Le statut de ville remodelée et en état de modernisation que certains Afro-optimistes prêtent à Cotonou a été balayé sans autre forme de procès par les pluies torrentielles qui se sont abattues récemment sur la ville. Les quartiers précaires et sous-développés de la capitale économique du Bénin, qui ont subi de plein fouet ces intempéries, ont vu leurs rues se transformer en petits lacs stagnants, sales et puants qui empêchent la population – conducteurs de voitures, Zémidjans et piétons – de se mouvoir comme d’habitude.
Issa DA SILVA SIKITI
« Je souhaiterais que les autorités de la ville passent par ici pour voir comment notre rue est inondée jusqu’au point de bloquer l’entrée de notre cour et de rendre nos déplacements difficiles. Mais le problème avec ces gens-là, on ne les voit que pendant la campagne électorale ; ils disparaissent après les élections et ne vont revenir nous rendre visite qu’après cinq ans. On souffre vraiment, comme si on était en prison », se lamente Gisèle.
Non loin de là, une cliente et un zémidjan s’invectivent à cause du refus de ce dernier de la déposer à l’endroit convenu. « Cette rue ressemble à une rivière et je refuse catégoriquement de passer dedans-là au risque de mettre ma moto en danger à cause de ses 150 francs. La vie est devenue dure dans ce pays et les prix de pièces de rechange des motos continuent d’augmenter au jour le jour », explique le zémidjan survolté à quiconque voulant l’entendre.
Dans un autre endroit, un retraité s’efforce d’aider ses enfants à placer des pierres à l’entrée de sa parcelle qui est presque engloutie par les eaux des pluies torrentielles. « Plus il pleut, plus les eaux montent et stagnent et au fil du temps, ça dégage une odeur nauséabonde parce que les gens s’arrêtent ici de temps en temps pour pisser », se plaint Armand.
Rues et ruelles oubliées ?
A en croire Bernard, un zémidjan, ces grands travaux de construction d’infrastructures ont plus focalisé sur les artères principales, négligeant les rues et ruelles qui sont pourtant des voies obligées par lesquelles la population passe pour accéder à ces artères principales.
« Nous avons besoin de solutions à court terme, comme par exemple envoyer des camions pour jeter des briques cassées ou du sable stabilisé en vue de pâlir à cette situation. Tout ce qu’ils font là c’est zéro tant que la plupart de ces rues et ruelles ne seront pas pavées et garnies de canalisations pour absorber les eaux de pluies », tranche Oumar, étudiant.
Le paludisme et la dengue sont parmi les principaux dangers des eaux stagnantes, selon plusieurs experts, alors que le site d’Aqua Portal les décrit comme un grand danger pour l’environnement ou l’écosystème. « Elles deviennent vite eutrophiques, ce qui facilite la croissance de divers protozoaires et de larves d’insectes et d’autres animaux, devenant ainsi un danger pour la santé humaine et l’équilibre environnemental ».
Flaques d’eau, rues inondées… : La pluie expose la « vraie face » de Cotonou
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