Réuni en conseil des ministres le mercredi 26 février 2019, le gouvernement béninois a fixé les prix du carburant à la pompe au mois de mars. Pour cette période, l’essence sera vendue à 505 FCFA contre 535 FCFA actuellement. Pendant ce temps, l’essence de contrebande est au prix de 600 FCFA dans un contexte de fermeture des frontières. L’étau se resserre-t-il ainsi autour de l’essence de contrebande?
Bidossessi WANOU
La lutte contre l’essence de contrebande au Bénin aura trouvé un nouveau souffle grâce à la fermeture des frontières nigérianes. La fin du règne de l’essence de contrebande semble s’annoncer même en l’absence de toute représailles ou coup de force. Sans publicité, ni tapage aucun, les stations services sont devenues l’allié de plusieurs béninois en quête du distributeur le moins cher. La nouvelle situation profite aux promoteurs de stations services qui, à la sortie du conseil des ministres du mercredi 26 février 2020, peuvent mieux se repositionner sur le marché. De 530 FCFA, le litre d’essence dans les stations services sera vendu à 505 FCFA au mois de mars ; une réduction du prix qui renforce encore la grande mobilisation autour des stations services. Entre 45 FCFA et 95 FCFA, la différence avec l’essence de contrebande est nette avec le fossé qui se creuse davantage quant aux prix au mois de mars 2020. Les stations services dans l’immédiat, peineront à satisfaire le nombre croissant de demandes du fait de la ruée qui s’observe, notamment en début de soirée jusqu’à tard dans la nuit. L’essence de contrebande doit désormais son existence à l’insuffisance, la faible couverture du territoire national de stations services.
L’essence de contrebande entre essoufflement et résistance
A la faveur de l’insuffisance en couverture du territoire en station service, l’essence de contrebande tient encore vaille que vaille. Désormais, les manières changent. En effet, certains distributeurs font la queue dans les stations services où ils s’approvisionnent en quantité, soit avec des bidons de 25 ou de 50 litres pour aller les redistribuer en détail au niveau de leur étalage. Un business de maintien de forme qui est encouragé par quelques clients contraints parce que, cherchant à éviter les longues files d’attentes dans les stations services où, la rupture de stocks s’invite elle aussi fréquemment au rendez-vous. Ce, en raison de la demande de plus en plus croissante ; demande à laquelle les stations n’étaient pas habituée. Pendant ce temps, les vendeurs de kpayo sont en difficulté. « Je continue par venir parce que quelques uns en demandent toujours. Tout le monde n’est pas prêt à aller faire des rangs à la station » ; ainsi s’est exprimé Didier Agbantè pour justifier sa présence encore dans le secteur de l’essence de contrebande. Toutefois, il reconnait la chute progressive de son chiffre d’affaires depuis la fermeture des frontières. Son homologue Mohamed Oura fait la même remarque. « On croyait que c’est comme les autres fois et que la situation reviendra bientôt à la normale mais ça va de mal en pire ». A les croire, ils y sont encore malgré eux. D’alternative secondaire, ils n’en disposent pas, alors qu’ils ont une famille et des charges à supporter. Les difficultés autour du « kpayo » s’accentuent, l’étau se resserre et si la situation perdure, beaucoup seront bientôt obligés de se reconvertir. D’ailleurs, la piste d’approvisionnement auprès des stations services pour revente qu’explorent certains crée déjà de remous et certaines stations services, depuis peu, n’acceptent plus servir si ce n’est dans les moyens roulants. L’essence de contrebande serait-il à ses derniers jours ? Bien malin qui y répondra.