En Afrique, le temps presse pour les gouvernements de faire en sorte que les 600 millions d’habitants qui n’ont pas accès à l’électricité puissent enfin voir la lumière au bout du tunnel, avant le coup de sifflet final des Objectifs de développement durable (ODD) en 2030.
Issa SIKITI DA SILVA
Plus de 60 ans après l’aurore du premier soleil des indépendances, bon nombre de quartiers, de villages, de villes du continent, y compris des écoles et des bureaux, restent toujours plongés dans l’obscurité à cause du manque d’électricité.
Et pour ceux qui ont la chance d’en avoir accès, ils ne cessent de se plaindre des coupures fréquentes et des délestages macabres qui les empêchent de vaquer effectivement à leurs occupations et vivre à l’aise et mener une vie de dignité.
Et pourtant, selon ONE, l’électricité est un vecteur de création de nouveaux marchés, d’entreprises et d’emplois, lesquels offrent plus de possibilités aux individus de gagner quelque chose afin de sortir leurs familles de la pauvreté.
ONE est un mouvement mondial qui fait campagne pour mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030.
En Afrique de l’Ouest, 42% de la population totale et 8% seulement pour la population rurale ont accès à l’électricité, des taux d’accès qui sont parmi les plus faibles du monde, selon la Banque mondiale.
Le manque d’électricité affecte surtout les débrouillards (propriétaires des salons de coiffure, des garages et des maquis à ciel ouvert, des cyber-cafés et bureautiques, des ateliers de vulcanisation et des vendeurs des marchés, entre autres,) qui n’ont pas suffisamment des moyens pour s’équiper.
Et pourtant c’est ce secteur informel, tant négligé et marginalisé par les autorités, qui est le principal pourvoyeur d’emplois, regroupant entre 65% et 80% de l’emploi urbain, selon les chiffres de l’OECD.
Manque de volonté politique
Si les gouvernements se plaignent du manque de grands moyens pour développer les infrastructures électriques et investir suffisamment dans ce secteur, certains experts sont catégoriques : la volonté politique compte aussi énormément.
« La Chine, qui a lancé dès le milieu des années 80 un programme d’électrification, compte présentement 98% de personnes raccordées au réseau. Un taux non atteint même par les pays les plus riches du continent africain, comme l’Afrique du Sud », martèle Science Actualités.
Et pourtant à l’époque, la Chine n’avait pas la capacité financière dont elle dispose aujourd’hui.
« Le rattrapage chinois n’a pas été un long fleuve tranquille et les grandes orientations politiques fixées par les dirigeants communistes ont connu des changements majeurs qu’il faut garder en mémoire. La Chine de Xi Jinping n’est ni celle de Mao ni celle de Deng Xiaoping », souligne Hubert Testard, spécialiste de l’Asie et des enjeux économiques internationaux, dans une tribune publiée dans Asialyst.
En 1980, alors que les dirigeants chinois se lançaient dans des programmes de développement en vue de combattre la pauvreté et positionner leur nation au-devant de la scène socio-économique internationale 40 ans plus tard, bon nombre de dirigeants africains sombraient dans le rêve de devenir des demi-dieux et des présidents à vie.
Et depuis lors, le culte de la personnalité, la pérennisation du pouvoir et le désir d’écarter les potentiels adversaires ont supplanté la soif de développer le pays.
Pendant que les Africains attendent toujours d’avoir accès à une énergie fiable, moins chère et durable, l’ONU prépare son tribunal des ODD, où les états devront rendre compte de ce qu’ils ont fait durant 15 ans.