les facteurs freins de leur maintien à l’école et la pérennisation des acquis dudit sous-projet.
« Puisque nous voulons que ce projet à travers ses acquis puisse rester pérenne, il serait important d’associer les familles des bénéficiaires et de voir comment leur trouver une part pour leur montrer que ce n’est pas seulement adressée à la fille mais aussi adressée à la famille », a suggéré le préfet du département du Mono, Bienvenu Dêdêgnon Milohin. Ce qui aura l’avantage de pérenniser non seulement les acquis mais aussi garantir une durabilité du projet. Plus loin, il propose que les ONG prestataires puissent s’aligner sur le fonctionnement administratif dans l’accomplissement de leurs cahiers de charges pour permettre, au niveau déconcentré, aux préfets, garants de la politique publique dans les départements, d’avoir un droit de regard soutenu dans le suivi de l’implémentation du projet.
« Les filles bénéficiaires du projet ont la chance d’être les pionnières. Faudrait-il que le changement de comportement espéré à leur niveau soit une réalité. Si tant est qu’elles doivent être désormais des vecteurs, des points focaux non seulement de la pérennisation des acquis mais aussi et surtout de la sensibilisation de leurs pairs tout autour d’elles dans leurs communautés », lance le préfet du département du Mono. Il recommande aux parents des bénéficiaires de s’approprier davantage le projet, de l’internaliser afin que même si le SWEDD venait à se retirer, « cette éducation puisse être ancrée dans nos cultures au quotidien ».
« Pour permettre au Bénin de bénéficier de la phase II du projet, les acteurs impliqués dans sa mise en œuvre sont appelés à se donner la main pour accompagner le gouvernement pour qu’à l’évaluation, le Bénin soit un très bon élève afin de mériter la confiance du bailleur ». C’est le cri de cœur du préfet, Bienvenu Dêdêgnon Milohin voire de tous les Béninois aussi bien préoccupés de la capitalisation des acquis du projet que de leur pérennisation au profit des femmes et filles bénéficiaires, issues des couches vulnérables.