« Rien ne justifie que l’Afrique soit écolo pauvre », s’indigne Akinwumi Adesina
À la 29ème Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui s’est ouverte le 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, la Banque africaine de développement (BAD) met l’accent sur le financement de la lutte contre les changements climatiques et propose une nouvelle approche : intégrer la « richesse verte » dans l’évaluation des économies africaines.
S.T.
L’Afrique, qui ne reçoit que 3 % du financement climatique mondial malgré son apport dans la séquestration du carbone, s’engage à changer la donne. Présente à la conférence mondiale sur le climat (COP 29) qui a débuté lundi 11 novembre à Bakou, la Banque africaine de développement (BAD), compte mobiliser des ressources supplémentaires pour renforcer l’action climatique en Afrique. L’institution africaine de développement propose également une nouvelle approche pour évaluer les économies africaines en incluant la richesse naturelle, comme les forêts et les puits de carbone. « Rien ne justifie que l’Afrique soit écolo pauvre. L’Afrique devrait être écolo riche grâce à une évaluation correcte de ses vastes contributions aux services environnementaux mondiaux », a déclaré Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement, lors d’une réunion en amont de la COP 29. Il a insisté sur la nécessité de réétalonner le PIB des pays africains pour mieux refléter les actifs naturels, soulignant que cette approche permettrait de mieux comptabiliser les efforts de l’Afrique dans la lutte contre le changement climatique. Cette initiative, intitulée « Mesurer la richesse verte de l’Afrique », pourrait bouleverser l’évaluation économique du continent. Selon les premières estimations de la BAD, si les contributions en matière de séquestration du carbone avaient été intégrées, le PIB nominal de l’Afrique aurait augmenté de 66,1 milliards de dollars en 2022, soit une hausse de 2,2 %. Cette augmentation serait principalement due aux six pays du bassin du Congo (Cameroun, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Guinée équatoriale et Gabon), qui représentent à eux seuls près de 64 % de ce gain.
Une opportunité pour l’économie et la dette
La revalorisation du PIB souhaitée par la BAD se présente comme un nouveau moyen aux pays africains pour obtenir des financements supplémentaires dans le cadre de la transition écologique. « Cela signifie que les pays peuvent disposer d’une plus grande marge de manœuvre pour obtenir davantage de financements et les investir dans l’écologisation de leurs économies », a affirmé Akinwumi Adesina. Il a ajouté que ce réajustement serait également utile pour recalculer la viabilité de la dette de l’Afrique, en tenant compte de la richesse naturelle. A l’occasion, plusieurs pays ont exprimé leur soutien à cette initiative, avec la République du Congo et le Kenya en tant que principaux défenseurs. Le président de la BAD a appelé à ce que les résultats de cette initiative soient présentés avant le prochain sommet de l’Union africaine en 2025.
Accélérer la mobilisation de fonds climatiques
Au-delà de la valorisation des actifs naturels, l’un des enjeux majeurs de la participation de la BAD à la COP 29 reste l’augmentation du financement climatique alloué à l’Afrique. Actuellement, le continent, qui compte parmi les régions les plus vulnérables aux effets des changements climatiques, ne reçoit qu’entre 3 et 4 % des fonds climatiques mondiaux. Pour combler ce déficit, la BAD organise plusieurs événements en marge de la COP 29, notamment une session le 13 novembre sur le financement climatique pour les communautés vulnérables à travers le Guichet d’action climatique du Fonds africain de développement. Ce guichet, créé lors du 16e cycle de reconstitution des ressources du Fonds, vise à fournir des financements essentiels pour les projets d’adaptation et d’atténuation dans les pays africains. Parmi les autres événements, un rapport sur la richesse verte de l’Afrique sera lancé lors d’une session intitulée « Mesurer la richesse verte des pays africains », réunissant des chefs d’État et de gouvernement. La BAD compte également mobiliser des soutiens pour la Mission 300, une initiative visant à raccorder 300 millions de personnes à l’électricité en Afrique d’ici 2030, en collaboration avec le Groupe de la Banque mondiale et d’autres partenaires. A noter qu’à cette rencontre, l’Union africaine et la République de Tanzanie co-organiseront un événement sur la cuisson propre, pour rappeler l’importance d’un leadership politique fort et de nouveaux partenariats pour garantir des solutions durables à ce défi pressant.