La communauté internationale a célébré, le vendredi 27 septembre 2019, la journée mondiale du tourisme. Le thème retenu cette année est le suivant : « Tourisme et emploi, un meilleur avenir pour tous ». Quelques jours avant cette célébration, nous avons tendu le micro à un expert en tourisme.
Expert international en tourisme durable et digital, ancien directeur de cabinet, représentant de l’Afrique au comité de programme de l’Organisation mondiale du tourisme de 2007 à 2015, notre interlocuteur est également expert de la conférence des Nations-unies pour le commerce et le développement. Il y pilote un programme de tourisme électronique qu’il a conçu.
Quelques jours après la célébration de la journée mondiale du tourisme, nous publions les déclarations de cet expert qui renseigne que le Bénin dispose de cadres émérites qui ont des initiatives qui sommeillent faute de portage politique. En effet, il est l’initiateur et le coordonnateur du programme ‘’Emploi pour tous par le tourisme durable, digital et global en Afrique, dans les PMA et dans le monde’’.
L’économiste du Bénin : La communauté internationale célèbre le vendredi 27 septembre 2019, la journée mondiale du tourisme. Quelles sont les observations que vous avez par rapport à la thématique retenue cette année ?
Guy Johnson : Je me réjouis de cette thématique parce qu’elle dit : ‘’Tourisme et emploi, un meilleur avenir pour tous’’. Mais qu’est-ce que l’organisation mondiale a bien voulu dire par ce thème-là ? Que le monde se porte mal. Et si vous lisez le discours des plus grands, par exemple la directrice générale du fonds monétaire international, le monde se porte mal pour des questions de croissance. Il n’y en a pas suffisamment, pour des questions d’instabilité et à cause des tensions sociales. Voilà les trois facteurs principaux que madame Christine Lagarde a mis en exergue dans un discours récent que nous avons lu sur internet. Alors, je constate que l’organisation mondiale du tourisme aussi, puisque c’est elle qui a mis ce sujet à l’ordre du jour, a constaté que le tourisme peut offrir un meilleur avenir à tout le monde. C’est très ambitieux et c’est ce thème que l’organisation mondiale du tourisme propose à notre réflexion, et si elle propose, ça veut dire que la chose est réalisable. Et elle est réalisable. Je peux vous dire que je travaille sur ce thème depuis 12 ans et j’ai deux solutions pour résoudre ce problème : une publique et une privée. J’appelle ça, des solutions pour enrayer le chômage et recueillir les migrants économiques.
Quel est l’état des lieux de la contribution du tourisme à l’emploi au Bénin ?
Au Bénin, c’est globalement faible. Parce que si le tourisme même n’est pas développé, si les flux touristiques ne sont pas importants, si la chaine de valeurs touristiques n’est pas valorisée, la contribution est forcément faible. Mais dans tous les cas, le tourisme, même inorganisé occupe déjà, dans beaucoup de pays africains, le premier ou le deuxième rôle en termes économique et social. Donc, c’est de la même façon au Bénin aussi. Même inorganisé, puisque les autres secteurs ne sont pas suffisamment performants, le tourisme emploie pas mal de personnes, les chiffres que nous avons l’habitude de voir, avec une petite réserve sur nos chiffres aussi, parce que souvent, le système de collecte et de traitement n’est pas très efficace. Et c’est entre 6% et 8%, dont la main d’œuvre totale est active. Au Bénin, on chiffre souvent aussi entre 100.000 et 300.000 personnes. Mais le potentiel est énorme et nous avons intérêt, comme l’organisation mondiale du tourisme nous le recommande, parce qu’elle n’a pas inscrit ce sujet par hasard. C’est pour nous dire : pourquoi vous ne regardez pas de ce côté-là ?
Quelles sont les solutions que vous proposez pour que ce secteur soit un véritable pôle de création d’emplois au Bénin ?
