L’Institut des artisans de justice et de paix, à travers son centre de recherche et de formation ‘’ Le chant d’oiseau’’ de Cotonou a organisé le jeudi 16 mai 2023, un panel débat sur l’économie mondiale et les défis de la coopération internationale. Occasion pour le public et les panélistes, Lazare Sèhouéto, député et ancien ministre, Ganiou Soglo, économiste, ancien ministre et ancien député puis Maxime Hounyovi, professeur agrégé en sciences et de gestion, d’échanger leurs points de vue sur des sujets de préoccupation notamment l’économie et la coopération avec l’assistance.
Bidossessi WANOU
« L’économie mondiale et les défis de la coopération internationale dans les pays africains », c’est le thème dont ont débattu les panélistes et le public de curieux ainsi que de scientifiques venus de divers horizons. A l’entame, c’est le Père directeur de l’IAJP, Eric Aguénounon qui a précisé le contexte de ces panels, un cadre d’échanges-débats initiés par l’IAJP en collaboration avec Coris Bank international. Selon l’universitaire, Maxime Hounyovi, le concept d’économie mondiale appelle à la mondialisation. En s’appuyant sur l’OCDE, il a mis en lumière trois dimensions de l’économie mondiale à savoir : l’internationalisation des échanges, l’internationalisation des fruits d’échanges, la transnationalisation des entreprises puis la globalisation ; des contextes entremêlés et liés. Quant à la coopération, elle traduit l’appui d’un Etat à un autre et surtout les politiques d’aides au profit des pays « dit » en voie de développement. La coopération traduit par contre, le fait que des acteurs, plus de deux, vont collaborer, s’entendre pour définir des stratégies dans une perspective bien déterminée. La coopération induit également une mise en synergie de pays pour définir des stratégies dans une perspective pour atteindre un objectif. L’un dans l’autre, la coopération appelle à une mise en synergie, une unité avec une certaine vigilance. C’est du moins l’avis de Maxime Hounyovi partagé par Ganiou Soglo, qui tous deux, estiment que les peuples ont besoin de s’unir. Pour cause, la mondialisation telle qu’elle a été conçue par les puissants, a été au détriment des plus faibles. Pendant que les grandes puissances appellent les pays à ouvrir leur frontière, elles se protègent elles-mêmes et protègent leur marché où, tout ce qui entre est filtré. « Dans la coopération, les pays du Sud ne jouent qu’un rôle marginal », a également souligné Lazare Sèhouéto. L’Afrique se trouve la plus pénalisée et seule l’unité des Etats sauvera le continent noir. « Nous avons de petits Etats et seul le regroupement peut nous permettre de tenir ». Selon Ganiou Soglo, le développement de l’Afrique ne viendra pas des appuis, de la dette et des institutions de Bretton Woods. « La Banque mondiale et le FMI n’ont jamais développé un Etat », a-t-il assuré. Ces institutions prônent l’aide au développement et l’endettement, l’autre casse-tête des pays africains. Il faudra y prendre garde, croit savoir Ganiou Soglo qui a noté qu’aucun pays ne s’est développé avec la dette mais les pays qui se sont développés se sont d’abord appuyés sur une épargne légale.
Encore des défis à relever
Dans la coopération internationale, l’Afrique doit revoir sa copie et se repositionner. La coopération internationale en Afrique est utile à qui ? S’est interrogé le parlementaire Lazare Sèhouéto qui a souligné que le monde est dominé par le néolibéralisme et autres idéologies obligataires sans lesquelles, on ne saurait aisément accéder aux marchés. Mieux, face aux puissances, le rapport de force est défavorable ainsi que la qualité de la gouvernance sachant que la majorité des crises résulte de décisions politiques. Ce sont, entre autres, ces défis qui se posent à l’Afrique doublé du défi lié à la gouvernance. Selon les panélistes, sans une élite responsable et des Etats démocratique, l’Afrique ne pourra véritablement profiter de la coopération internationale telle qu’elle est conçue de nos jours. Il se pose dès lors un problème de formation de l’élite africaine. « Sans la formation, l’éducation, vous ne pouvez pas développer un pays », ont soutenu les panélistes. Tout revient également aux décideurs qui doivent prendre des décisions responsables. C’est d’ailleurs la seule condition pour l’Afrique qui n’existe pas encore dans ce nouveau monde. Selon professeur Maxine Hounyovi, le continent devra régler le problème de marché, de technologie et de formation pour exister au monde et les dirigeants doivent en prendre conscience. Cela vaut également pour la lutte contre la pauvreté où, pour y parvenir, il faudra des Etats forts, responsables et conscients des enjeux. L’Afrique dispose également d’importants atouts qu’elle peut exploiter. Il s’agit selon Lazare Sèhouéto du Nigéria pour ce qui est des transferts de technologie. Au terme des échanges, les participants ont salué la qualité des discussions. Député à l’Assemblée nationale, Kolawolé Djima Ogbon a salué la pertinence des idées et souhaité que le verbatim des échanges soit à l’avenir consigné dans un document à adresser aux décideurs pour faciliter des prises de décisions et d’orientation politique améliorée. Pour finir le père Eric Aguénoumon a remercié les participants et les panélistes qui ont accepté consacrer leur temps à cette séance enrichissante qui permet au public de renforcer ses connaissances. Il a offert aux panélistes en signe de reconnaissance, un document de l’IAJP.