En vue de mieux évaluer la manière dont l’Afrique est couverte par les principaux médias internationaux, « The Africa Center », basé à New York, l’organisation pour le changement de discours « Africa No Filter », « Media Monitoring Africa » et « l’Université du Cap (UCT) », ont décidé d’unir leurs forces pour développer l’indice mondial des médias. L’annonce a été faite le dimanche 16 janvier 2022 par African Media Agency (AMA).
Sylvestre TCHOMAKOU
Face à l’absence d’outil adéquat pour apprécier l’impact et l’authenticité du narratif africain raconté dans les médias internationaux, des institutions à caractère international sont à la manette d’une nouvelle initiative médiatique pour mieux appréhender la couverture de l’Afrique par les médias internationaux.Dénommé « Indice mondial des médias », cette nouvelle initiative examinera 20 grandes plateformes médiatiques internationales afin d’analyser la manière dont elles racontent l’histoire de l’Afrique, quelles voix sont entendues, quels sujets sont prioritaires et comment ils sont couverts. Par ailleurs, l’indice mondial des médias mettra en évidence les meilleures pratiques en matière de reportage sur le continent. Selon African Media Agency (AMA),le projet s’appuiera sur une série de méthodes, notamment l’analyse de contenus, l’analyse institutionnelle et des entretiens avec des journalistes travaillant pour des médias internationaux. Il s’agit, à travers cette méthode, d’établir les thèmes dominants, les récits et les pratiques journalistiques qui façonnent l’image de l’Afrique. L’indice est important, car un tiers de tous les articles sur l’Afrique publiés dans les organes d’information du continent proviennent de services d’information étrangers. On reproche souvent aux médias internationaux de présenter le continent sous l’angle de la maladie, de la pauvreté, des conflits, de la corruption et une mauvaise gestion des dirigeants. L’indice mondial des médias est le dernier projet financé conjointement par Africa No Filter et The Africa Center, axé sur les représentations médiatiques de l’Afrique. La recherche sera dirigée par Herman Wasserman, professeur d’études médiatiques au Centre d’études cinématographiques et médiatiques de l’UCT, en collaboration avec les professeurs associés Tanja Bosch et Wallace Chuma ainsi que Dr. MeliNcube, également de l’UCT, et William Bird de Media Monitoring Africa.
Changer les récits sur l’Afrique
L’indice mondial des médias viendra compléter une série d’initiatives relevant du principe de rupture signée par Africa No Filter, notamment la première agence de presse africaine pour les histoires d’intérêt humain « bird », et le manuel de narration éthique : Comment écrire sur l’Afrique en 8 étapes. MokyMakura, Directrice exécutive de Africa No Filter, a déclaré : « Très peu d’institutions sont aussi puissantes que les médias internationaux. En tant que créateurs de contenus pour des millions de personnes, les médias établissent les programmes d’élaboration des politiques, encadrent le débat politique et façonnent les perceptions du public international. L’indice mondial des médias s’inscrit dans le cadre de notre rôle de surveillance et vise à montrer ce qui est bien plutôt que mal dans les reportages sur l’Afrique. Il y a des progrès, et nous avons constaté que les organes d’information internationaux sont devenus plus réfléchis dans leur couverture, mais nous n’en sommes pas encore là, et nous espérons que cet indice permettra de mettre en lumière ceux qui font bien les choses ». Pour UzodinmaIweala, PDG de The Africa Center, « si nous voulons changer les récits sur le continent et sa diaspora afin qu’ils soient plus représentatifs et réfléchis, nous devons avoir une compréhension de base de ce que sont ces discours et où ils sont établis. Cet indice est un pas dans la bonne direction. Il contribuera à créer une nouvelle approche qualitative et quantitative pour comprendre comment les journalistes dépeignent l’Afrique et ses habitants, et savoir dans quelles zones les messages qu’ils partagent trouvent le plus d’écho dans le paysage médiatique international ». Pour sa part, Herman Wassermana précisé que « l’objectif n’est pas de promouvoir » un journalisme d’investigation » positif sans critique, mais plutôt de présenter un journalisme bien conçu, correctement enquêté, éthiquement sain et ayant un impact, qui prend le continent africain au sérieux dans toute sa diversité et sa complexité, qui donne aux citoyens africains les moyens de participer à la démocratie et à des conversations significatives sur le continent, et qui contribue à une meilleure compréhension des sociétés, de la politique et de la culture africaines dans un monde globalisé». Autant dire qu’il s’agit d’une initiative qui se veut de mieux placer l’Afrique au centre des médias internationaux à travers des rédactions réfléchies et réalistes.
À propos de Africa No Filter
Africa No Filter est une collaboration de donateurs qui modifie les représentations stéréotypées et néfastes de l’Afrique par la recherche, l’octroi de subventions, la création de communautés et le plaidoyer en soutenant les créateurs d’histoires, en investissant dans les plateformes médiatiques et en menant des campagnes de sensibilisation. La collaboration de donateurs est financée par la Fondation Ford, Bloomberg, la Fondation Andrew W. Mellon, Luminate, les fondations Open Society, Comic Relief, la Fondation Hilton, le British Council et la Fondation Hewlett.
À propos de The Africa Center
The Africa Center transforme la compréhension que le monde a de l’Afrique, de sa diaspora et du rôle des personnes d’origine africaine dans le monde. Servant de plaque tournante pour l’échange d’idées sur la culture, les affaires et la politique en rapport avec le continent, et dans un esprit de collaboration et d’engagement avec les individus et les institutions qui partagent les valeurs du Centre, The Africa Center inspire l’enthousiasme, fait progresser la réflexion et l’action autour de l’influence globale de l’Afrique et de son impact sur notre avenir collectif. La présence physique de The Africa Center sur la Cinquième Avenue, à l’intersection de Harlem et du Musé Mile, incarne le dynamisme et la diversité de l’Afrique et de sa diaspora au cœur de la ville de New York.