Le Bénin a un programme d’actions de gouvernement qui est suffisamment ambitieux en ce qui concerne le secteur du tourisme. J’ai cru entendre et voir des chiffres de l’ordre de 622 milliards FCFA ou 50 milliards FCFA pour créer huit pôles. Ce qui est assez ambitieux. Ça, je le souligne fortement : pendant mes 30 ans de service en tourisme béninois, je n’ai pas vu d’ambition aussi forte et de volonté aussi manifeste. Mais la question que je me pose est la suivante : pourquoi les programmes ne fleurissent pas, après 3 ans ?
Je vais faire une proposition pour le continent africain, pour les pays les moins avancés d’Amérique, d’Asie, pour le monde entier. La solution est universelle, donc elle n’est pas spécifique pour le Bénin. Mais si le Bénin est demandeur de cette solution, on va l’accompagner avec. C’est une solution révolutionnaire qui est basée sur deux axes. La coopération et le numérique. Quand je parle de la coopération, je parle de coopération généralisée, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de quartier à faire. Il faut y aller à fond. Coopérations locale, nationale, régionale, continentale et mondiale. Mais on coopère avec quoi ? Avec de vrais programmes et projets, qui satisfont les intérêts réciproques parce que notre démarche de coopération, je trouve qu’elle n’est pas bonne. En général, nous coopérons pour nos intérêts. C’est dire que nous allons toujours plaider pour nos intérêts envers les autres sans avoir infiltré leurs intérêts à eux. C’est une erreur hautement stratégique de coopération. Donc ma solution pour la coopération a déjà fait ces preuves. On n’a même plus besoin de prouver quoi que ce soit, parce que partout où j’ai eu l’occasion de la présenter, elle n’a jamais été recalée. Que ce soit auprès de tous les ministres de tourisme d’Afrique, tous les ministres de tourisme du monde, cette solution est passée. Cette solution a été présentée au Ticad depuis 2009. Le Ticad la cherchait, on l’avait estimée entre 10 000 et 15 000 milliards FCFA. C’est écrit noir sur blanc par l’organisation mondiale du tourisme. Mais, la solution n’a pas été accompagnée, donc elle est toujours là. Il se trouve que c’est une solution qui a une résolution à l’organisation mondiale du tourisme, donc elle ne meurt pas. C’est une résolution de tous les gouvernements du monde et de tous les ministres du tourisme d’Afrique qui est là. Donc, le pays d’Afrique qui la veut peut être accompagné avec cette solution de coopération. Dès que le Pnud a pris note de cette solution, il a signé. Les japonais l’ont vue, ils ont demandé à l’avoir. La conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) l’a vue, elle a voulu qu’elle soit articulée avec son programme de tourisme. Le centre pour le commerce international de Genève, c’est-à-dire l’organisation mondiale du commerce l’a vue, elle était également intéressée. Les ministres de tourisme de l’Uemoa, les experts du tourisme de la CEDEAO, tout le monde est intéressé. Ce qu’il faut, c’est le portage politique. Maintenant, c’est un programme de partenariat Public-privé et donc, elle a un pendant privé, c’est-à-dire qui peut démarrer en privé sans la volonté politique des Etats, mais avec la volonté des acteurs privés. Quand je dis acteurs privés, je parle de tous les hôteliers, restaurateurs et acteurs des secteurs connexes au tourisme. C’est-à-dire transport, environnement, culture, industrie, commerce, etc. Et donc les universités, les écoles, les chômeurs eux-mêmes, chaque individu a sa place. Et ça, c’est le numérique qui est capable de fédérer l’action de tous ces acteurs. Autour de la réforme du secrétaire général des Nations-Unies qui est unie dans l’action, parce qu’on ne peut rien faire sans être uni. Voilà mes deux solutions. Alors concrètement, on peut dire que ces solutions sont dotées de quatre composantes. On a une composante technique autour de 32 projets concrets, démultipliables en des millions de projets en fonction du nombre d’acteurs. Dans ma solution, je prends en compte l’individu. C’est-à-dire que chacun doit s’impliquer, chacun est concerné par le sujet. Donc, chacun doit prendre sa responsabilité sociale dans ce programme. Il y a aussi la solution technologique appliquée à la solution technique touristique. La solution technologique, c’est ce j’appelle