De 1 112,1 milliards FCFA en 2016, le montant des crédits octroyés par les banques en activité au Bénin chute en 2017 pour se retrouver à 829,2 milliards FCFA selon le rapport 2017 sur les conditions de banques dans l’Union économique et monétaire Ouest africaine (Uemoa).
Piètre performance de la quinzaine de banques opérant sur le territoire béninois l’année dernière. En 2017 ces banques ont moins accordé de crédits à leurs différents clients. Le rapport 2017 sur les conditions de banques dans l’Union économique et monétaire Ouest africaine (Uemoa) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest expose la régression des crédits octroés par les banques au Bénin. Ainsi, de 1 112,1 milliards FCFA en 2016, le montant des crédits octroyés par les banques en activité au Bénin chute à 829,2 milliards FCFA en 2017. Au sein de l’Uemoa, le cumul annuel des crédits mis en place par les banques dans l’Union s’inscrit dans une tendance haussière. Il est passé de 12.376,8 milliards en 2016 à 12.889,1 milliards en 2017, soit une hausse de 4,1%. Cette augmentation est principalement imputable aux octrois de crédits de trésorerie (+23,2%), d’exportation (+10,1%) et d’habitation (+10,1%). En revanche, une baisse est observée pour les crédits destinés à la consommation et aux autres crédits de 34,9% et 19,9% respectivement. Par pays, les crédits mis en place ont augmenté en Guinée-Bissau (+14,3%), au Burkina (+17,3%) au Mali (+12,5%), au Sénégal (+11,35%) et en Côte d’Ivoire (+2,92%). En revanche, il est observé une baisse du montant des crédits octroyés au Bénin (-25,44%), au Niger (-10,22%) et au Mali (-4,25%). Les principaux bénéficiaires des crédits mis en place au cours de l’année 2017 sont les entreprises privées (60,3%), les particuliers (15,1%) et les entreprises individuelles 11,9%). Par rapport à l’année précédente, il est observé une hausse du montant des crédits octroyés aux sociétés d’Etat (+19,2%), aux entreprises individuelles (+9,4%) et aux entreprises privées du secteur moderne (+3,5%). En revanche, les crédits mis en place au profit de la clientèle financière et des particuliers sont en baisse respectivement de 12,7% et 2,6% en 2017. Pour la durée des crédits, la part des crédits à court terme demeure prépondérante. En effet, le poids des crédits dont l’échéance est inférieure ou égale à 2 ans est passé de 73,6% en 2016 à 74,9% en 2017. Les crédits à moyen terme (entre 2 ans et 5 ans) et ceux de long terme (supérieure à 5 ans et inférieure ou égal à 10 ans) représentent respectivement 13,8% et 10,0% en 2017 contre 15,8% et 9,3% en 2016.
Taux débiteur ressorti à 6,93%
Le taux d’intérêt débiteur moyen des crédits mis en place en 2017 par les banques dans les pays de l’UEMOA est ressorti à 6,93%, stable par rapport à l’année précédente. La stabilité des taux débiteurs a été préservée en dépit du contexte marqué par une légère remontée des taux sur les marchés monétaire et interbancaire. Toutefois, il convient de rappeler que depuis 2009, le taux d’intérêt débiteur s’est inscrit dans une tendance baissière, l’approfondissement du paysage financier, l’amélioration du climat des affaires et l’assouplissement des conditions monétaires. Ainsi, au cours des six dernières années, le taux débiteur a baissé de 139 points de base. Entre 2016 et 2017, l’analyse par pays montre que le taux débiteur s’est inscrit à la baisse au Mali (-0,35 point de pourcentage), au Burkina (-0,29 point de pourcentage), au Bénin (-0,24 point de pourcentage), au Togo (-0,21 point de pourcentage) et au Niger (-0,20 point de pourcentage). En revanche, des hausses sont observées en Guinée Bissau (+0,23 point de pourcentage), en Côte d’Ivoire (+0,24 point de