Actrices majeures du progrès social ainsi qu’économique lorsqu’elles sont financées, les Petites et moyennes entreprises (PME) et PMI au Bénin, loin de se trouver des bailleurs de fonds pour propulser leurs activités, peinent toujours a bénéficié de financement auprès des banques en place. Parfois, dans un ininterrompu va et viens administratifs, les jeunes entrepreneurs deviennent candidats à la débrouillardise entrepreneuriale.
Sylvestre TCHOMAKOU
Plein d’enthousiasme et d’idées, il y a de cela trois (03) ans quand il obtenait son diplôme de premier cycle en agronomie à l’Université d’Abomey-Calavi, Fabrice Lassissi, jeune de 27 ans, garde une certaine amertume des fiascos enregistrés quant à ses démarches envers les banques pour renforcer ses activités. « En deuxième année, nous apprend-il, j’ai commencé à produire des jus d’ananas et aussi de la transformation du manioc en tapioca avec quelques femmes que je payais à Glo. Après environ un an d’activité, j’avais décidé d’accroître nos productions parce qu’on avait de plus en plus de demande. Mais les démarches faites vers les banques n’ont rien donné. ». Le point de blocage, fait-il savoir, était lié aux diverses pièces administratives qui étaient exigées avant toute possibilité d’octroi de prêt. « Ne pouvant pas vraiment faire face à toutes ces charges, j’ai dû choisir d’aller vers les petites institutions financières pour emprunter, mais avec un taux d’intérêt poussé. » poursuit-il. Cet aveu de Fabrice Lassissi qui met en évidence le rapport qu’entretiennent les banques béninoises et les PME-PMI loin d’être parfait, ne manque pas de trouver d’identique. En effet, souvent épris du désir d’agrandir leurs activités entrant dans la catégorie des PME-PMI, les jeunes entrepreneurs béninois pour la plupart en quête de financement sont laissés en rade. Les raisons, elles sont multiformes. D’un côté, faisant échec en raison des pièces administratives non à jour (existence légale, l’Identifiant fiscal unique ‘’IFU’’, etc.) qui selon ne doivent pas vraiment être de mise pour un début d’exercice, les acteurs des PME-PMI rencontrés regrettent tout de même l’indifférence, le manque de traitement efficace de leurs demandes de la part des institutions bancaires. C’est le cas de la structure SUFAT spécialisée dans la cosmétique, l’agroalimentaire, la sérigraphie et la technique. « Nous avons démarré nos activités avec nos propres moyens après plusieurs sollicitations en vain, malgré que notre entreprise est enregistrée. », lance Suzanne Baloubi, directrice de ladite start-up. Ayant désormais tourné dos aux structures bancaires avec ses collaborateurs, « le discours de l’accompagnement des banques aux PME-PMI tenu par nos autorités à chaque fois est une fausse histoire. Nous sommes dans le milieu et nous vivons au quotidien cela. S’il faut s’en tenir aux banques béninoises, vous n’allez pas démarrer votre activité. Mais si vous avez une connaissance qui peut vous guider, c’est possible », s’exclame-t-elle.
La délicate perception des banques…
S’il est à comprendre que la désolation des PME-PMI est réelle, de leur côté, bien que reconnaissant les faits avancés, des agents de certaines banques de la place requérant l’anonymat, réfutent l’argument d’une totale indifférence. A en croire l’un d’entre eux, un Chargé de clientèle, « c’est un long processus quand on parle du financement des PME-PMI avec les banques. Il faut d’abord soumettre le projet à une équipe technique qui l’étudie et mesure les risques que court la banque en cas d’accord du financement. Si vous avez une bonne garantie (une parcelle ou un bien d’une grande valeur), vous avez une bonne chance d’avoir gain de cause. ». Confirmant cette thèse, Anicet Adanglènon, jeune spécialisé dans la fabrication de chaussures à partir de diverses matières, apprend que pour pouvoir acquérir les outils de travail dont il avait besoin, il lui a fallu mettre en garantie le papier d’achat de sa parcelle. Ces mesures, d’après les différentes interventions, semblent mettre plus en confiance les banques partenaires quant à la non- dispersion de leurs ressources.
Appel à la rescousse
L’apport des PME-PMI dans la croissance des pays, notamment ceux en voie de développement n’est plus à démontrer. Face à la déliquescence de l’enjeu, l’assouplissement des conditions d’accès au financement reste le point autour duquel les uns et les autres appellent à un réexamen. A ce propos, « nous invitons les banques béninoises à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes à travers les financements », a formulé Suzanne Baloubi selon qui, il y beaucoup d’idées de projets qui sommeillent dans le rang des citoyens, faute de moyens. Tout comme elle, Anicet A. n’a qu’un seul vœu, celui de voir plus de jeunes bénéficier de financements pour étoffer leurs activités car dit-il, « cela permettra de réduire le taux de chômage. ».Au vue de tout ceci, une nouvelle approche d’assistance aux PME-PMI se révèle nécessaire de la part aussi bien des institutions bancaires, des PME-PMI et même de l’Etat pour un progrès continu.