La fermeture des frontières nigérianes ne cesse d’influencer le marché béninois. Contrairement à l’essence de contrebande dont le prix connait une inflation continue, le prix de certains produits d’exportation notamment l’ananas produit au Bénin et majoritairement livré sur le marché Nigéria est en chute libre. C’est du moins, ce qu’a confié l’Agence territoriale de développement agricole 7 en charge de filière le 30 septembre 2019 à Allada.
Bidossessi WANOU
120.000 FCFA la bâchée d’ananas contre 220.000 Fcfa il y a quelques jours. L’impact de la fermeture des frontières nigérianes sur ce produit agricole en plein essor au Bénin, l’un des pôles de production agricole ciblé pour être valorisé par le gouvernement est sans précédent. Le prix du produit connait une baisse drastique car, pendant que les producteurs s’acharnent à en produire en quantité, les difficultés d’entrée sur le marché nigérian où elles la livraient ne facilitent plus l’écoulement. Face à une telle difficulté, l’abattement du prix est la solution envisagée par les producteurs. Il ne peut d’ailleurs en être autrement car, l’offre surpasse la demande à l’interne, ce qui ne profite point aux producteurs. Producteur d’ananas résidant dans la commune de Zê, Olivier Mèzan raconte qu’il préfère sauver les meubles que de perdre entièrement: « On n’a pas autre choix que de livrer car, autant livrer moins cher que d’attendre de grand intérêt pour voir à terme sa récolte pourrie ». Cet avis est partagé par la majorité des producteurs qui préfèrent subir cette déflation quoique cela coûte. En se faisant plus clair sur la situation, un agent de l’agence territoriale de développement agricole confie que la production est soutenue par des engrais chimiques, ce qui ne permet pas de conserver longtemps le produit. Il en ressort donc que l’usage des produits chimiques ne fait pas que du bien à l’agriculture. La preuve en est les difficultés de conservation sur une longue durée de l’ananas du Bénin qui déjà est en perte de vitesse au bout de quelques jours de fermeture des frontières nigérianes. Aussi, la situation remet sur tapis, la nécessité pour le Bénin de se doter d’usine de transformation de ses produits.
Urgence de réfléchir à la valorisation de la production locale
Si pendant longtemps les usines de transformation de l’orange et de tomate installées pour la valorisation de ces produits n’ont jamais tournée, ce qui pose toujours le problème de conservation de ces denrées en temps d’abondance, la situation de déflation que connait aujourd’hui dans ce contexte de crise nigériane l’ananas produit au Bénin, révèle une autre facette des difficultés du Bénin à transformer sur place sa production. C’est ainsi que contraint, et de peur d’enregistrer de grosse perte, nombre de producteurs se trouvent dans l’obligation de brader leurs productions pour éviter le pire. S’il est vrai que des efforts sont en cours après des initiatives infructueuses de gouvernements successifs, il urge maintenait que le Bénin prennent de nouvelles résolutions pour valoriser des productions locales capables et comme chaîne de valeur compétitives induire de nouvelles opportunités d’emplois et de réelles impacts sur le développement du Bénin dans le cadre notamment de la zone continentale de commerce intra-africain (Zlecaf).