« Ces activités nous permettent d’impacter une large proportion de la population »
Stratégie nationale d’inclusion financière au Bénin
Les impacts d’une boussole à l’horizon 2027, selon SIF-Groupe
Entretien avec Armel Allavo, Gérant de SIF-Groupe
« Favoriser en 2024, l’accès à une éducation financière de base… »
La Société d’inclusion financière, SIF-Groupe est l’un des pionniers en matière d’éducation financière au Bénin. Depuis plusieurs années, elle mène une série d’activités pour l’éveil des populations à l’intelligence financière et au développement d’une meilleure relation avec les finances. C’est encore le cas en 2023 où la SIF-Groupe s’est investie. Avec le Gérant, Armel Allavo, nous passons en revue le bilan 2023 de la société et l’impact sur les populations, ses perspectives. L’adoption de la stratégie nationale d’inclusion financière à laquelle SIF-Groupe est partie prenante a été également abordée. Avec Armel Allavo, on était à bâton rompu…
SIF-Groupe se dévoue depuis quelques années au service de l’inclusion et l’éducation financières au Bénin. Quel bilan pouvez-vous faire de vos actions et initiatives ?
Déjà, je vous remercie, vous, hommes du 4ième pouvoir, qui faites beaucoup pour vulgariser, depuis plusieurs années maintenant, les activités qui font la promotion de l’éducation et de l’inclusion financières dans notre pays.
Comme vous le savez, à SIF-Groupe, notre slogan est : « Travaillons à notre mieux-être ». Dans cette dynamique, notre vision est de favoriser l’accès et l’utilisation responsable des services financiers aux populations exclues de l’Afrique en général et celles du Bénin en particulier. Ainsi, nous avons initié et/ou mis en œuvre des activités qui nous permettent de nous rapprocher de cet idéal. Nos actions de façon générale visent aussi bien les jeunes, les femmes que les adultes et surtout les populations rurales, même nos enfants dans les écoles sont visés. Entre autres activités, nous avons la Semaine Mondiale de l’Argent (SMA) qui est un rendez-vous annuel d’échanges privilégiés avec les enfants et les plus jeunes (écoliers, élèves, étudiants, apprenants du milieu non formel, etc…) pour leur apprendre ce que c’est que l’argent, la relation qu’ils doivent entretenir avec lui ; comment le chercher décemment et comment cela peut leur permettre de réaliser leurs rêves pour une vie plus épanouie. L’édition de cette année 2023 avait pour thème : « planifie ton argent, plante ton argent ». Le Salon National de l’Orientation Professionnelle et de l’Inclusion Financière (SaNOPIF) qui est le rendez-vous annuel avec les jeunes nouveaux bacheliers, étudiants et demandeurs d’emploi, aborde la problématique de l’insertion professionnelle des jeunes à travers les métiers de l’économie numérique, s’intéresse fortement à la question de l’éducation et de l’inclusion financières numériques des jeunes. Il met l’accent sur l’importance d’avoir un compte bancaire pour profiter des services financiers et se projeter dans l’avenir. Quant à la Journée Mondiale de l’Epargne (JME), elle nous donne la possibilité de rencontrer la population de façon générale et en particulier les femmes et les groupements professionnels ainsi que les exploitants agricoles et les jeunes pour leur parler d’éducation financière en mettant l’accent sur l’épargne formelle avec de plus en plus une orientation vers les innovations technologiques disponibles. En 2023, nous avons célébré la 6ième édition sous le thème : « L’épargne : pierre angulaire de l’inclusion financière ». Que dire du projet d’autonomisation des adolescents et adolescentes grâce aux compétences de vie et à l’éducation financière (NPL) que nous exécutons avec AFLATOUN INTERNATIONAL. Financé par la Loterie Nationale des Pays-Bas, cette initiative nous a permis depuis plus de deux ans d’être au contact des jeunes dans les collèges et ateliers de formation et ce de façon permanente pour une formation complète en éducation financière et en entrepreneuriat. L’une des composantes phares de ce projet est l’intégration de l’éducation financière dans les programmes nationaux au niveau de l’enseignement secondaire, technique et la formation professionnelle. Toutes ces activités nous permettent d’impacter une large proportion de la population et par la même occasion les institutions financières qui nous accompagnent dans nos interventions.