le système de gestion de destination. Donc il y a une solution technologique qui permet aujourd’hui de faire entrer tous les villages dans le marché mondial. Avant, lorsque nous devrions aller vendre nos tourismes du Bénin, nous devions aller en France, en Allemagne, aux Etats-Unis, au Canada. Aujourd’hui, à partir de vos smartphones, ordinateurs, vous savez faire ça. Alors, pourquoi gaspiller son argent et son temps. Ce qui est intéressant, c’est que c’est faisable. En tout cas, moi, ma solution propose que ça se fasse au niveau de chaque village. Au Bénin, on a 5290 villages. Ils ne sont pas tous liables touristiquement mais si je les regroupe par 10 j’ai 529 équipes d’acteurs touristiques. J’en reviens maintenant à environ 545 arrondissements, ce qui équivaut à 545 autres équipes. Chaque équipe ayant des responsabilités et tâches en fonction de son niveau. Plus les moyens sont disponibles plus les effectifs seront revus à la hausse puisque le besoin existe. Tous les emplois qui seront créés grâce à la réalisation de cette solution ont des débouchés qui existent déjà.
Alors, moi, la technologie me permet, si mon programme est sollicité, de passer l’entrainement. Parce que souvent, quand on veut faire le diagnostic du chômage, on cite mille et une causes. Personnellement, je n’en cite pas mille et une causes, je cite une seule cause qui est l’insuffisance de compétences pour résoudre le problème. Puisque souvent, en Afrique, et particulièrement au Bénin, on n’est pas dans la logique, de résolution des problèmes. On regarde les problèmes, on les contourne et ils restent là. Mais tant qu’ils resteront là, ils vont nous rattraper tout le temps. L’idée est maintenant que chacun se lève aujourd’hui pour résoudre son problème de chômage. Alors, quelle est la solution ? Ce n’est pas les diplômes. Les enfants doivent être des experts et les entreprises aussi doivent faire l’appel à l’expertise. La plupart du temps, ce n’est pas le cas. On fait appel à l’expert pour créer l’entreprise. Mais pour la gestion, ce recours n’est pas fait et cela pénalise les entreprises. C’est pour ça qu’on n’a pas de grands groupes ici. Parce que l’expertise fait défaut et vous allez constater que les bailleurs de fonds à plusieurs reprises, viennent avec des programmes pour aider les entreprises à solliciter l’expertise et les bailleurs payent. C’est pour leur dire recourrez à l’expertise, et pourtant en Afrique, on ne comprend pas ça. Donc, chacun doit devenir expert, mais devenir expert est exigeant. Il faut travailler, s’entrainer et justement, mon programme est fait pour aider les jeunes à s’entrainer au niveau technologique mais au niveau managérial de la gestion. Alors si vous regardez toute la chaine, du sommet à la base, vous verrez que s’il y a quelque chose qui tourne mal, c’est au niveau de défaut d’expertise ou de gouvernance, ou de mentalité inappropriée. Donc il s’agit maintenant de connecter par la technologie, 10 000 personnes à chaque arrondissement qui suivent mon entrainement pour promouvoir et développer le tourisme. Vous verrez, si vous essayez ça 2 ans, 3 ans, 5 ans, c’est terminé. Vous aurez des apprenants debout, parce que là, comme moi, je les vois, ils ne sont pas debout, ils sont fatigués. Maintenant, il y a un programme de mentalité, c’est-à-dire qu’avec tout ce que nous faisons, nous ne nous rendons même pas compte du mal que nous nous faisons et travailler pour freiner, empêcher, bloquer la jalousie et autres maux. Mais ça coûte 10 fois plus cher que la corruption. Je ne sais si vous avez essayé de chiffrer ça. Parce que si on a de mauvaises écoles, si on n’a pas des hôpitaux qui nous sauvent dès qu’on est malade, on préfère aller en France ou ailleurs, c’est parce qu’on ne crée pas de richesse. Mais où est-ce qu’on peut créer de la richesse lorsqu’on consacre le temps à une entourloupe, à se bloquer, à s’empêcher ? Donc c’est ça qui frappe tout le monde à la fin et on ne s’en rend pas compte. Voilà donc les quatre composantes de mon programme pour enrayer le chômage. Moi, je crois que c’est faisable. Je prévois le lancement de mon programme pour la journée mondiale de tourisme, le 27 septembre 2019. Puisque le thème correspond, je me suis dit, après 12 ans de réflexions, tu as un thème qui correspond, pourquoi ne pas le lancer ?
