Un tiers de tous les aliments produits dans le monde est perdu ou gaspillé, soit plus d’un milliard de tonnes. Converti en calories, cela équivaut à 24% de l’approvisionnement alimentaire mondial non consommé. C’est le World Resources Institute (WRI) qui pousse ce cri d’alarme, alors qu’une personne sur 10 dans le monde reste sous-alimentée.
Julien COSTA
« Le gaspillage alimentaire a un impact financier majeur, coûtant à l’économie mondiale plus de 1 000 milliards de dollars chaque année. Il alimente également le changement climatique, représentant environ 8 à 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre », se lamente l’ONG américaine de défense de l’environnement basée à Washington.
Selon Liz Goodwin, experte du WRI et auteur de cette analyse, le processus de perte de nourriture se déroule à la ferme et dans la chaîne d’approvisionnement, par exemple, pendant la récolte, le stockage ou le transport. Le gaspillage alimentaire, dixit-elle, se produit au niveau du commerce de détail, de l’hôtellerie et des ménages.
« Les pertes et le gaspillage alimentaires sont causés par des problèmes tels que, entre autres, les défis technologiques et les comportements des consommateurs », souligne-t-elle.
Infrastructures médiocres
A en croire la chercheuse britannique, les infrastructures médiocres, telles que des routes inondées ou difficiles à parcourir de manière constante, peuvent empêcher les aliments de se rendre de la ferme au marché et enfin à la table. « Le manque d’entrepôts frigorifiques est une autre préoccupation majeure pour s’assurer que les aliments peuvent arriver frais sur les marchés. Les agriculteurs peuvent également se débattre avec un équipement inadéquat tel que des machines anciennes ou inefficaces qui rendent difficile la récolte de toute une récolte », explique-t-elle. Deuxièmement, Liz Goodwin s’inquiète de la façon dont les aliments sont emballés. « Ceci peut faire une grande différence dans la durée pendant laquelle ils peuvent être consommés sans danger. De nombreuses personnes s’inquiètent à juste titre des impacts environnementaux d’un emballage excessif ». Et pourtant, poursuit-elle, il est important de se rappeler qu’un emballage correct peut aider les aliments à rester frais plus longtemps, réduisant ainsi la détérioration et les émissions de méthane associées résultant du gaspillage alimentaire. Le gaspillage alimentaire peut également se produire lorsque les détaillants et les fournisseurs de produits alimentaires ne prévoient pas et ne planifient pas correctement la demande pour répondre à l’offre (ou vice versa). Enfin, elle mentionne le comportement des consommateurs. « Les ménages sont responsables de la majorité des aliments gaspillés au niveau des consommateurs et des détaillants. Cela résulte souvent d’un manque de prise de conscience de l’ampleur du problème et d’une éducation insuffisante sur la manière d’utiliser et de conserver correctement les aliments à la maison ». Certains observateurs déplorent la quantité non négligeable d’aliments non consommés qui jonchent les poubelles de l’Afrique, le continent où vivent la plupart des pauvres du monde et des personnes souffrant d’une malnutrition aigüe. Si les tendances actuelles persistent, les pertes et le gaspillage alimentaires doubleraient d’ici 2050, avertit le WRI.