Quels ont été les réels impacts de vos actions en 2023 ?
En 2023, c’est plus de 9000 jeunes et plus jeunes impactés sur une semaine d’activité dans 57 collègues et complexes avec la SMA. Plus de 1000 jeunes, Nouveau bacheliers et étudiants touchés à travers le SaNOPIF. La célébration de la JME dans 30 communes du Bénin a favorisé la rencontre avec plus de 11200 personnes à travers le pays. L’autre bonne nouvelle est l’implication effective de plus 20 Maires de nos communes. Ils comprennent aujourd’hui les enjeux et surtout leur rôle pour réussir l’inclusion financière en s’appuyant sur l’axe de l’assainissement du secteur de la microfinance. Le projet NPL nous a mis en contact avec environ 3000 adolescents et adolescentes dans six communes. Enfin, notre présence sur les réseaux sociaux qui génère des millions d’interactions venant de partout, crée des discussions à plusieurs niveaux avec les internautes. Ces résultats nous confortent dans notre position et nous motive à faire davantage.
Le Bénin a entamé récemment le projet d’élaboration et d’adoption d’une stratégie nationale d’inclusion financière. Vous l’aviez souhaité il y a quelques années pour intégrer la dynamique sous-régionale. Quelles sont vos impressions sur ce qui se fait dans ce sens et quelle part prend SIF-Groupe dans ce projet ?
La stratégie nationale d’inclusion financière est un document de grande importance pour tout pays qui aspire à un développement socio-économique stable. Il y a quelques mois, nous avons reçu avec beaucoup de plaisir, l’invitation du gouvernement qui nous a associé à plusieurs ateliers d’affinement de cette stratégie. Nous y avons participé et avons contribué autant que nous pouvions, et, c’est avec grande satisfaction que nous avons appris l’adoption, en conseil des Ministres, après une validation en atelier par les acteurs de l’écosystème, de la stratégie nationale d’inclusion financière. Nous nous réjouissons de la clairvoyance du gouvernement béninois qui a compris l’importance de doter le pays d’un outil de si grande importance. Je dirai que le Bénin a désormais une bible de l’inclusion financière et vous comprenez un peu ce que je veux dire…
Est-ce qu’on peut avoir une idée des impacts qu’induira cette stratégie ?
La stratégie nationale d’inclusion financière, comme j’avais commencé par le dire est un document de politique de promotion de l’inclusion financière. Dans notre contexte, elle prévoit, à l’horizon 2027, d’atteindre 85% de nos populations. Ainsi, elle est déclinée en 3 orientations stratégiques réparties en 8 axes stratégiques et 14 actions prioritaires. A court, moyen et long terme, nous devons nous attendre aux effets & impacts suivants : 85% de la population adulte détient un compte dans les banques, les services postaux, la CNE, le trésor public, et les institutions de microfinance ou sont titulaires de comptes de monnaie électronique ; L’écosystème financier béninois est doté de cadres institutionnel, légal et réglementaire intégrant les technologies nouvelles ; d’un secrétariat permanent et d’un dispositif de reporting ; Une gamme diversifiée de produits et services financiers adaptés aux besoins des populations notamment les couches vulnérables est disponible et accessible ; Le secteur de la microfinance est financièrement soutenu pour le financement des MPME, PME-PMI ; Des produits d’assurance agricole sont développés ; Des plateformes de finance digitale sont développées et des réseaux d’infrastructures financières comme l’interopérabilité sont étendus ; L’éducation financière et digitale des populations et la protection des clients sont promues ; La promotion de l’éducation financière et digitale dans les systèmes académiques et non formels est effective.