Quelles sont alors les axes stratégiques du Programme d’action du gouvernement que ce programme peut contribuer à réaliser ?
Mon programme peut contribuer à réaliser tous les axes stratégiques du Programme d’actions du gouvernement. Quand je parle de politique touristique, je parle de politique touristique globale et intégrée. Parce que c’est ça qui donne la force à l’économie. Si les secteurs devraient cohabiter parallèlement, les uns à côté des autres, quand-est-ce que l’un va attirer l’autre ? Et quand vous regardez tous les autres secteurs économiques du pays, lequel est capable de fédérer l’ensemble des autres et les tirer ? Vous saurez que c’est le tourisme. Parce que le tourisme se traduit par les flux des voyageurs. Quel est le but de tout ce qu’on ambitionne aujourd’hui, si ce n’est pas que les gens viennent visiter le Bénin ? Et que les gens du Bénin, de la sous-région, du continent et du monde entier viennent visiter le Bénin ? Alors, si les gens doivent visiter le Bénin de cette façon, quels sont les besoins que nous avons pour que cette visite puisse non seulement se faire mais aussi se fasse dans de bonnes conditions ?
Il y a ce qu’on appelle les cinq A. Premièrement, attraction. Qu’est-ce que les gens viendront visiter ? Deuxièmement, l’accessibilité. Si on ne peut pas accéder aux lieux qu’on veut aller visiter, est-ce qu’on peut le faire ? Et ça, c’est les routes, les aéroports, les ports, les cours d’eau, les fleuves. L’accessibilité aussi comprend donc l’accessibilité de la population, le volet social, etc. C’est pour vous dire que ce deuxième A, a un lien direct avec le PAG.
L’aménagement, le troisième A, comprend tous les programmes d’aménagement de zone, de pôles spécialisés de développement, etc. Tout ce qui peut faire que les gens se déplacent et aillent visiter un lieu, pour aller y mener des activités quelconques, de loisir, de congrès, de réunion, de festival, d’événement à célébrer.
Et puis le dernier point, c’est l’accueil. Pouvoir accueillir les gens, les mettre dans des conditions de sécurité, d’hygiène, de visite, de psychologie, etc. Mon programme, c’est tout ça. La coopération et le numérique englobent tout ça. Alors donc, ça impacte. Et moi, je dis, toujours d’ailleurs, que si je parle de politique touristique, je parle de tout le PAG, puisque ma démarche est globale et c’est ce que je propose à la planète entière.
De quoi avez-vous besoin pour mettre en œuvre ce programme ?
J’ai besoin de trois choses. J’ai besoin de la volonté des acteurs, parce que, ça fait 12 ans que ce programme existe et partout dans le monde entier, le programme passe. C’est plutôt ici qu’on se pose encore des questions là-dessus. Pour cela, j’ai besoin de la volonté des gens. J’ai besoin de la mentalité des gens pour que les gens aient la mentalité de la gouvernance, parce qu’on ne peut rien faire dans le désordre caractérisé. Mais la mentalité doit être en faveur du développement, c’est-à-dire la mentalité qui facilite les choses, qui accompagne et qui assiste les choses, qui fait la sécurité technique des choses c’est-à-dire les critères de doing business, favorable à l’initiative et crée les opportunités. On perd trop d’opportunités, on ne fait que ça d’ailleurs.
