Malgré la montée en flèche de l’informatique en Afrique de l’ouest, le‘’small business ‘’béninois tarde à s’informatiser. Le chemin est parsemé de nombreux obstacles.
Issa SIKITI DA SILVA
Apres avoir inventorié les recettes quotidiennes générées par sa boutique des produits de beauté, Marie Dansou enregistre toutes les opérations dans un gros cahier ligné. Le cahier joue le rôle d’ordinateur où figurent toutes les opérations de vente et d’achat, y compris les dépenses, les recettes et les créances.
La nuit tombe mais il faut que le cahier soit remis en ordre avant de fermer la boutique. D’abord il faut tracer les lignes verticales et les petites cases dans lesquelles les montants seront enregistrés. La tâche est énorme et la frustration est visible.
« C’est difficile quand tu dépends d’un cahier pour gérer ton business. J’aurai des problèmes sérieux si un jour je venais à le perdre. Ce serait facile si toutes ces opérations pouvaient être enregistrées dans un ordinateur », déclare-t-elle.
Bon nombre de petits commerces et petites entreprises qui opèrent à Cotonou, la capitale economique du Bénin, se trouvent dans la même situation que la boutique de Marie Dansou.
Connaissances en informatique
«Ni moi ni mon assistante, personne ne sait manier un ordinateur. Nous faisons toutes nos commandes par téléphone. C’est trop couteux. Parfois on fait ça sur Whatsapp mais certains de mes clients insistent qu’on devrait plutôt le faire le plus souvent par e-mail. Il faut que la situation change cette année. Il mefaut apprendre l’informatique et informatiser mon business, c’est très important car le monde change. Je voudrais une page Facebook pour ma boutique et pourquoi pas même un site internet », confesse-t-elle.
« Il y a aussi le problème du prix des ordinateurs. Ça coute trop cher. Un très bon ordinateur portable coute plus de 200 000 FCFA. Il faut aussi installer l’internet et payer pour ça. Je pense que tout ça est un investissement à part entière. Mais parfois il faut faire des sacrifices pour avancer», poursuit Marie Dansou.
Une autre commerçante, Viviane Djossou, qui vend des habits exotiques, a des ambitions de se lancer dans le e-commerce pour développer and internationaliser son business. « J’ai beaucoup de clients en dehors du Bénin et certains parmi eux m’ont demandé si c’était possible d’acheter en ligne. J’étais vraiment embarrassée parce que je ne sais même pas comme cela fonctionne », déclare-t-elle.
« En plus, mes futurs partenaires veulent que j’informatise mon commerce avant qu’ils ne collaborent avec moi donc il faut que je passe en vitesse de croisière. Pendant que les autres s’adaptent aux nouvelles technologies et s’épanouissent, nous on continue à tourner en rond. Ce n’est pas bon du tout», ajoute-t-elle.
Enseignement et gouvernement
Un rapport de l’OECD, Organisation for Economic Cooperation and Development, publié en 2004 et intitulé ‘’ICT, E-Business and Small and Medium Enterprises’’ déclare que les gouvernements ont un rôle prépondérant à jouer dans ce domaine parce qu’il faut qu’ils mettent à la disposition des populations des compétences de base en technologies de l’information et de communication (TIC) dans l’enseignement général.
Bon nombre des établissements scolaires et académiques au Bénin sont dépourvus du matériel informatique et cela constitue un obstacle pour les futurs diplômés qui vont se lancer soit dans le marché du travail soit dans l’entreprenariat.
Par ailleurs, le rapport de l’OECD recommande aux gouvernements de collaborer avec les établissements d’enseignement et les entreprises en leur fournissant le cadre nécessaire pour encourager la formation aux TIC au niveau supérieur, dans la formation professionnelle et dans l’apprentissage continu tout au long de la vie.
Avantages
La performance économique est plus forte dans les entreprises qui utilisent les TIC et plus encore dans celles qui utilisent plusieurs applications des TIC, dit la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
« La communication par courrier électronique et Internet peut aider à améliorer la communication externe, en particulier, entre l’entreprise et ses clients ou entre une entreprise et une autre (‘’business-to-business’’). Ce type de communication peut réduire les coûts de transactions, augmenter la vitesse et la fiabilité des transactions, et enfin extraire une valeur maximale de chaque transaction dans la chaîne de valeur », révèle le rapport de l’OECD cité ci-dessus.