Vous êtes l’un des deux délégués sous-régionaux pour l’Afrique de l’Ouest et la Guinée Conakry élu récemment pour le compte de Aflatoun international dont vous êtes au Bénin le bras exécutif. Dites-nous, en quoi consistera votre mission et que pourrait espérer gagner la région que vous représentez et particulièrement le Bénin de votre mandature ?
D’abord c’est un honneur pour moi d’avoir été désigné par les membres du réseau AFLATOUN INTERNATIONAL de l’Afrique de l’Ouest francophone comme personne pouvant porter la charge de la représentation d’une telle organisation qui est aujourd’hui le numéro 1 mondial en éducation sociale et financière. Dans notre sous-région, il est un acteur important qui travaille à l’éducation financière des populations de l’enfance à l’âge adulte. Cette élection fait suite à mon engagement et surtout mes actions en faveur de l’inclusion et l’éducation financières des populations à la tête de SIF Groupe et de façon personnelle. Ainsi donc, je continuerai à travailler davantage pour la promotion de l’éducation financière auprès de toutes les couches de la population et ce dans tous les pays qui sont sous ma supervision. Mais au-delà, comme l’indique mon cahier de charges, je travaillerai à renforcer le sentiment d’appartenance au réseau Aflatoun en Afrique de l’Ouest Francophone. Je renforcerai la visibilité des activités de terrain des partenaires et la représentation institutionnelle d’Aflatoun International. Enfin, je travaillerai à faciliter la collaboration entre AFLATOUN international et les institutions étatiques des différents pays sous ma coupole afin que l’éducation financière devienne, dans une approche bien coordonnée, la chose du monde la mieux partagée et ainsi intégrer les systèmes éducatif et non formel comme c’est déjà porté par la BCEAO.
On est à la veille d’une nouvelle année. Vous avez sûrement des projections et ambitions ou priorités pour l’année 2024, parlez-nous en…
Bien sûr. Comme vous l’avez déjà mentionné, nous avons de grands projets pour l’année 2024. C’est aussi l’année de mise en œuvre de manière plus approfondie des orientations de la stratégie nationale d’inclusion financière. Ainsi, nous comptons travailler à améliorer l’impact des activités et actions que nous menons déjà avec un regard spécial sur le numérique et la formation des jeunes. Dans tous les cas, de nouveaux projets et activités seront déployés, allant de la formation à la sensibilisation autant des populations que des institutions financières. Tout sera fait pour le bonheur de nos populations en termes de service financier. Nous comptons ainsi favoriser en 2024 l’accès à une éducation financière de base à la population, mais aussi assister les institutions financières dans la mise en place de produits et services de qualité répondant aux besoins diversifiés et évolutifs de la population en général et des couches les plus vulnérables en particulier.
Vous avez d’autres préoccupations ? Si non, votre mot de la fin
Pour finir, je voudrais remercier le quotidien « L’économiste » pour l’occasion qu’il m’offre pour parler d’un sujet qui en plus d’être une préoccupation nationale constitue une passion pour moi. Je remercie par la même occasion le gouvernement pour avoir travaillé à doter le pays d’une stratégie nationale d’inclusion financière et surtout pour son soutien aux initiatives promouvant l’éducation et l’inclusion financières dans notre pays. Je voudrais espérer que, comme d’autres pays de la sous-région, nous élaborions les mois à venir notre programme national d’éducation financière qui viendra réorganiser un peu les actions pour garantir la réussite de l’inclusion financière dans notre pays. Je remercie aussi l’organisation non gouvernementale AFLATOUN international pour la confiance placée en ma personne, sans oublier mes collaborateurs de SIF Groupe, nos partenaires techniques et financiers de tous les temps et tous ceux qui nous soutiennent dans nos activités. À tous ceux-là, je dis un sincère merci et je souhaite à nous tous de passer de très bons moments de fête…
Réalisation : Bidossessi WANOU