Les mesures prises le 9 septembre 2022 par l’Inde, le premier exportateur mondial du riz, d’imposer une taxe de 20% sur certaines exportations de riz pourraient faire monter les prix du riz à l’échelle mondiale, a averti Gro Intelligence. Ceci devrait sans doute avoir des répercussions sur les marchés africains, principalement au Nigeria, qui est le premier importateur du riz du continent.
Issa SIKITI DA SILVA
Parmi ces types de riz dont l’exportation a été suspendue se trouve le fameux « broken rice » (riz brisé), qu’on trouve régulièrement sur les marchés africains. Quant au riz blanc et brun, qui représente plus de 60% des exportations indiennes, ils seront assujettis à la nouvelle taxe d’exportation de 20%.
Le riz indien représente plus de 40% des expéditions mondiales acheminées vers plus de 150 pays. L’Inde, qui a récemment dépassé le Royaume-Uni en devenant la sixième puissance économique mondiale, exporte plus de 10 millions de tonnes chaque année (11,79 millions en 2021).
Le Nigéria, dont les importations du riz en 2020 ont atteint la valeur de 19,9 millions USD, importe principalement du riz de l’Inde (5,82 millions USD), de la Thaïlande (4,52 millions USD), de la Birmanie (2,7 millions USD), de la Chine (2,17 millions USD) et des États-Unis (1,63 million USD), selon les données de l’Observatory of Economic Complexity (OEC).
Mais désormais, il ne faudra peut-être plus compter sur les importations indiennes car New Delhi voudrait freiner la flambée des prix sur ses marchés domestiques, tout en garantissant un approvisionnement local adéquat. Cependant, le riz étuvé et le riz basmati sont exclus du nouveau droit d’exportation.
Les prix intérieurs du riz et des produits à base de riz en Inde, qui ont grimpé depuis avril, sont désormais à un niveau record, a indiqué Gro Intelligence, une plateforme digitale du climat et de l’agriculture, dont les bureaux se trouvent à New York et Nairobi.
À l’approche de cette saison de croissance, l’Inde anticipait déjà une baisse de production du riz car un démarrage plus lent que d’habitude de sa saison de mousson avait réduit la superficie plantée du riz. En outre, les niveaux de précipitation ont été faibles dans les deux principaux États producteurs de riz du pays.
Sécurité rizicole
« A cause de cette taxe d’exportation, les expéditions du riz indien deviendront non compétitives sur le marché mondial. Les acheteurs vont solliciter la Thaïlande et le Vietnam », s’est indigné Krishna Rao, président de l’Association des exportateurs indiens du riz, cité par CNBC.
En Asie du Sud, en particulier au Bangladesh, en Inde et au Népal, la sécurité rizicole est synonyme de la sécurité alimentaire. Le riz est un aliment de base, constituant environ 50% de la production céréalière totale et fournissant 30% des besoins caloriques totaux de la population, et cela exige que le prix du marché du riz soit maintenu à un niveau bas, a souligné The Asia Foundation.