pourcentage) et au Sénégal (+0,31 point de pourcentage). Au cours de l’année 2017, les taux débiteurs les plus faibles sont enregistrés au Sénégal (5,98%) et en Côte d’Ivoire (6,42%), en lien avec une plus grande diversification du paysage bancaire dans ces deux pays. Cette situation s’explique également par l’ampleur de crédits octroyés aux entreprises qui bénéficient des taux relativement plus faibles que les autres bénéficiaires. L’analyse suivant la nature du débiteur fait ressortir une baisse du taux débiteur pour les sociétés d’Etat (-0,55 point de pourcentage), les entreprises individuelles (-0,44 point de pourcentage) et les particuliers (-0,05 point de pourcentage). En revanche, des hausses respectives de 0,05 et 0,07 point de pourcentage sont enregistrées sur les crédits octroyés à la clientèle financière et aux entreprises privées. Suivant l’objet, les taux d’intérêt des crédits d’équipement et de trésorerie se sont inscrits à la baisse en 2017 pour ressortir respectivement à 6,51% et 7,55% en 2017 contre 6,54% et 7,82% l’année précédente. Quant aux crédits de consommation (+0,84 point de pourcentage), d’habitation (+0,51 point de pourcentage) et d’exportation (+0,02 point de pourcentage), ils ont augmenté pour s’établir respectivement à 8,18%, 8,04% et 7,23%. Suivant l’objet, les taux d’intérêt des crédits d’équipement et de trésorerie se sont inscrits en baisse en 2017, pour ressortir respectivement à 6,51% et 7,55% en 2017 contre 6,54% et 7,82% l’année précédente. Quant aux crédits d’habitation, d’exportation et de consommation, ils ont augmenté pour s’établir respectivement à 7,23%, 8,04% et 8,18%.
Montants des dépôts à terme effectués dans les comptes
Les montants des dépôts à terme effectués à l’ouverture de nouveaux comptes dans l’espace Uemoa sont ressortis en hausse au cours de l’année sous-revue. En effet, le cumul annuel de dépôt est ressorti à 8.396 milliards en 2017, contre 8.059 milliards en 2016, soit une hausse de 4,2%, en lien notamment avec la hausse des dépôts à terme effectués par les entreprises publiques (+17,6%), les ménages (+10,0%), et les entreprises privées du secteur productif (+5,0%). Par pays, le montant des nouveaux dépôts à terme s’est inscrit en hausse au Sénégal (+42,9%), en Côte d’Ivoire (+17,1%), au Mali (+14,6%) et au Bénin (+7,1%). En revanche, des baisses sont enregistrées en Guinée-Bissau (-54,0%), au Togo (-28,0%), au Burkina (-13,8%) et au Niger (-7,2%). L’examen de la structure des dépôts suivant leur durée révèle qu’en 2017, 81,4% des dépôts effectués par les agents économiques sont de court terme (inférieur ou égal à 2 ans), 21,6% sont de moyen terme (entre 2 ans et 5 ans) et 5,8% sont de long terme (16,4%). La prépondérance des dépôts de court terme traduit le fait que les agents économiques constituent des ressources pour satisfaire des besoins plus ou moins immédiats. Cette structure des dépôts peut constituer un obstacle dans le processus d’octroi des crédits et de financement de l’économie, car elle limite la capacité des banques à accorder des crédits à long terme. En effet, la mobilisation de ressources en vue du financement de l’économie nécessite la disponibilité d’une épargne adaptée au besoin de ce financement. Les taux créditeurs sur les dépôts à terme sont ressortis à 5,28% en 2017, contre 5,37% l’année précédente, soit une baisse de 0,09 point de pourcentage, en lien avec une baisse du taux de rémunération des dépôts effectués par les entreprises publiques, les particuliers et les entreprises privées du secteur productif. L’analyse par pays montre que le taux moyen créditeur a baissé dans l’ensemble des pays de l’Union, sauf au Bénin au Burkina et au Mali.
Joël YANCLO