Les objectifs de croissance des pays de l’Union monétaire économique ouest-africaine (Uemoa) sont fortement touchés par la pandémie du coronavirus. Une récente étude de Bloomfield Investment estime que la croissance des pays de l’espace pourrait se contracter de moitié.
Félicienne HOUESSOU
La croissance économique de la zone Uemoa risque de connaitre un renversement après huit années de croissance supérieure à 6% par an. En dépit des perspectives plutôt optimistes pour 2020, la croissance des 8 pays de l’espace pourrait chuter de 50% en cette année en raison du changement brutal dans la conjoncture. Selon le rapport de Bloomfield Investment « L’impact du covid-19 sur la zone Uemoa », la baisse des principaux produits d’exportation, la diminution des transferts des migrants, les secteurs à l’arrêt, la chute de recettes publiques et l’accroissement du poids du service de la dette, sont les principales conséquences du coronavirus sur les pays de la zone.
Pour l’agence de notation, une baisse des exportations des matières premières est en vue. Les cinq principaux produits d’exportations de la zone sont : l’or, le cacao, le pétrole, la noix de cajou et le coton. Ils représentent 64,72% des exportations totales de biens destinés à l’Union européenne (44%), l’Afrique (21%), l’Asie (20%) et l’Amérique (8%). « Le secteur agricole pourrait pâtir de la baisse des subventions ou distribution d’intrants réalisés par certains Etats dans leur Plan National d’Investissement Agricole, et de la baisse de la demande. Le maintien de la Côte d’Ivoire du prix bord champ du cacao pour la campagne intermédiaire, est une bonne nouvelle pour les paysans de ce sous-secteur. En Guinée Bissau, la situation pourrait être critique pour le secteur agricole, avec un cours baissier de la noix de cajou. La conséquence sera un découragement des petits producteurs entrainant ainsi une baisse de la production nationale », observe Bloomfield Investment.
S’agissant des cours du pétrole, ils ont perdu plus de 60% de leur valeur sur le premier trimestre. Cette chute découle du déséquilibre sur le marché entre offre abondante et baisse de la demande mondiale. Les experts de Bloomfield pensent que « même si les pays producteurs arrivaient à s’entendre sur un quota de production, le ralentissement de l’économie mondiale et l’importance des stocks imiteraient la hausse des cours par rapport à leur niveau de l’année dernière. La Côte d’Ivoire, le Niger et le Sénégal sont les principaux pays de la zone dont les exportations seraient exposées ». En outre, le Bénin et le Niger pourraient être aussi impactés indirectement par la baisse du prix du pétrole via le Nigeria avec un recul des réexportations et des activités agropastorales, respectivement.
Dette et finances publiques
Les pays européens, d’où parte la majorité des transferts de fonds vers l’Uemoa, et en premier lieu la France et l’Italie. Ces pays sont actuellement à l’arrêt à cause du ravage du coronavirus. Cette situation qui va réduire les disponibilités financières. Les pays les plus exposées à en croire Bloomfield Investment, seront le Sénégal, le Mali et le Togo, les transferts représentant respectivement 10%, 5,5% et 7,7% de leur PIB en 2018. L’agence estime qu’avec la baisse des recettes budgétaires (ressources fiscales et douanières), la pression sur le paiement des services de la dette sera forte. Selon le cabinet ivoirien, les pays les plus exposés seront le Bénin, le Burkina Faso et le Togo, compte tenu du ratio service de la dette totale sur les recettes publiques hors dons pour 2020 projeté par le FMI.