La croissance économique d’un pays requiert une saine gestion de la dette. Pour faire en sorte que le fardeau de la dette publique n’empêche pas les actions contre la pauvreté, le rapport Pulse lancé par la Banque mondiale dans ce mois d’octobre fait des propositions quant à la soutenabilité de la dette.
Félicienne HOUESSOU
Un meilleur recouvrement des impôts est essentiel pour améliorer la soutenabilité de la dette publique. C’est l’une des conclusions tirées par les experts du Groupe de la Banque mondiale en vue de créer des conditions d’allégement de la dette. En effet, les pays en développement, tel que le Bénin, ont plus de facilités pour les emprunts. D’où, ils accumulent rapidement des dettes. La dernière édition de ‘’Africa’s Pulse’’ a abondamment documenté l’augmentation de la dette publique depuis 2013 et les évolutions intervenues dans la structure de la dette, créent un profil plus risqué. « Dans 15 pays d’Afrique subsaharienne (sur 45) en 2018, la dette brute des administrations publiques a dépassé 60 % du PIB et pour trois de ces pays, le niveau de la dette publique a dépassé 100 % du PIB, à savoir le Cabo Verde, le Mozambique et le Soudan », indique le document. Ainsi, l’étude conclut qu’il faudra améliorer l’administration et les recouvrements d’impôts, de manière à optimiser la structure existante. « En élargissant l’assiette fiscale, la réduction du secteur informel en Afrique contribuera également à accroître les recettes publiques. Il conviendrait aussi de déployer des efforts pour améliorer la gestion et la transparence de la dette », révèle Africa’s Pulse. En mesurant la soutenabilité de la dette par le nombre d’années qu’il faut aux administrations publiques pour rembourser intégralement la dette brute, les experts de la Banque mondiale ont remarqué que : « plus le nombre d’années pour rembourser la dette est élevé, moins le niveau de la dette publique est viable ».
Pour une meilleure mesure de l’assiette fiscale
Les dettes d’un pays sont considérées comme viables lorsque le pays a la capacité de les rembourser plus rapidement. Par conséquent, un ratio plus élevé implique que le montant de la dette qui est supérieur aux recettes fiscales, ainsi les recettes fiscales mettront plus de temps à rembourser la totalité de la dette publique. Selon le rapport, le calcul de la composante tendancielle des recettes fiscales des administrations publiques est fait de manière à éliminer la volatilité associée aux cycles conjoncturels et à fournir une meilleure mesure de l’assiette fiscale.
Par rapport au ratio de 2013, le nombre d’années qu’il faut pour rembourser la totalité de la dette a augmenté dans 38 des 44 pays d’Afrique subsaharienne en 2019. Le nombre d’années pour rembourser la totalité de la dette publique a augmenté en moyenne de 1,5 l’an pour ces 38 pays au cours des six dernières années. En revanche, il n’a diminué que dans six pays (à savoir le Botswana, la République démocratique du Congo, la Guinée-Bissau, Madagascar, le Malawi et les Seychelles). Par exemple, le ratio de la dette par rapport aux recettes fiscales au Botswana est passé de 0,72 année en 2013 à 0,66 année en 2019. Il s’ensuit que : il faut moins d’un an pour que les recettes fiscales du Botswana remboursent la dette du pays, et le temps que cela prend a diminué au cours des six dernières années. Par conséquent, la soutenabilité de la dette du Botswana s’est améliorée. C’est tout le contraire pour de la Gambie. « Le nombre d’années nécessaires pour que les recettes fiscales remboursent la dette du pays est passé de 5,9 en 2013 à 7,4 en 2019. La Gambie n’a pas réussi à augmenter les recettes fiscales de 2013 à 2019 pour rembourser la dette brute de ses administrations publiques ; par conséquent, la soutenabilité de la dette du pays s’est détériorée », souligne le document.
La couverture des réserves par les importations a fortement diminué dans tous les pays de la région. En comparant les ratios de 2013 à ceux de 2018, la couverture des importations a diminué pour environ la moitié des pays pour lesquels des données sont disponibles dans la région (c’est-à-dire 17 des 35 pays). Par conséquent, ces pays ont une capacité limitée à défendre leur monnaie contre les attaques spéculatives.