Le Fonds monétaire international (FMI) estime que le monde devrait débourser entre 3 000 à 6 000 milliards de dollars par an jusqu’en 2050 pour investir dans le climat. Le niveau actuel d’environ 630 milliards de dollars ne représente qu’une fraction de ce qui est vraiment nécessaire, et très peu va aux pays en développement, déplore le FMI.
Issa SIKITI DA SILVA
« Le changement climatique est l’un des défis macroéconomiques et financiers les plus critiques auxquels les membres du FMI seront confrontés dans les décennies à venir. Les récentes flambées du coût du carburant et des denrées alimentaires, et les risques de troubles sociaux qui en résultent, soulignent l’importance d’investir dans l’énergie verte et de renforcer la résilience aux chocs », ont rappelé Kristalina Georgieva et Tobias Adrian.
Cela nécessitera des investissements mondiaux massifs pour relever le défi climatique et les vulnérabilités aux chocs, reconnaissent-ils.
« Nous avons besoin d’un changement majeur pour mobiliser les financements publics et, surtout, privés. Avec 24000 milliards de dollars d’actifs financiers dans les entreprises, soit environ le double du produit intérieur brut du monde entier, le défi pour les décideurs et les investisseurs est de savoir comment orienter une grande partie de ces avoirs vers des projets d’atténuation et d’adaptation au changement climatique », expliquent la Directrice générale du FMI et son collègue.
Qu’est-ce qui empêche l’argent de circuler en plus grand volume vers des projets climatiques en dehors des économies avancées, se posent-ils la question.
A en croire cette institution de Bretton Woods, les investisseurs disposent de nombreuses options alternatives pour générer des rendements, y compris les combustibles fossiles en l’absence d’une solide tarification du carbone. Et actuellement, les projets verts dans les marchés émergents et les économies en développement ne justifient tout simplement pas les risques.
Par exemple, soulignent-ils, les investissements d’atténuation et d’adaptation s’accompagnent souvent de coûts initiaux élevés, de multiples défis techniques, d’un horizon à long terme et de modèles commerciaux non éprouvés. S’ajoutent à cela, des données médiocres, les risques associés aux fluctuations monétaires, aux conditions macroéconomiques, à un environnement commercial imprévisible et au potentiel perçu de bouleversements politiques.
Risques et opportunités
A en croire Jenna Ross, du Visual Capitalist, l’investissement climatique consiste à sélectionner des investissements durables où les risques et les opportunités climatiques sont des considérations clés, cela aide les investisseurs à aligner leurs portefeuilles sur une transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
Selon le Global Sustainable Investing Survey, une étude mondiale menée en 2020 par BlackRock, 88% des investisseurs mondiaux considèrent l’environnement comme la priorité numéro un pour tous les problèmes de développement durable.
Le FMI appelle à la combinaison des financements des secteurs public et privé qui, selon Kristalina Georgieva et Tobias Adrian, est utile pour réduire les risques de ces investissements pour le capital du secteur privé en général, par exemple par le biais d’investissements de première perte ou de garanties de performance.