L’épuisement professionnel et le surmenage, deux facteurs dangereux identifiés par l’Organisation internationale du travail (OIT) comme des maux qui tuent 2,8 millions de décès dans le monde chaque année, ne sont pas à prendre à la légère. Les experts s’inquiètent et appellent les employeurs à réagir.
Issa SIKITI DA SILVA
« Nous devons considérer ce problème comme une crise. A ce stade, nous sommes dans une endémie. Il est grand temps de penser à établir des méthodes de travail flexibles. Dix à 12 heures de visioconférence, ce n’est pas soutenable », a martelé Jennifer Moss, experte du bien-être au travail et contributrice à la Harvard Business Review, lors d’une interview accordée à Lucia Rahilly, directrice mondiale de McKinsey Global Publishing.
« Ça fait mal au cœur d’entendre les entreprises faire de grandes déclarations comme, je cite ‘nous avons donné une semaine de congé à nos employés parce qu’ils sont épuisés.’ Il y a tellement d’ironie là-dedans. Vous les avez épuisés, alors vous leur donnez une semaine de congé, mais avez-vous allégé la quantité de travail pour qu’à leur retour, ils ne s’occupent pas du fardeau qu’ils ont créé ? », s’est interrogée Jennifer Moss.
A en croire cette éminente chercheuse américaine et auteure du livre intitulé en anglais « The Burnout Epidemic: The Rise of Chronic Stress and How We Can Fix It », la première chose que les employeurs devraient faire est de se poser la question de savoir ce que pense le personnel de la fête de fin d’année, alors qu’ils travaillent 70 heures par semaine. Le simple fait de pouvoir parler de santé mentale au travail est un grand avantage ».
Catastrophe
Le chiffre de 2,8 millions de décès dans le monde chaque année à cause du surmenage est catastrophique, s’est indignée Jennifer Moss dans des propos publiés sur le site de Thinkers50.
« Lorsqu’on comprendra qu’il y a des impacts réels et graves, alors c’est à ce moment qu’on va commencer à apporter des changements. Je crois que les deux dernières années ont vraiment montré à quel point l’épuisement professionnel peut être grave », a-t-elle indiqué.
« Je considère la prévention de l’épuisement professionnel comme faisant partie d’un écosystème ; toutes les pièces doivent fonctionner ensemble. Avant de pouvoir éradiquer l’épuisement professionnel, nous devons mettre en place, au niveau organisationnel, des systèmes et des politiques qui ne sont pas tellement axés sur les soins personnels – technologie de bien-être, abonnements subventionnés à des salles de sport, yoga, respiration – mais davantage axés sur les causes profondes », explique Jennifer Moss, ajoutant que les introvertis sont plus à risque d’épuisement professionnel.