Le marché du développement immobilier au Benin est en plein essor mais a besoin d’intervention et reste toutefois inexploité, offrant ainsi des opportunités aux développeurs et aux financiers, déclare un rapport du CAHF publié cette semaine.
Issa SIKITI DA SILVA
Le Centre for Affordable Housing Finance in Africa (CAHF), ou Centre de financement du logement abordable en Afrique basé en Afrique du Sud, souligne dans sa « 9ème édition de l’Annuaire du financement du logement en Afrique » que le secteur béninois opère actuellement dans un contexte particulier où le gouvernement est sous pression pour mobiliser les ressources nécessaires et fournir 20 000 logements économiques et sociaux dans les 30 prochains mois. Dans un pays où l’offre de logements est bien inférieure à la demande, le CAHF a estimé que la demande globale de logements se situerait à environ 320 000 unités entre 2010 et 2020, citant les statistiques du ministère du Cadre de vie et du développement durable.
A cet effet, a dit le rapport, la présence de promoteurs formels est minime. Les principales offres officielles en matière de logement ont été pilotées au cours des dernières années par le programme, couvrant tout le pays, de « 10 000 unités de logement abordable » du gouvernement. La première phase du programme devait fournir 2100 unités entre 2008 et 2011 grâce au soutien de la Banque de l’habitat du Bénin et de la Banque Atlantique ainsi que d’une sélection de quelques promoteurs privés. Cependant, s’indigne le rapport, une évaluation de 2017 effectuée par le ministère du Cadre de vie et du développement durable a montré qu’après huit ans de mise en œuvre, seules 893 unités sur les 2 100 prévues pour la première phase ont été achevées et vendues, tandis que 650 n’ont jamais été terminées. Tirant des leçons du précédent gouvernement sur la politique du logement, le gouvernement de Patrice Talon avait lancé en 2017 un nouveau programme de 20 000 unités de logement s’étalant sur la période 2017-2021 pour un coût total de 347 milliards FCFA, dans 16 villes et villages repartis dans tout le pays. Dans un pays où le commerce des logements construits est très limité avec seulement quelques unités haut de gamme sur le marché, le CAHF souligne toutefois la participation dans le paysage du marché immobilier des acteurs comme Global Services Immo, Immo-Benin, Benin-Immo, Dommus Immo et West Coast Property dont la spécialité était le courtage de parcelles vides (exclusivement entre propriétaires privés) et de quelques maisons.
Dans un continent en pleine explosion d’urbanisation, la Banque mondiale avait en 2015 rappelé aux gouvernements africains la nécessité de fournir des logements de qualité adéquate, lesquels sont un élément déterminant de la croissance économique et de l’intégration sociale. « Les autorités devront s’associer au secteur privé pour favoriser les investissements dans le logement en élargissant l’accès au parc existant et en améliorant la qualité de ce dernier, et permettre dans le même temps à la population d’obtenir plus facilement des prêts fonciers et immobiliers », avait déclaré à l’époque Mamta Murthi, alors vice-présidente par intérim pour l’Afrique de la Banque mondiale.