Des politiques en faveur de l’innovation et de la production industrielle dénotent une plus grande orientation stratégique, selon les Nations Unies. Toutefois, la fracture technologique risque de s’aggraver en l’absence de mesures de revitalisation et de financement appropriées dans les économies en développement.
Aké MIDA
Considérée comme essentielle pour favoriser les modifications structurelles et faciliter la transition écologique, la politique industrielle est en train d’être dynamisée et transformée, selon l’édition 2024 du rapport de l’Onu sur la situation et les perspectives de l’économie mondiale (Wesp 2024). Ce changement, précise ce document économique phare des Nations Unies, vise à remédier aux défaillances du marché et à aligner l’innovation sur des objectifs de développement plus généraux.
Les politiques en faveur de l’innovation suivent des approches plus ambitieuses, avec des stratégies et des mesures d’incitation pour promouvoir les technologies souhaitables sur les plans social et écologique, souligne le rapport. Toutefois, les circonstances varient d’un pays à l’autre, nuance le département des Affaires économiques et sociales de l’Onu, auteur du rapport. Il indique que les économies développées et plusieurs grandes économies en développement investissent des sommes sans précédent dans la recherche et le développement et dans des secteurs ciblés. En revanche, de nombreuses économies en développement, limitées par les contraintes budgétaires et des difficultés d’ordre structurel, sont à la traîne. Ces dernières se heurtent à des obstacles de financement des politiques industrielles et d’innovation.
De nombreux pays en Afrique subsaharienne font face aux coûts d’emprunt élevés, à l’instabilité géopolitique et aux effets du changement climatique. Toutes choses qui font peserdes risques de plus en plus importants sur le commerce et la production industrielle.
Pierre angulaire
La politique industrielle devient une pièce maîtresse de nombreux programmes et politiques de transformation structurelle des économies, en vue de la diversification des exportations, de la mise à niveau technologique et industrielle. Malgré les contraintes des politiques monétaires et budgétaires auxquelles ils sont confrontés, les gouvernements sont conscients qu’elles peuvent aider à mieux gérer les compromis entre l’efficacité économique et les objectifs en matière d’équité.
Depuis 2020, les multiples crises (pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine) qui frappent l’économie mondiale ont ravivé l’intérêt pour l’industrie. Il s’agit de pallier les vulnérabilités productives et les problèmes de résilience intérieure révélés par ces chocs économiques. Les rivalités géopolitiques croissantes incitent des pays à renforcer les capacités productives et les investissements en recherche et développement, notamment dans le domaine de la sécurité et de la défense dans le but de réduire les interdépendances technologiques.
Les Nations Unies notent également que les effets croissants du changement climatique appellent à un soutien plus fort en faveur de la politique industrielle pour accélérer la transition énergétique verte. Plusieurs pays sont devenus plus actifs en matière d’investissement dans la transition verte. Mais, les flux de financement climatique vers l’Afrique sont loin de répondre aux besoins du continent. Le déficit de financement annuel est estimé à environ 120 milliards de dollars, et le continent ne reçoit que 2 % des flux de financement mondiaux pour l’énergie propre, selon l’Onu.
La fracture technologique pourrait s’élargir davantage entre les pays développés et les pays en développement. Il importe pour ces derniers de redoubler d’efforts pour renforcer les systèmes d’innovation et les capacités d’absorption afin de générer de nouvelles et durables sources de croissance et d’emploi, de diversifier les exportations et ainsi d’accélérer les progrès des pays vers l’atteinte des Objectifs de développement durable (Odd).