Pour mieux contribuer à la résilience climatique de la zone ouest-africaine, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a tenu, mardi 06 février 2024 à Dakar (Sénégal), une Conférence internationale sur « le rôle des banques centrales face aux défis du changement climatique ». Occasion pour les instituts d’émission de mieux appréhender le défi et les actions nécessaires.
Sylvestre TCHOMAKOU
Alors qu’il s’étend partout au monde et présente de nombreux défis à relever pour préserver une planète vivable pour les générations actuelles et futures, le changement climatique occupe la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) qui, d’ailleurs, se questionne sur son rôle et celui de ses pairs. C’est dans ce dessein que s’est tenue à Dakar, la Conférence internationale sur « le rôle des banques centrales face aux défis du changement climatique ». A travers cette rencontre qui a mobilisé Gouverneurs de banques centrales, ministres en charge des finances et de l’environnement d’Etats membres de l’Uemoa, experts d’Institutions régionales et internationales du secteur financier, Associations professionnelles, des institutions financières de l’UMOA et structures spécialisées dans le domaine des risques climatiques, il s’agit pour la BCEAO de « Créer un cadre de réflexion et de partage d’expériences sur la politique climat qui favoriserait une meilleure contribution du secteur financier aux objectifs de résilience climatique et de transition vers une économie durable des Etats ». Procédant à l’ouverture des travaux, le Premier Ministre du Sénégal, Amadou BA, a mis l’accent sur le fait que « le changement climatique présente des enjeux très importants au plan international, et singulièrement pour les Etats membres de l’UEMOA qui, à l’instar des autres pays africains, ne sont pas à l’abri des effets du changement climatique ». Mieux, « l’agriculture qui emploie plus de 43% de la main d’œuvre et contribue à 26% du PIB, demeure un secteur particulièrement exposé », précise-t-il.
Pour sa part, le Gouverneur de la BCEAO a insisté sur les risques climatiques, car, fait-il savoir, « si l’engagement des banques centrales à l’égard du changement climatique est récent, toutefois, les actions qu’elles ont mené au cours des dix dernières années reflètent bien la prise de conscience croissante que le changement climatique peut avoir des répercussions importantes sur le système financier de l’économie ». Pour Jean-Claude Kassi BROU, « les risques climatiques sont certes des préoccupations environnementales, mais leurs effets peuvent compromettre la résilience de notre système financier dans son ensemble », car « la problématique du changement climatique transcende les frontières nationales ». Quatre (04) sessions ont été enregistrées pour ce rendez-vous, dont celle inaugurale sur le thème : « Changement climatique : État des lieux des réflexions et implications sur le développement économique de l’Afrique ». Présidée par le Ministre en charge de l’Economie du Sénégal, cette session s’est intéressée aux implications du changement climatique sur la stabilité financière et la politique monétaire conduite par les banques centrales ainsi que sur les problématiques de mobilisation de ressources en faveur du climat. Une table ronde des Gouverneurs de banques centrales a clôturé les échanges en fin de journée.
Il faut noter que la survenue des crises sanitaires et sécuritaires a engendré la réorientation des ressources financières au détriment de la lutte contre le changement climatique. De même, les mécanismes financiers des Accords Multilatéraux sur l’Environnement, notamment le Fonds pour l’Adaptation, le Fonds pour l’Environnement Mondial et le Fonds Vert pour le Climat sont difficiles d’accès pour les Etats membres de l’Uemoa. Au niveau de l’Union, le fonds d’étude Climat mis en place par la BOAD, en relation avec la Commission de l’Uemoa et la Bceao servira de levier pour ces mécanismes financiers.