La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a injecté plus de 9.233 milliards FCFA dans les caisses des banques commerciales de l’UEMOA dans le but de maitriser l’inflation dans les pays de l’union. Selon les dernières prévisions, l’inflation s’établirait à 3,7% en 2024, au même niveau qu’en 2023. Par cette opération, le taux d’inflation devrait revenir dans la fourchette cible de 1% à 3% en 2025.
Belmondo ATIKPO
La situation monétaire est marquée par un financement adéquat des économies de l’union. Le rythme de progression des crédits à l’économie se situerait à 8,3% en 2024 et 10,3% en 2025, après 9,4% en 2023. La gestion des finances publiques dans l’UEMOA, au cours du premier semestre 2024, s’est soldée par un déficit budgétaire global, base engagements, dons compris, de 2.938,4 milliards, en diminution de 147,4 milliards par rapport au niveau atteint sur la même période en 2023. Le besoin de financement qui en résulte a été principalement couvert par la mobilisation de ressources sur le marché financier régional et auprès des partenaires et investisseurs extérieurs. Sur le marché financier régional, les conditions de financement des Etats se sont resserrées par rapport au premier semestre 2023, en lien notamment avec la forte exposition des banques au risque souverain, le renchérissement de la prime de risque des investisseurs du fait des incertitudes liées à la situation sécuritaire dans certains Etats de l’Union, et les effets des relèvements des taux directeurs de la Banque Centrale. C’est en se fondant sur ces facteurs que la BECEAO a mis la liquidité à disposition des banques. L’objectif est d’accroitre la compétitivité de l’économie et l’attractivité du commerce au sein de l’UEMOA.
Une croissance à double chiffre
Les échanges extérieurs des pays de l’Union, au cours du deuxième trimestre 2024, se sont traduits par un solde global excédentaire de 1.149,0 milliards, après un excédent de 103,2 milliards enregistré à la même période de l’année précédente. L’amélioration du profil des échanges extérieurs résulte principalement de la hausse des entrées nettes au titre du compte financier, portée par l’émission d’Eurobonds par le Sénégal ainsi que par le repli du déficit du compte courant, qui est ressorti à 5,5% du PIB contre 7,8% un an plus tôt. Le taux d’intérêt moyen pondéré sur le marché interbancaire, toutes maturités confondues, est ressorti à 6,01% contre 5,81% un trimestre plus tôt. Sur le compartiment à une semaine, le taux d’intérêt moyen pondéré a atteint 6,10% contre 5,90% au trimestre précédent et 5,52% un an plus tôt. Le taux débiteur moyen des banques, hors taxes et charges, s’est établi à 7,03% au deuxième trimestre 2024, contre 6,96% au premier trimestre 2024. La situation monétaire à fin juin 2024, par rapport à la même période de l’année précédente, est marquée par une hausse moins importante de la masse monétaire de 3,2%, après une augmentation de 3,7% trois mois plus tôt. Cette évolution est induite par la progression des créances intérieures de 3.856,9 milliards ou 7,0%, dont l’impact a été atténué par la contraction des actifs extérieurs nets de 107,8 milliards ou -3,7%. L’augmentation des créances intérieures résulte de l’accroissement combiné des créances nettes des institutions de dépôt sur les Administrations Publiques Centrales (+2.104,7 milliards ou +9,7%) et des créances sur l’économie (+1.752,2 milliards ou +5,3%). Sur le marché boursier régional, l’indice global, le BRVM Composite, a progressé de 6,1% au cours du deuxième trimestre 2024, après 0,3% le trimestre précédent. La capitalisation boursière de l’ensemble des titres cotés sur le marché s’est améliorée, en rythme trimestriel, de 4,6%, après une progression de 0,1% trois mois plus tôt. Cette évolution reflète l’augmentation de la capitalisation du marché des actions (+6,5%) et celle du marché des obligations (+3,1%). Sur une base annuelle, la capitalisation boursière globale du marché a progressé de 8,7%. 13. Les perspectives économiques au sein de l’UEMOA restent favorables.
Le PIB de l’UEMOA en hausse
Selon les dernières prévisions de la BCEAO, le taux de croissance du PIB de l’Union, en termes réels, ressortirait à 5,9% en 2024, puis à 6,9% en 2025. Cette accélération serait notamment impulsée par la bonne tenue des productions extractives et manufacturières ainsi que de l’activité dans le sous-secteur “Bâtiments et Travaux Publics”. Ces perspectives demeurent cependant tributaires de l’évolution de la conjoncture internationale, de la situation socio-politique et sécuritaire ainsi que des effets du changement climatique. La gestion des finances publiques serait caractérisée par une réduction du déficit budgétaire global de l’Union, qui passerait de 4,2% du PIB en 2024 à 3,3% du PIB en 2025, après une réalisation de 5,2% en 2023. Le repli attendu du déficit public résulterait notamment de la poursuite de la mise en œuvre des réformes liées à la modernisation des administrations fiscales et douanières ainsi que de la rationalisation des dépenses publiques. A l’échelle de l’Union, le taux d’endettement public s’établirait, pour sa part, à 60,6% du PIB en 2024 et 59,4% en 2025, contre 59,8% en 2023. Cependant, les risques de déviation de la trajectoire de consolidation budgétaire restent élevés. En effet, de fortes incertitudes entourent la situation sécuritaire et socio-politique de certains pays de l’UEMOA. La décélération des prix dans l’Union devrait être plus lente que prévu, en raison des effets des chocs d’offre (faible performance enregistrée de la campagne agricole 2023/2024, levée des subventions sur certains produits, situation sécuritaire, etc.), avec un pic d’inflation au deuxième et troisième trimestre 2024. En revanche, les effets des mesures prises par certains Etats de l’Union pour lutter contre la vie chère ainsi que la détente projetée des cours mondiaux des produits alimentaires et pétroliers importés induiraient une baisse progressive du taux d’inflation, qui se situerait à 2,6% à l’horizon de prévision de huit (8) trimestres, défini pour la mise en œuvre de la politique monétaire. Pour l’année 2024, le taux d’inflation serait en moyenne de 3,7% au même niveau que 2023, puis de 2,9% en 2025.