L’Uemoa s’engage dans un processus ambitieux de renforcement de ses fondements d’intégration pour améliorer sa compétitivité et sa stabilité. A travers une série de réformes économiques, juridiques et sécuritaires, la Commission de l’Union vise à surmonter les obstacles à la libre circulation et à garantir un environnement propice à la croissance et à la coopération régionale.
Aké MIDA
L’intégration régionale est un pilier fondamental du développement économique et social de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Consciente des défis à relever, la Commission de l’Union a fait du renforcement des fondements de l’intégration l’un des axes stratégiques de son Plan Stratégique 2025-2030 (Axe 4). Cette ambition se traduit par des initiatives concrètes dans plusieurs domaines : le marché commun, les politiques économiques, ainsi que la paix et la sécurité.
En effet, l’Uemoa a réalisé des avancées significatives dans la construction de son marché commun. Cependant, plusieurs obstacles freinent encore la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. Le régime de la libre pratique, bien que prévu par les textes communautaires, peine à s’appliquer uniformément en raison de mesures protectionnistes de certains États membres.
La digitalisation des outils douaniers et la facilitation des échanges sont des priorités identifiées pour améliorer l’intégration. Le programme de déploiement des Postes de Contrôles Juxtaposés (Pcj) vise à accélérer les échanges en réduisant les délais d’attente aux frontières.
Un autre enjeu majeur concerne la réforme du cadre juridique et institutionnel de la concurrence afin de garantir un environnement de marché plus équitable. La Commission prévoit également de renforcer la surveillance et la promotion des filières stratégiques sur les marchés de l’Union.
Le Pacte de convergence de l’Union, qui vise à assurer une gestion macroéconomique stable, sera réformé pour intégrer des clauses dérogatoires adaptées aux réalités économiques des États membres.
Le renforcement des accords commerciaux et des partenariats stratégiques avec d’autres blocs économiques, notamment la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), est une priorité pour améliorer l’intégration de l’Union dans le commerce international. En parallèle, des initiatives comme les salons sectoriels “Invest in Uemoa” seront organisées pour attirer les investisseurs privés.
Renforcer les infrastructures sécuritaires
L’instabilité sécuritaire en Afrique de l’Ouest constitue un frein majeur à l’intégration économique et sociale. L’Uemoa a initié plusieurs projets pour renforcer la coopération régionale en matière de sécurité. Le Projet d’Informatisation et d’Interconnexion des postes de police frontaliers (2I-Ppf) vise à faciliter le partage d’informations entre les Etats membres. Sa mise en œuvre devrait permettre de porter le taux d’informatisation de 13,47 % à 25 %.
Par ailleurs, la Commission de l’Uemoa a lancé la construction de 40 postes de police frontaliers, soit cinq salles serveur par pays, pour renforcer la surveillance aux frontières. Un projet de cinq ans a été élaboré à cet effet, visant à appuyer les efforts des Etats membres dans le renforcement du contrôle sécuritaire et sanitaire de leurs frontières (flux migratoires), grâce à des postes de police dûment équipés et interconnectés, selon la division à la Délégation générale à la Paix et à la Sécurité de la Commission de l’Uemoa.
Un livre blanc sur la paix et la sécurité est en cours d’élaboration afin de préciser le rôle de la Commission face aux nouveaux défis sécuritaires. Par ailleurs, un mécanisme de veille et d’alerte précoce (MeVap) sera déployé pour anticiper et gérer les crises dans l’espace communautaire.
Les perspectives sont prometteuses, malgré des défis persistants. Toutefois, la mise en œuvre des réformes nécessitera non seulement l’engagement des États membres, mais aussi une mobilisation accrue des financements et une volonté politique sans faille. L’efficacité des initiatives engagées dépendra de la capacité des institutions régionales à garantir leur application harmonisée sur l’ensemble du territoire de l’Union.