En visite de travail, le 10 décembre 2021, au siège de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Madame Kristalina GEORGIEVA, Directrice Générale du Fonds Monétaire International (FMI), a salué les initiatives prises par le Gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet KONE, pour surmonter la crise Covid-19 et soutenir la relance dans l’UEMOA . Les deux dirigeants ont affiché leurs convergences de vues sur la bonne orientation des économies de l’UEMOA, nonobstant les risques sécuritaires, sanitaires et la montée de l’inflation au plan mondial. Cette visite, la deuxième de Madame GEORGIEVA après celle effectuée en décembre 2019, a permis au FMI d’apprécier de plus près l’approche du Gouverneur Koné et d’approuver à nouveau les initiatives mises en œuvre par l’institut d’émission pour accompagner les États, les banques et les entreprises face aux effets de la pandémie de Covid-19.
Pour rappel, ces initiatives de la BCEAO ont consisté en l’apport de liquidités nécessaires au secteur bancaire, afin de réduire les tensions de trésorerie et permettre aux banques de continuer à jouer leur rôle d’intermédiation financière. Le recours au report des échéances des entreprises impactées par la crise a permis d’éviter les faillites et de préserver l’outil de production. La BCEAO a aussi facilité l’émission des bons covid-19 par les Etats qui ont pu mobiliser les ressources nécessaires pour couvrir les dépenses d’urgence liées à la crise sanitaire. Ces mesures ont également contribué à promouvoir les moyens de paiement digitaux pour limiter les contacts physiques et mieux contenir la propagation de la pandémie. En 2021, la Banque Centrale a soutenu l’émission de «Bons de soutien et de résilience» et «d’obligations de relance» sur le marché financier régional pour le financement des plans de relance économique des Etats de l’UMOA. Selon Madame GEORGIEVA, ces mesures ont permis de stabiliser le secteur financier de l’UEMOA, d’apaiser les craintes des agents économiques et contribué à la résilience et à la relance des économies de l’Union. Au cours des échanges, les Chefs d’Institutions de l’UEMOA et les représentants du secteur bancaire et du patronat ont noté la bonne tenue des économies de la zone malgré les incertitudes, marquées notamment par la recrudescence de la covid-19 et la crise sécuritaire. Ils ont plaidé pour que le FMI tienne compte de ce contexte difficile dans la mise en place des programmes économiques et financiers des Etats.
Convergence des vues
Le Gouverneur Koné et les équipes de la BCEAO approuvent l’implication et l’orientation imprimée par la Directrice Générale du FMI dans son soutien accordé aux pays africains, à l’image de ce qui a été fait dans le cadre de la riposte urgente qui s’imposait face à la pandémie. Madame Georgieva approuve fortement, quant à elle, la politique monétaire conduite par la BCEAO, qu’elle trouve accommodante, appropriée et novatrice pour accompagner la résilience des économies de la zone UMOA. La DG du FMI a tenu à le préciser lors de sa rencontre en comité restreint avec le Gouverneur. Cette convergence de vues qui s’est renforcée entre le FMI et la BCEAO depuis quelques années, déjà lorsque Madame Christine Lagarde dirigeait le FMI, permet certainement une analyse plus consensuelle des besoins des économies de l’UEMOA et une meilleure approche des solutions envisagées, en accord avec les Etats, pour une plus grande efficacité des actions.
Si la Banque centrale associe traditionnellement les Institutions de l’UMOA lors des visites des dirigeants du FMI à la BCEAO, cette fois-ci, il faut remarquer que le patronat, les fédérations des associations professionnelles des banques et établissements financiers ont aussi été invités, ce qui est une innovation saluée par le secteur privé. Pourquoi une telle invitation, décidée par le Gouverneur et la Direction Générale du FMI ? La réponse réside certainement dans leur conviction que le secteur privé doit de plus en plus jouer un rôle dans la dynamisation et la pérennisation de la croissance économique, afin de rendre celle-ci plus inclusive.
En effet, depuis quelques années, il a été noté, selon nos sources, que le FMI ne cesse d’inclure cette approche dans ses analyses et ses recommandations. La BCEAO quant à elle, a toujours montré tout l’intérêt qu’elle accorde au financement adéquat des économies. Après le marché financier régional et l’agence UMOA Titres, qu’elle a créés pour venir en renfort au financement du secteur public, il semble que le Gouverneur et ses collaborateurs réfléchissent à une amélioration significative du financement des entreprises, et particulièrement des grandes entreprises publiques ou privées, gestionnaires d’intérêts publics qui, en règle générale dans nos pays, émargent fortement sur les deniers publics, accroissant ainsi les charges budgétaires des Etats. Amener ces grandes entreprises vers des financements alternatifs plus appropriés, devrait leur permettre d’améliorer leur gouvernance, et d’accroître leur efficacité et leur viabilité. C’est le lieu de rappeler que la BCEAO avait déjà mis en place un dispositif de financement des PME. Est-ce à penser que son intention soit d’aller progressivement vers un dispositif similaire pour les grandes entreprises ? L’invitation du secteur privé, par la BCEAO, à cette rencontre avec le FMI, n’était donc pas un acte anodin. Le Gouverneur Koné est de ceux qui croient que le Patronat et le secteur bancaire peuvent contribuer largement à la vitalité économique et financière des économies. C’est ce qui explique certainement que ces acteurs aient été associés aux nouvelles dispositions qui seront prises dans le cadre de cette vision.