Quel est votre budget et comment pensez-vous mobiliser les fonds ?
Ce programme a un volet public et un volet privé. Sur le volet public, j’avais travaillé depuis 12 ans et j’ai eu tout le succès en moins de 2 ans. Pour apporter deux choses à l’Afrique. La première chose est l’expertise. Les africains vont mettre l’argent dedans, sinon c’est l’unique chose qu’il faut. Parce qu’un expert qui sait chercher l’argent, il va trouver l’argent. La belle preuve, quand j’ai initié ce programme en 2008, en 2009 déjà, il est validé par tous les ministres du monde. En 2009, les japonais cherchaient le programme qu’on chiffrait pour 20 pays à 10 000 milliards FCFA. Donc en fait, c’est la chose principale, mais si ceux qui doivent porter le projet ne le comprennent pas ou bien ne veulent pas l’accompagner, le résultat est là : on est resté là à tourner en rond pendant 10, 12 ans.
Donc les fonds, ce n’est pas ce qui manque pour un bon projet. Tant que le projet est bon, vous trouverez toujours de l’argent et c’est ce, pour quoi j’avais pensé à faire un bon projet et l’argent viendrait. Le Pnud a signé pour le porter, pour trouver l’argent. Et puis j’avais rencontré le représentant résident, Maurice, qui a dit disposer d’un milliard de dollar que l’Union européenne avait rendu disponible pour financer de tels projets. Il était prêt à m’accompagner.
La volonté politique constitue-t-elle le seul blocage à vos solutions ?
Je ne parle même plus de la volonté politique, parce qu’on en a trop parlé. On parle de la volonté de tous les acteurs. Parce qu’au niveau de mon projet, si vous parlez du côté public, c’est la volonté politique, mais j’ai déjà quitté ce niveau, puisqu’on ne peut pas parler de la même chose durant 10, 20 ans. Donc j’en suis maintenant au volet privé. Ce volet implique la volonté des acteurs, puisque pour réussir aujourd’hui les acteurs ont besoin d’une seule chose qui est d’être, des professionnels. Donc revenir à l’expertise. Alors, pour être professionnel, il faut payer le prix de la professionnalisation. Pour les financements, c’est le financement de chacun. Si, par exemple une université qui n’est pas au digital m’invite, je vais l’aider. Les entreprises qui n’arrivent pas à y voir clair, si elles m’invitent, je vais les aider. Je prends les universités, les entreprises, chaque individu, les chômeurs. Comment est-ce que les étudiants, aujourd’hui, sortent de l’école ? Ils sont la génération future de dirigeants et, ils sont des analphabètes numériques. Comment peut-on expliquer cela ?
Avez-vous une préoccupation particulière à aborder ?
Je lance mon projet le 27 septembre 2019 pour l’Afrique, les pays les moins avancés, en Amérique, en Asie et dans le monde entier. Il s’agit du système de gestion de destination, le système technologique qui permet d’insérer le numérique dans chaque office du tourisme. En France, globalement, ils ont ça au plan national mais chaque village français a besoin de ça ; chaque village américain a besoin de ça ; Tous n’ont pas encore ça. Donc ma contribution est d’apporter cette solution partout où elle est indispensable et où les gens ont la volonté, où les gens veulent l’expertise et ont la mentalité qui permet d’avancer.
