Une délégation de la Task Force sur le schéma de Libération des échanges de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est rendue ce lundi 04 novembre 2019 au poste frontalier de Sèmè-Kraké pour s’entretenir avec les différentes parties qui subissent les affres de la fermeture des frontières imposée par les autorités nigérianes.
Joël YANCLO
La Cedeao s’informe des conséquences de la fermeture des frontières du Nigéria avec ses voisins dont le Bénin. Une délégation de la Task Force sur le schéma de Libération des échanges de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) séjourne actuellement au Bénin. La délégation composée de Salou Djibo, ancien président de la République du Niger (chef de la délégation), de Moustapha Gnankambary, secrétaire permanent de la Task Force et de Kenneth Ukaoha, membre de la Task Force a réuni dans la salle de conférence du post-frontalier Sèmè-Kraké toute l’administration qui gère le flux des passagers des véhicules : douane, police et les représentants des camionneurs bloqués ici depuis deux mois et demi ce lundi 04 novembre 2019. Salou Djibo et les membres de sa délégation ont posé des questions précises au receveur de la douane et au commissaire de Kraké. Des questions qui avaient l’air d’une petite enquête pour confirmer ou infirmer tout ce que le Nigeria reproche au Bénin. Plus qu’un avocat, le receveur de la douane a laissé entendre que le Bénin était irréprochable en matière de respect des réglementations. Salou Djibo a écouté, pris des notes. Puis, il a confié à la Radio France internationale (RFI), qu’il allait maintenant faire un rapport et rendre compte à qui de droit. L’impact sur les recettes de cette fermeture n’a pas encore été officiellement chiffré. Le Bénin n’a publié aucun chiffre. Mais le volume des échanges avec le Nigeria est si important que chacun devine le manque à gagner. La douane à Kraké, par exemple, n’a prélevé aucune recette depuis deux mois et demi, alors que les recettes mensuelles avoisinent les 300 millions de francs CFA d’habitude.
Quant aux produits qui viennent du Nigeria et qui sont mis en consommation sur le marché béninois, les prix de ces produits augmentent. Plusieurs camionneurs ont d’ailleurs déclaré au président Salou Djibo que la situation n’était plus tenable et qu’il fallait les sauver. Salou Djibo leur a répondu de faire preuve d’un peu de patience. Depuis le 20 août, le Nigeria, pays membre de la Cédéao qui promeut la libre circulation des personnes et des biens, a décidé de fermer toutes ses frontières, officiellement pour lutter contre l’entrée sur son territoire les voitures d’occasion et des produits interdits comme le riz, l’essence de la contrebande, les voitures d’occasion. Une mesure qui devrait être prolongée jusqu’au 31 janvier 2020 sur décision du chef de l’État nigérian.
La Task Force en bref
Selon un rapport de la Task Force sur les Protocoles sur le schéma de Libération des Echanges de la Cedeao (Sle) et la libre circulation des biens et des personnes remis au président burkinabé en juin 2019, le Bénin est le seul pays à avoir respecté les règles de libre circulation lors des missions inopinées de plaidoyer et de monitoring entreprises par la commission dans l’ensemble des 15 pays membres de la Cedeao. La Task Force a été créée en novembre 2015 sur instruction des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao. Son mandat est d’inciter les Etats membres de la Cedeao à la mise en œuvre effective des Protocoles sur la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace communautaire, notamment par le biais de l’arbitrage et du règlement à l’amiable des litiges entre Etats membres. La Task Force travaille sous la supervision du président du Burkina-Faso désigné par ses pairs pour le suivi de la libre circulation au sein de la Cedeao et la coordination du président de la Commission de la Cedeao.