Les populations de l’espace UEMOA sont confrontées à plusieurs réalités socio-économiques et communautaires. Elles font face à la pauvreté, aux inégalités d’accès à l’éducation et à la santé, au problème de changement climatique, à l’insécurité alimentaire, à la crise sécuritaire au Sahel et au déficit d’infrastructures… Face à ces multiples défis, auxquels est confrontée la sous-région, la BOAD a décidé d’optimiser son impact en renforçant d’une part sa gouvernance et d’autre part sa capacité d’investissement.
F.V.
Avec une croissance annuelle soutenue (+5,3%) supérieure à la moyenne subsaharienne (3,1%), une évolution du revenu moyen par habitant de 2,3% en moyenne annuelle, l’UEMOA a enregistré d’importants progrès économiques ces dix dernières années. Des performances auxquelles la BOAD a contribué en finançant des projets majeurs dans les secteurs public et privé. Face aux multiples défis révélés ou amplifiés par la pandémie de Covid, l’Institution doit plus que jamais jouer ce rôle de catalyseur. C’est l’objet de son nouveau plan stratégique dénommé « Djoliba ». Ce plan s’étend de 2021 à 2025. L’approche du plan stratégique « Djoliba » vise à renforcer la capacité d’intervention de la BOAD à travers une augmentation du capital et un recours à des outils d’optimisation de son bilan.
Porté par le président de la BOAD, le Béninois Serge Ekué, le plan Djoliba comprend trois axes forts : le renforcement des fonds propres de l’institution pour accroître les capacités d’action et le nombre de projets soutenus (niveau de financement fixé à 3 300 milliards de FCFA, soit plus de 50 % par rapport au plan précédent) ; une meilleure gestion des ressources financières et la transformation en une banque « experte » dédiée aux projets à impact, pour des programmes d’investissement plus pertinents.
Accélérer l’intégration économique
Pour faire de la BOAD l’institution de référence en matière d’impact durable, d’intégration et de transformation de l’Afrique de l’Ouest, le Plan Djoliba 2021-2025 fixe cinq secteurs prioritaires d’intervention : l’agriculture et la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables, les infrastructures de base, la santé-éducation et l’habitat social. Fin 2021, 436,2 milliards de FCFA avaient ainsi été engagés. L’institution compte aussi favoriser le développement des entreprises, avec comme objectif de contribuer à la création de 245 000 emplois supplémentaires, dont environ 17 000 dans le segment des micro-entreprises et des PME. Un accord de coopération BOAD-BPI France a notamment été formalisé mi-septembre 2021 afin de développer des activités et cofinancer des projets relatifs à la création, l’innovation, le développement, l’investissement, et l’internationalisation. A travers ce partenariat, les deux institutions se sont engagées à renforcer les relations d’affaires entre les entreprises européennes et celles de l’UEMOA, à dynamiser le cofinancement des projets et de programmes dédiés, et à renforcer l’assistance technique mutuelle.
Cercle vertueux
En affichant comme objectif d’augmenter le capital de la BOAD et de favoriser l’arrivée d’acteurs financiers bien notés, Serge Ekué espérait voir la note de l’institution s’améliorer et pouvoir lever davantage de fonds pour faire face aux défis de développement des États de l’UEMOA. C’est désormais chose faite. Le 17 novembre dernier, l’agence de notation Fitch a révisé la perspective de la notation de la BOAD de négative à stable et a confirmé sa note à BBB, du fait du renforcement de la capacité de soutien de ses actionnaires avec le rehaussement des notations de la Côte d’Ivoire, de B+ à BB- en juillet 2021, et du Bénin, de B à B+ en octobre 2021, dans un contexte d’amélioration des perspectives macroéconomiques.
Ces bons résultats, l’institution les doit aussi au renforcement et à l’acquisition de nouvelles compétences du personnel. En novembre 2020, Maryse Lokossou est nommée directrice de cabinet du président de la BOAD, où elle épaule le président Ekué dans ses initiatives visant à augmenter les fonds propres de la Banque. Un poste clé pour celle qui fut conseillère technique chargée des financements internationaux auprès du ministre de l’Economie et des finances du Bénin et qui connaît parfaitement les enjeux liés aux attentes des Etats membres, des agences de notation et des investisseurs internationaux. Sa nomination illustre le renouvellement de génération et l’importance de la question du genre, une cause chère à cette Béninoise qui a cumulé quinze ans d’expérience dans la banque et la finance et qui compte parmi les sept personnalités béninoises distinguées dans la dernière promotion de Young Leaders, le programme phare de la French-African Foundation. Selon elle, « rejoindre ce programme représente une opportunité unique de construire ensemble une vision stratégique répondant aux problèmes auxquels le continent est confronté : chômage, infrastructures durables, énergie, éducation, questions climatiques, inégalités de genre ».
Une position que partagent deux autres lauréats de ce programme, le Béninois Albéric Patinvoh, Directeur Général du courtier d’assurance Willis Towers Watson Côte d’Ivoire et l’Ivoirien Claude Koua, Economiste senior au sein de l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire. Le premier se dit convaincu que les réponses apportées à « nos défis ne pourront provenir que d’une réflexion conjointe ». Quand le second souligne que « la connaissance du terrain, du milieu social, du contexte économique et de l’historique de notre zone de compétence (…) permettent d’éclairer au mieux les décisions de coopération entre la France et l’Afrique de l’Ouest, à travers des recommandations visant à améliorer l’impact des politiques économiques ». Des synergies que le prochain séminaire des Young Leaders qui se tiendra à Dakar au mois de mars, contribuera à renforcer.