Les efforts de la Federal Reserve » (la Banque centrale américaine) de combattre l’inflation galopante aux Etats-Unis en augmentant les taux d’intérêts pourraient provoquer l’alourdissement de la dette des pays pauvres et les feraient souffrir, a rapporté le « Washington Post » dans son édition de lundi.
Issa SIKITI DA SILVA
Bon nombre des pays à faible et intermédiaire revenu, surtout en Afrique, empruntent souvent des sommes colossales en dollars pour importer des produits de première nécessité qu’ils ne sont pas capables de produire, ou pour renforcer la crédibilité internationale de leurs réserves bancaires.
La plupart de ces pays, qui éprouvent déjà des difficultés financières pour avoir dépensé énormément d’argent pour lutter contre la pandémie de Covid-19, semblent se retrouver actuellement dans l’abysse à cause de l’invasion russe de l’Ukraine (hausse des denrées alimentaires et du carburant).
Selon les derniers chiffres, les prix aux États-Unis ont augmenté à un rythme effréné de 9,1% en juin, et cela devrait inquiéter les pays pauvres, car leur destin se trouve actuellement entre les mains de Janet L. Yellen, la Secrétaire américaine au Trésor, et son équipe.
« Un resserrement de la politique monétaire américaine aggraverait ces problèmes, car la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis peut faire grimper le coût du financement de la dette pour les dizaines de pays à faible revenu qui empruntent en dollars », a souligné le Washington Post.
Restructuration problématique
Les pays qui vont souffrir le plus si les américains augmentent les taux d’intérêt pour freiner l’inflation sont ceux qui sont les plus endettés, et dont la restructuration de leur dette devient de plus en plus problématique.
Environ 60% des pays pauvres sont surendettés ou courent le risque de l’être, selon la Banque mondiale, qui précise qu’en Afrique subsaharienne par exemple, l’endettement a bondi de 27% du Produit intérieur brut (PIB) en moyenne.
« Avec le resserrement des conditions financières, le fardeau du service de la dette devient un lourd fardeau – et pour certains pays, insupportable », a indiqué Kristalina Georgieva, la Directrice générale du Fond monétaire international (FMI) lors du dernier sommet de G20 à Bali (Indonésie).
Des signes de danger apparaissent dans de nombreuses régions du monde, martèle le Washington Post, qui ajoute que les chiffres inflationnistes du mois de juin devraient en principe pousser les autorités monétaires américaines à augmenter agressivement les taux d’intérêts pour contrer davantage l’inflation.
Lorsque la banque centrale américaine augmente le taux d’intérêt, le dollar devient plus cher par rapport aux autres devises. Cela rend le remboursement de la dette des pays emprunteurs plus coûteux.