L’accès des populations aux produits et services financiers adaptés, à coûts abordables, sera plus accru dans l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Ceci, grâce aux reformes engagées par les responsables de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Abdul Wahab ADO
Assurer, sur un horizon de cinq ans, l’accès et l’utilisation d’une gamme diversifiée de produits et services financiers adaptés et à coûts abordables à 75% de la population adulte de l’Uemoa, avec un accent particulier sur les populations rurales, les femmes et les jeunes ainsi que les PME et les personnes à faible éducation financière. Tel est l’objectif global des réformes économiques de la BCEAO à travers une stratégie mise en place. Dans ce sens, un document est assorti d’un plan d’action, et structuré autour de cinq axes stratégiques et d’un budget de 30 milliards FCFA, dont 2,27 milliards au titre de la contribution financière de la BCEAO. Les différentes signatures d’accord et de convention entre la Confédération Suisse et l’Agence française de développement (AFD) et la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) s’inscrivent dans cette dynamique. En effet, l’inclusion financière est généralement définie comme l’offre de services financiers adaptés aux populations exclues du système financier classique, à des conditions soutenables, à la fois pour les offreurs, légalement reconnus, que pour les bénéficiaires. Dans l’Uemoa, elle est assimilée à « l’accès permanent des populations à une gamme diversifiée de produits et services financiers adaptés, à coûts abordables et utilisés de manière effective, efficace et efficiente ». L’inclusion financière est considérée comme un facteur de développement durable. L’inclusion financière permet de renforcer le dynamisme de l’activité économique, de mobiliser l’épargne publique, d’augmenter les revenus des agents économiques, d’accroître les dépenses sociales (santé, éducation, etc.) et, in fine, de réduire la pauvreté et les inégalités, gage d’un développement durable et soutenu.
La situation de l’inclusion financière
Dans l’Uemoa, l’inclusion financière s’est sensiblement améliorée au cours de ces dernières années, comme l’atteste les indicateurs d’accès, d’utilisation et d’accessibilité-prix. Le taux global de pénétration démographique représente le nombre de points de services financiers pour 10.000 habitants. Entre 2007 et 2017, il est passé de 0,9 à 35,9 points de service. Le taux global de pénétration géographique, pour sa part, mesure le nombre total de points de service financier sur une superficie de 1000 km. Sur la même période, il s’est établi à 70,6 points de service en 2017 contre 1,2 points dix ans plus tôt. Au cours de cette période, les années 2012 à 2014 ont été marquées par un essor fulgurant des services financiers numériques, avec le démarrage, en 2008, des activités de monnaie électronique. Au cours de la décennie, passant de 7,5% en 2007 à 16,9% en 2017 ; du taux de bancarisation élargi (TBE), qui inclut le taux de bancarisation strict auquel s’ajoute les détenteurs de comptes dans les institutions de microfinance. Il a connu une évolution positive de 19,2 points de pourcentage, passant de 16,6% en 2007 à 35,8% en 2017 ; du taux global d’utilisation des services financiers (TGUSF) ou taux d’inclusion financière, qui intègre les titulaires de comptes auprès des EME. Il est ressorti à 55,0% en 2017 contre 16,6% dix ans plus tôt, affichant une évolution de 38,4 points de pourcentage. Les coûts des services financiers sont mesurés dans l’Union par le taux d’intérêt des dépôts effectués au niveau des banques et le taux d’intérêt des crédits octroyés par ces dernières. Le taux d’intérêt débiteur, qui représente le coût du crédit, est passé de 5,3% en 2007 à 6,0% en 2017, révélant une légère hausse du loyer de l’argent.
Quelques défis pour booster l’inclusion financière
Outre les avancées enregistrées en matière d’accès aux services financiers. Parmi ceux-ci, figure la nécessité d’accorder un accent particulier à ; l’adaptation continue du cadre réglementaire ; l’assainissement et la consolidation du secteur de la microfinance ; l’extension du réseau de distribution et de paiement via la téléphonie mobile ; la diversification des produits financiers offerts par les banques, les SFD, les sociétés d’assurance et les services postaux ainsi que et l’implication du secteur public dans le développement des services financiers mobiles.
Les axes stratégiques de l’inclusion dans l’espace
La vision des autorités de l’Union en matière d’inclusion financière est d’offrir un accès permanent aux services financiers et une utilisation effective, etc. Dans ce sens, cinq axes stratégiques ci-après ont été identifiés comme moyens pour atteindre l’objectif global de la stratégie régionale : promouvoir un cadre légal, réglementaire et une supervision efficaces ;assainir et renforcer le secteur de la microfinance ; promouvoir les innovations favorables à l’inclusion financière des populations exclues (jeunes, femmes, PME, populations rurales et à faible éducation financière, etc) ; renforcer l’éducation financière et la protection du client de services financiers et en fin, mettre en place un cadre fiscal et des politiques favorables à l’inclusion financière.