Les dés sont sur le point d’être jetés pour l’économie mondiale qui pendant un certain temps souffre, entre autres, de l’épreuve de force entre les USA et la Chine, et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les économistes lancent un cri d’alarme face à la fragmentation géoéconomique qui annonce la couleur.
Issa SIKITI DA SILVA
Selon Pierre-Olivier Gourinchas, conseiller économique et directeur des études du Fonds monétaire international (FMI), la guerre a accru le risque d’une fragmentation plus durable de l’économie mondiale en blocs géopolitiques s’appuyant sur des normes technologiques, des monnaies de réserve et des systèmes de paiements internationaux distincts.
« Nous avons le choix : céder aux forces de la fragmentation géoéconomique qui rendront notre monde plus pauvre et plus dangereux. Ou refaçonner notre façon de coopérer, pour progresser dans la résolution des défis collectifs », ont exhorté Kristalina Georgieva, Gita Gopinath et Ceyla Pazarbasioglu dans une tribune publiée cette semaine sur le site du FMI.
Kristalina Georgieva est la DG du FMI, tandis que Gita Gopinath est la première DGA du FMI. Ceyla Pazarbasioglu est directrice du Département de la stratégie et des politiques du FMI.
Pour rétablir la confiance dans le fait que le système mondial fondé sur des règles peut bien fonctionner pour tous les pays, elles suggèrent que le monde commence à se concentrer sur les questions urgentes où les progrès bénéficieront clairement à tous.
Renforcement du commerce
Ces trois femmes économistes recommandent d’abord le renforcement du commerce pour accroître la résilience, une stratégie qui comprend l’éradication des barrières commerciales en vue d’atténuer les pénuries et faire baisser les prix des aliments et d’autres produits.
« Non seulement les pays, mais aussi les entreprises doivent diversifier leurs importations pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement et préserver les énormes avantages de l’intégration mondiale pour les entreprises », ont souligné Kristalina Georgieva, Gita Gopinath et Ceyla Pazarbasioglu.
Bien que des considérations géostratégiques guident certaines décisions d’approvisionnement, elles ont fait savoir que cela ne devait pas nécessairement conduire à une désintégration.
Les chefs d’entreprise ont donc un rôle important à jouer à cet égard.
Selon une nouvelle étude du FMI, la diversification pourrait réduire de moitié les pertes de Produit intérieur brut (PIB) potentielles dues aux ruptures d’approvisionnement. En outre, la diversification des exportations pourrait également accroître la résilience économique.
Deuxièmement, intensifier les efforts conjoints pour faire face à la dette. « Avec environ 60 % des pays à faible revenu fortement vulnérables à la dette, certains auront besoin d’une restructuration de la dette. Sans une coopération décisive pour alléger leurs charges, eux et leurs créanciers seront moins bien lotis. Mais un retour à la soutenabilité de la dette attirera de nouveaux investissements et stimulera une croissance inclusive », ont-elles indiqué.
Troisièmement, le FMI appelle à la modernisation les paiements transfrontaliers, et enfin à affronter le changement climatique, lequel constitue un défi existentiel qui plane au-dessus de tout.
La fragmentation géoéconomique entraînerait des pertes d’efficience à long terme, accroîtrait la volatilité et serait source de graves difficultés pour le cadre fondé sur des règles qui ont régi les relations internationales et économiques au cours des 75 dernières années, a renchéri Pierre-Olivier Gourinchas.