Fenêtres :
- « Le Bénin a un programme d’actions de gouvernement qui est suffisamment ambitieux en ce qui concerne le secteur du tourisme… pendant mes 30 ans de service en tourisme béninois, je n’ai pas vu d’ambition aussi forte et de volonté aussi manifeste. Mais la question que je me pose est la suivante : pourquoi les programmes ne fleurissent pas, après 3 ans ? »
- « Partout où j’ai eu l’occasion de la présenter, elle n’a jamais été recalée. Que ce soit auprès de tous les ministres de tourisme d’Afrique, tous les ministres de tourisme du monde, cette solution est passée. Cette solution a été présentée au Ticad depuis 2009. Le Ticad la cherchait, on l’avait estimée entre 10 000 et 15 000 milliards FCFA…
Dès que le Pnud a pris note de cette solution, il a signé. Les japonais l’ont vue, ils ont demandé à l’avoir. La conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) l’a vue, elle a voulu qu’elle soit articulée avec son programme de tourisme. Le centre pour le commerce international de Genève, c’est-à-dire l’organisation mondiale du commerce l’a vue, elle était également intéressée. Les ministres de tourisme de l’Uemoa, les experts du tourisme de la CEDEAO, tout le monde est intéressé. Ce qu’il faut, c’est le portage politique ».
- « Il y a une solution technologique qui permet aujourd’hui de faire entrer tous les villages dans le marché mondial… ma solution propose que ça se fasse au niveau de chaque village. Au Bénin, on a 5290 villages. Ils ne sont pas tous liables touristiquement mais si je les regroupe par 10 j’ai 529 équipes d’acteurs touristiques. J’en reviens maintenant à environ 545 arrondissements, ce qui équivaut à 545 autres équipes. Chaque équipe ayant des responsabilités et tâches en fonction de son niveau.
- « … il s’agit de connecter par la technologie, 10 000 personnes, à chaque arrondissement, qui suivent mon entrainement pour promouvoir et développer le tourisme. Vous verrez, si vous essayez ça 2 ans, 3 ans, 5 ans, c’est terminé. Vous aurez des apprenants debout, parce que là, comme moi, je les vois, ils ne sont pas debout, ils sont fatigués ».
- « Maintenant, il y a un programme de mentalité, c’est-à-dire qu’avec tout ce que nous faisons, nous ne nous rendons même pas compte du mal que nous nous faisons et travailler pour freiner, empêcher, bloquer la jalousie et autres maux. Mais ça coûte 10 fois plus cher que la corruption. Je ne sais si vous avez essayé de chiffrer ça. Parce que si on a de mauvaises écoles, si on n’a pas des hôpitaux qui nous sauvent dès qu’on est malade, on préfère aller en France ou ailleurs, c’est parce qu’on ne crée pas de richesse. Mais où est-ce qu’on peut créer de la richesse lorsqu’on passe le temps à une entourloupe, à se bloquer, à s’empêcher ? Donc c’est ça qui frappe tout le monde à la fin et on ne s’en rend pas compte ».
- « … ça fait 12 ans que ce programme existe et partout dans le monde entier, le programme passe. C’est plutôt ici qu’on se pose encore des questions là-dessus. Pour que cela passe au Bénin, j’ai besoin de la volonté des acteurs politiques. J’ai besoin que les gens aient la mentalité de la gouvernance, la mentalité en faveur du développement, c’est-à-dire la mentalité qui facilite les choses, qui accompagne et qui assiste les choses, qui fait la sécurité technique des choses c’est-à-dire les critères de doing business, favorable à l’initiative et crée les opportunités. On perd trop d’opportunités, on ne fait que ça d’ailleurs ».
Encadré
Au cours des soixante dernières années, le tourisme n’a cessé de croître et de se diversifier, devenant ainsi l’un des secteurs économiques les plus importants et à plus forte croissance dans le monde.
Entre 1950 et 2015, les arrivées mondiales de touristes sont passées de 25 millions à 1300 millions par an. Durant cette même période, les recettes engendrées par le secteur touristique mondial se sont envolées, passant de 2 milliards de dollars américains à 1 260 milliards. Le secteur touristique représente aujourd’hui près de 10% du PIB (Produit intérieur brut) mondial, et près d’un emploi sur dix.
Le rôle du tourisme dans la création d’emplois est souvent sous-estimé, bien que le tourisme génère 10 % des emplois dans le monde et qu’il soit inclus dans l’objectif 8 du développement durable pour son potentiel en matière de création d’emplois.
Entretien réalisé par Nafiou OGOUCHOLA