Face aux différentes crises successives, notamment, la Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, la situation se complique pour le Ghana qui a dû revenir sur sa décision d’en finir avec les aides du Fonds monétaire international (FMI).
Bidossessi WANOU
Bientôt six ans, le Ghana prenait la décision de renoncer au programme d’aide du FMI. On était en juillet 2017, et le programme d’aide qui devrait être renouvelé en 2018 n’a pu l’être en raison de la volonté du président ghanéen, Nana Akufo-Addo de s’affranchir du Fonds monétaire international. C’était une « décision courageuse » saluée par de nombreux autres pays africains mais elle aura fait long feu. A tout cela s’ajoutent, la diminution des réserves internationales, la dépréciation de la monnaie (Cedi), la hausse de l’inflation et la méfiance qui s’est emparée des investisseurs nationaux. En décembre 2022, le pays a déclaré son incapacité à rembourser ses dettes. Tenaillé par les crises successives, le Ghana a ravalé ses vomissures en revenant sur cette décision. Le pays a lancé une restructuration complète de la dette pour contrer les contraintes de financement et assurer la viabilité de la dette. En face, il sera « essentiel de conclure en temps voulu des accords de restructuration de la dette avec les créanciers extérieurs pour réussir la mise en œuvre du nouvel accord au titre de la FEC », a soutenu le FMI. Le plan « Beyond Aid » a ainsi vécu avec effet immédiat. Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international a approuvé au profit du pays, un nouvel accord de 36 mois au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) pour un montant total de 2,242 milliards de DTS (soit environ 3 milliards de dollars). A cet effet, le décaissement immédiat de 600 millions a été ordonné. C’est l’équivalent de 451,4 millions de DTS. Pendant que le Ghana prenait cette décision, le contexte était favorable et beaucoup se sont empressés de saluer l’esprit panafricaniste du Président Nana Addo Akuddo et son gouvernement. Mais avec la crise sanitaire du coronavirus qui s’est éclatée en 2019, l’économie ghanéenne va se contracter de 3,2 % jusqu’au deuxième trimestre 2020. Statisticien en chef du GSS, l’institut national des statistiques, Samuel Kobina Annim dans une présentation face au Médias avait affirmé : « Pour la première fois en 37 ans, l’économie du Ghana s’est contractée de 3,2% ». Or, selon l’institut national des statistiques, à la même période l’année précédente, la croissance était de 5,7%. Dans son communiqué, « Le programme économique des autorités, soutenu par l’accord au titre de la FEC, s’appuie sur le programme post pandémie mis en place par le pays pour stimuler la croissance économique, qui vise à rétablir la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette en mettant en œuvre des réformes de grande envergure qui renforcent la résilience et posent les bases d’une croissance plus forte et plus inclusive », a renseigné le Conseil d’administration du FMI. Engagé dans le processus, le Ghana a promis assurer le rééquilibrage des finances publiques, revisiter par endroits la gouvernance afin de mériter la confiance.