L’Initiative Africaine Concertée sur la Réforme Budgétaire (CABRI), en collaboration avec le ministère de l’économie et des finances (MEF), a déroulé jeudi 12 mars 2020, l’atelier de restitution et de validation des résultats de l’étude sur la revue des compétences en gestion des finances publiques au Bénin. Tenu à l’hôtel « Bis » d’Abomey, cet évènement qui a réuni les acteurs impliqués dans la décentralisation au Bénin, se veut d’identifier les dispositions à prendre pour améliorer la mobilisation des ressources propres et l’efficacité des dépenses au niveau local.
Sylvestre TCHOMAKOU
Quelles sont les réelles causes de la faible capacité des collectivités territoriales à mobiliser des ressources propres pour financer le développement à la base ? Quelle stratégie pour amener les communes à être plus viables ? A ces questions, les différents acteurs de la décentralisation au Bénin se sont attelés à répondre à Abomey, le jeudi 12 mars 2020, à travers l’atelier de dissémination et de validation des résultats de l’étude sur la revue des compétences en gestion des finances publiques au Bénin. Organisée par l’Initiative Africaine Concertée sur la Réforme Budgétaire (CABRI), cette rencontre qui fait suite à neuf (09) mois d’enquêtes sur le fonctionnement financier des collectivités locales, s’inscrit dans la dynamique d’aider les collectivités territoriales à définir des stratégies réfléchies pour mieux exploiter les ressources dont-elles disposent pour connaître une véritable croissance. A l’occasion, expliquant le bien-fondé de l’initiative, « l’étude sert à avoir des données constructives pour pouvoir au mieux, accompagner les communes », a déclaré Yacine Bio Tchané, économiste et consultante à CABRI. A l’en croire, cette étude qui s’est tenue entre décembre 2019 et fin janvier 2020, a consisté à conduire deux types d’entretiens. Du premier, il s’agit d’un sondage auprès de 270 membres du personnel travaillant sur les questions de décentralisation au niveau central, au sein de 9 communes et de 3 préfectures. Quant au second, il prend en compte des entretiens approfondis de 7 communes, des partenaires au développement, la société civile, l’Etat central et les institutions d’accompagnement des communes telles que l’ANCB (Association nationale des communes du Bénin) et le CONAFIL (Commission nationale des finances locales).
Une action saluée par les maires du Bénin
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L’objectif de l’action du CABRI étant de dynamiser la décentralisation au Bénin, nombre de conseils communaux n’ont ménagé aucun effort pour répondre à ce rendez-vous. Procédant au lancement des travaux de l’atelier, le maire d’Abomey, Blaise Ahanhanzo Glèlè, au nom de ses pairs, n’a pas manqué de reconnaître les mérites du CABRI depuis 2019 pour une croissance locale à forts impacts sur les populations. C’est alors qu’il va rappeler, avant de lancer les activités, qu’en 2019, le Bénin a identifié le problème selon lequel les dépenses des communes comparées à leurs propres recettes, ne sont ni soutenables, ni viables. Ceci étant, « cet atelier est organisé en vue d’intégrer les défis dans les réformes et de poursuivre le dialogue entre le pouvoir central et les collectivités territoriales », précise-t-il. Du reste, l’atelier ayant connu de riches débats qui ont débouché sur des recommandations, Yacine Bio Tchané, représentante du CABRI, s’est empressée de rassurer les participants de ce que les conclusions du rapport seront dressées et transmises à l’Etat central ainsi qu’aux autres acteurs de la décentralisation afin que des solutions idoines soient trouvées pour le bonheur des communautés à la base.
Encadré
Des participants apprécient
Gildas SACRAMENTO, Planificateur au Secrétariat Permanent de la Commission Nationale des Finances Locales (CONAFIL)
« Cet atelier a regroupé un parterre de personnes assez diversifiées pour permettre de comprendre un peu ce qui va et ce qui ne va pas dans les communes. Ceci, pour les prendre en compte dans le cadre des réformes des finances publiques en cours. Cet atelier a permis à tout un chacun de nous, de nous exprimer, de voir l’étude qui a été conduite par le CABRI sous l’autorité du ministère de l’économie et des finances. Vous avez vu les réactions des uns et des autres, ils se sont retrouvés dedans. Les débats ont été francs, assez libre pour ressortir les dysfonctionnements dans le cadre des réformes des finances publiques de façon générale, surtout au niveau des finances locales particulièrement. Cet atelier a été très enrichissant et chacun est ressorti avec quelque chose de plus pour améliorer la gestion des finances une fois retourné dans sa commune d’origine. »
Abischaï Abraham Akpalla, Maire de Djougou
« L’une des problématiques très importantes, c’est la gestion des finances locales, précisément la capacité de nos collectivités locales à soutenir leurs dépenses. Cette étude nous permet de réfléchir sur la question. C’est un atelier très important pour nos collectivités locales. C’est un atelier qui, ma foi, va déboucher sur de bonnes choses. Quant à la commune de Djougou, nous avons une commune qui a la chance d’être très bien positionnée de façon géographique et qui devrait avoir la possibilité de mobiliser davantage de ressources. Je pense que cet atelier est une bonne chose pour nous. C’est pour ça que j’ai voulu venir en personne pour discuter de la question. Je suis dans cette dynamique, que la commune de Djougou prenne en charge toutes ses dépenses. »
Yacine Bio Tchané, économiste et consultante à CABRI
« Les problèmes des communes sont multiples. Elles n’ont pas une idée de combien elles peuvent mobiliser sur leur territoire, quelles sont les sources, les gisements qu’elles ont et quelle est la valeur de ces gisements. Donc quand on ne sait pas le potentiel qu’on a, c’est dur de savoir est-ce que les réalisations qu’on a faites correspondent même à est-ce qu’on est sur la bonne voie. C’est la première chose. La deuxième, quand on parle de mobilisation, il s’agit de moyens, de ressources que les mairies n’ont pas forcément. Donc avoir le bon nombre de collecteurs avec les bonnes incitations, les bonnes motivations, ça fait défaut. Le troisième point, pour la mobilisation, il y a un problème de volonté. Les gens disent pourquoi un maire ne voudrait pas collecter des ressources sans se poser la question, quelle est l’ambition du maire ? Qu’est-ce qu’il veut faire avec ces ressources ? Plus on est ambitieux, plus on veut gagner de l’argent pour réaliser ces ambitions. Donc si la volonté où l’ambition n’y est pas, on va toujours rester sur des niveaux bas et s’en contenter ».