Si dans l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), le taux d’inclusion financière est passé de 22% en 2010 à 55% en 2017, au Bénin, le taux est passé de 7% en 2015 à plus de 31% au cours de la même période.
Abdul Wahab ADO
Des efforts restent encore à faire dans certains pays de l’Uemoa dont le Bénin en matière d’inclusion financière pour atteindre 75% dans cinq ans. Car, selon les chiffres de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), le taux d’inclusion financière dans l’Uemoa est de 55% en 2017. Au Bénin, ce taux est était à 31%. Le pays a connu une évolution croissante de son taux d’inclusion financière numérique, passant de 7% de la population adulte en 2015 à plus de 31% en 2017. En effet, les données confirment que le Benin est dans une phase de bancarisation rapide, qui se traduit par une nette augmentation du nombre de comptes clients enregistrés (+159% entre 2015 et 2017) suivie d’une augmentation encore plus nette du nombre de comptes clients actifs : +396% entre 2015 et 2017). En terme de produits, le marché béninois est toujours fortement dominé par les produits de première génération. Il s’agit des transferts nationaux entre particuliers (P2P) ; encaissement (Cash-In) et retrait de cash (Cash-out) ; achat de crédit téléphonique et paiement de factures. Il n’y a pas de produits de deuxième génération. Il faut préciser que les comptes enregistrés notamment les comptes actifs, entre décembre 2016 et décembre 2017, montrent que le nombre de comptes clients enregistrés a augmenté de 56% et le nombre de comptes clients actifs sur les 90 derniers jours a doublé (116%). Le marché des services financiers numériques au Bénin est donc en pleine expansion. Le Bénin est considéré comme un marché émergent en ce qui concerne les services financiers numériques, mais cela pourrait changer. Les services de première génération (transfert d’argent, e-top-up) dominent sur le marché. Mais on note un fort engagement des (OTM) Opérateurs de transfert de monnaie qui s’investissent dans le secteur, allant jusqu’à développer des filiales autonomes pour gérer leurs activités de « mobile money ». Cette prédominance des OTM a été confirmée par la dernière mise à jour de la cartographie de ‘’Finclusion Lab’’ qui montre que 90% des points d’accès en 2017 sont attribuables aux OTM, à l’issue d’une croissance annuelle de 118% en 2016 et de 19% en 2017. Bien que le Bénin ait réalisé quelques performances, ses efforts ne sont pas suffisant selon les résultats obtenus au niveau régional. Car, l’objectif désormais est de permettre à 75% des populations de la zone Uemoa d’accéder aux services financiers à des coûts abordables dans un horizon de 5 ans.
La Côte d’Ivoire double le taux d’inclusion du Bénin
Au pays des éléphants, le taux d’inclusion a explosé. Le ministre ivoirien de l’Economie et des finances, Adama Koné, lors d’un atelier en fin février 2019 a fait savoir que « le taux d’utilisation des services de la monnaie électronique est ressorti à 45,9% en 2017, alors que ces services n’existaient pratiquement pas en 2010. Le taux d’inclusion financière est passé de 18,6% en 2010 à 60,7 en 2017 ». C’est grâce aux conditions favorables de développement des services financiers numériques qui ont permis d’accroître, en Côte d’Ivoire, l’accès des populations aux services financiers. Si la Côte d’Ivoire a atteint un taux formidable d’inclusion financière, au Mali, le taux de bancarisation atteint 17 % en 2017. Au Niger, le taux d’inclusion financière se situe à 15%. Le Niger a encore du chemin à faire, en ce qui concerne la pénétration des services bancaires au sein de la population. Le pays affiche un taux de bancarisation d’environ 5%, a affirmé Mohamed Mouddour, le directeur exécutif de l’association professionnelle des banques et établissements financiers du Niger, lors de la rencontre de sensibilisation. Quant au Sénégal, moins de 15% des Sénégalais disposent ainsi d’un compte. D’après l’enquête, seuls 13,4%, 12,1% et 8,4% des adultes disposent respectivement d’un compte au sein d’une entreprise de téléphonie mobile, d’une institution de micro finance et d’une banque. Avoir un compte dans une entreprise de téléphonie mobile est plus cité par les sénégalais. Ainsi, 13,4% des sénégalais disposent d’un compte au sein d’une entreprise de téléphonie mobile. Au Togo, de 2014 à 2018, la proportion de togolais adultes (âgés de plus de 15 ans) ayant accès à des institutions financières est passée de 18,3% à 45,3%, soit un peu moins de la moitié de la population adulte, selon la Banque mondiale dans son rapport de 2018 sur l’inclusion financière. Cela représente une hausse de 27% dans cette période. Ce pourcentage n’était que de 10% en 2011. Une telle évolution est cohérente avec la tendance générale en matière d’inclusion financière. Les comptes de mobile money, par exemple, ont connu une progression de 20% (de 1,4% à 21,5%). Par ailleurs, la proportion à ce jour de comptes possédés par des femmes est de 37.6%, et les populations rurales du Togo représentent quant à elles près de la moitié (45%) des comptes dans les institutions financières. Notons que, selon le rapport, l’évolution générale positive de l’inclusion financière est portée par l’usage de plus en plus en plus important du numérique, et l’émergence de nouveaux services financiers accessibles par les téléphones mobiles et internet. Par ailleurs, il faut rappeler que le taux d’inclusion financière numérique désigne la proportion de la population adulte (âgée d’au moins 15 ans) qui dispose d’un compte de monnaie numérique.